Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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lundi 10 février 2014

I Was a Communist for the FBI - Gordon Douglas (1951)

Ce film raconte l'histoire de Matt Cvetic, un agent du FBI d'origine slovène chargé d'infiltrer la branche locale du parti communiste américain à Pittsburgh en Pennsylvanie, au cours des années 1940, afin de surveiller toutes leurs activités, notamment celles qui auraient pour but de détruire la démocratie.

I Was a Communist for the FBI est en quelque sorte le tribut de la Warner à l'HUAC (House Un-American Activities Committee) avec un pur film de propagande dénonçant la menace communiste sur un ton alarmiste et paranoïaque. Le récit s'inspire du vrai destin de Matt Cvetic, agent du FBI infiltré au sein de de la branche communique de Pittsburgh durant les années 40 et qui las de cette existence révéla publiquement sa nature d'informateur. Le film est un objet très singulier, véritable portrait de la folie anti rouge animant l'Amérique des années 50, diabolisant les communistes comme des manipulateurs malfaisant mais à côté de cela constituant un véritable précis documentaire sur la manipulation des masses et un thriller assez redoutable.

On découvrira ainsi un héros (Frank Lovejoy) véritablement mis au banc de sa famille et de son entourage par son appartenance au parti communiste. Un rejet se manifestant par une invective ordinaire et un mépris au quotidien qui affecte un Cvetic néanmoins inébranlable dans sa croisade. Le Parti s'avère en effet un lieu oppressant où règne la suspicion, l'idéologie soumise et aveugle fustigeant quiconque ayant une opinion divergente. Cvetic doit donc se montrer un des plus virulents pour donner le change car constamment espionné, Gordon Douglas parvenant à instaurer un climat paranoïaque qu'exagérera à peine par son postulat SF L'Invasion des profanateurs de Sépultures (1955) de Don Siegel. Chaque collègues, rencontres amicales est un possible camarade communiste vous scrutant et prêt à vous dénoncer, le parti multipliant les actions invisibles pour placer ses pions tel cet accident d'usine où un ouvrier non membre du parti est estropié par une machine sabotée pour placer un camarade à son poste.

Le portrait se fera encore plus glaçant à travers les méthodes de manipulations qui réveillent le courroux des minorités ethniques et sociales afin de monter les américains les uns contre les autres et semer le chaos en Amérique. Si le film en rajoute dans la diabolisation et le cynisme des pontes du parti, la source réaliste du récit donne une portée véridique et inquiétante à l'ensemble, certaines méthodes et projets fous se retrouvant par la suite dans des récits d'espionnages contemporains revenant sur cette époque comme le livre La Compagnie de Robert Littell.

Sous tous ces aspects, le film soutient une tension de tous les instants grâce à la mise en scène remarquable de Gordon Douglas. Le sentiment étouffant et oppressant ne se dément pas du début à la fin et lorsque le tout s'emballe cela donne une mémorable scène d'action où Cvetic affronte deux sbires communiste pour sauver une institutrice (Dorothy Hart) détournée du communisme. Course-poursuite, découpage au cordeau et violence décomplexée (balle en pleine tête, policier tué avec une brutalité choquante) rythment avec une redoutable efficacité ce qui est le meilleur moment du film.

Les aspects les plus troubles (le FBI toujours bienveillant et prêt à aider son agent) sont édulcorés au profit du drame humain de Cvetic qui fonctionne bien grâce au jeu nerveux et habité de Frank Lovejoy. C'est un même sentiment mitigé qui nous anime lors de la conclusion où l'on est soulagé de voir le héros réhabilité et faire tomber les méchants mais où tout de même les bons sentiments sont trop forcés pour être honnête. La dernière image sur fond d'hymne américain n'est ainsi rien d'autre qu'une statue d'Abraham Lincoln.

Sorti en dvd zone 2 français chez Warner

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