Lors de sa campagne électorale, un
homme politique prend peur à l'annonce d'un tueur évadé qui en veut à sa
personne. Il engage un sosie, acteur raté, qui n'est autre que son
cousin.
La Gueule de l'autre est le troisième film de Pierre Tchernia après les cultissime Le Viager (1971) et Les Gaspards
(1974). Il perd sur ce nouveau film un partenaire majeur de ses
premières réussites à savoir René Goscinny dont la fantaisie et les
idées loufoques manquent un peu ici. L'esprit caustique de Tchernia est
par contre intact avec cette histoire mettant joyeusement en boite les
mœurs et la corruption politique. Michel Serrault (acteur fétiche de
Tchernia) tiens ici le double rôle de Martial Perrin, chef politique en
vue et engagé dans une élection imminente et celui de son cousin Gilbert
Brossard, acteur raté et sosie ayant toujours vécu dans son ombre.
Egocentrique, arrogant et détestable dans la peau du politicien aux
dents longues, Serrault retrouve tout l'esprit lunaire et la drôlerie du
vieillard du Viager lorsqu'il
incarne le maladroit Gilbert Brossard et Tchernia reprend d'ailleurs ici
ce même thème du naïf faisant la nique aux esprits malavisés qui
l'entoure par sa seule innocence.
L'inévitable échange
interviendra lorsque Perrin fuyant un tueur lié à un passé louche
l'ayant vu s'enrichir à Djibouti envoie son cousin en représentation à
sa place pour faire une cible idéale. Le scénario de Jean Poiret évite
le piège trop facile de la fable à la Capra où le politicien d'opérette
se découvrirait une vocation humaniste (le seul moment allant dans ce
sens étant une hilarante séquence de débat télévisé où Broussard
ridiculise son adversaire par sa seule connaissance des prix de produits
au supermarché) et préfère promener son héros ahuri dans une corruption
ambiante savoureuse.
Serrault se délecte à révéler la lâcheté ordinaire
de Perrin (se cachant du sniper potentiel derrière ses militants en
plein meeting) et le récit est truffé de moment montrant un envers moins
lisse et respectable jusque dans le quotidien ordinaire des pontes avec
notamment une Andréa Parisy en épouse bourgeoise adepte du SM.
Les
quiproquos et interversion sont nombreux et inventifs, quelques gags
absolument irrésistible (Broussard mimant un discours préenregistré) et
les seconds rôles venus faire une apparition clin d'œil multiples
(Dominique Lavanant, Michel Blanc, Roger Carel...) mais il manque tout
de même le sens du rythme et le petit grain de folie qui faisait le
charme des premiers films et les rendaient intemporels. Là on est plus
dans une tradition franchouillarde (les précédents jonglant entre cette facette et un côté plus universels) bien menée (Poiret en plus du
scénario est excellent en conseiller plein de ressources) que rehaussée
par Pierre Tchernia et Michel Serrault. Sympathique tout de même.
Sorti en dvd zone 2 français chez Studio Canal
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