En attendant le verdict du jury 
dans son procès pour meurtre, Mary Martin (Loretta Young) se remémore 
par flash-back son passé et les évènements l’ayant mené jusqu’ici. 
Luttant contre la pauvreté dans son adolescence et condamnée à tort pour
 vol à l’étalage, elle envoyée dans une maison de correction. A sa 
sortie, elle commence à fréquenter des gangsters, devenant maîtresse et 
complice de Leo.  Puis, une nuit, lors de la préparation d’un 
cambriolage dans une maison de jeu faisant aussi office de bordel, Mary 
rencontre Tom Mannering. Cet avocat descendant d'une famille riche et 
prestigieuse tombe instantanément amoureux d’elle et l'aide à échapper à
 la police.
Midnight Mary
 est un mélodrame en forme de destinée tragique d'une fille perdue comme
 Wellman a pu en dépeindre tant dans ses Pré-Codes de l'époque comme
 Frisco Jenny (1932) ou 
Safe in Hell (1931). Le film s'ouvre sur une cour de tribunal où l'avocat de 
l'accusation fait le portrait peu reluisant de Mary Martin (Loretta 
Young), accusée de meurtre. L'intéressée ne semble en avoir cure, lisant
 indifféremment un magazine pendant la plaidoirie et la cause semble 
entendue parmi les jurés parti délibérer. Poursuivant ce détachement et 
en attendant le verdict, Mary se souvient des évènements qui l'ont 
conduit jusque-là. Le récit dessine une fatalité inéluctable dans la 
manière dont doit forcément mal tourner Mary, privée de tout dès 
l'enfance où elle perd sa mère accusée à tort d'un vol qui la conduit en
 maison de correction.

 
Le visage doux et angélique de Loretta Young fait
 passer sans peine l'idée discutable qu'elle subit constamment les 
évènements, ne rendant que plus brutal chaque étape de sa déchéance 
notamment la première rencontre fatidique avec le gangster Leo Darcy 
(Ricardo Cortez) où un fondu au noir laisse deviner un viol. Pourtant 
tout semble la ramener vers cette mauvaise compagnie, Darcy ne la 
forçant jamais car persuadé que l'hostilité du monde extérieur la fera 
forcément revenir.
Wellman fait bien sûr planer les fantômes de la 
Grande Dépression dans le parcours de Mary, à l'image de cette scène où 
elle erre affamée et sans le sous, les néons des enseignes se 
transformant pour lui rappeler tous les emplois pour lesquels elle a été
 repoussée. La vie honnête semble semée d'embûche et laborieuse alors 
que le mauvais chemin semble si accessible et plaisant et c'est à ce 
moment-là que Mary abandonne.
Le salut pourrait venir du riche et
 oisif playboy Tom Mannering (Franchot Tone) tombé amoureux d'elle et 
qui trouve un remède à sa propre frivolité en offrant une vie décente à 
Mary. La trame est un peu trop cousue de fil blanc dans son déroulement 
mais Wellman parvient à susciter l'émotion par la prestation habitée de 
Loretta Young particulièrement touchante en figure sacrificielle 
notamment cette scène où elle rejette Franchot Tone pour lui éviter les 
ennuis lorsqu'un policier la reconnaît, ou encore lorsqu'elle apprend 
par le journal les noces de Manning.
Elle transcende ainsi les 
situations attendues et les personnages un peu clichés (Ricardo Cortez 
en gangster macho) pour filer vers un final qui arrive tout compte à 
surprendre par sa tournure positive inattendue.
Sorti en dvd zone 2 français dans la collection Trésors Warner 
 
C'est cocasse, ce rôle donné à Loretta Young, quand on sait qu'elle était une fervente catholique, connue pour sa pruderie, son penchant pour la repentance et son côté Sainte-Loretta-de- Los- Angeles.
RépondreSupprimerCe qui ne l'empêchait pas d'être une radieuse comédienne, bien au contraire.
Ah mais même là en fille perdue elle garde son côté sainte immaculée et constamment victime des évènements dans sa descente aux enfers. Wellman semble s'être adaptée à la personnalité de son actrice car dans d'autres Pré Code des Barbara Stanwyck ou Joan Blondell sont nettement plus dure à cuire dans ce type de rôle.
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