Un petit garçon
découvre qu'il possède des pouvoirs surnaturels et qu'il n'est pas né sur la
Terre. Plus tard, il s'engage dans un périple afin de comprendre d'où il vient
et pourquoi il a été envoyé sur notre planète. Mais il devra devenir un héros
s'il veut sauver le monde de la destruction totale et incarner l'espoir pour
toute l'humanité… Superman va devoir affronter deux autres survivants de la
planète Krypton, le redoutable Général Zod, et Faora, son partenaire.
Superman (1978) de
Richard Donner avait représenté la première grande et ambitieuse adaptation de
comics de super-héros. Le film avait trouvé l’interprète idéal avec Christopher
Reeves, les valeurs positives du personnage étaient totalement respectées et
Richard Donner avait réussi à capturer la dimension mythologique mais aussi la
proximité et la nature d’exemple/modèle associée à Superman avec son imagerie
americana et ses péripéties spectaculaire. Le film allait représenter pour
toutes les transpositions futures le canon de ce que devait être l’adaptation
parfaite (le premier Spider-Man
(2002) de Sam Raimi est entièrement calqué sur sa structure notamment) mais
serait également un modèle indépassable pour toutes les futures visions du
personnage. Des bisbilles de production allait faire évincer Richard Donner de Superman II (1980) pour un résultat
dispensable signé Richard Lester (Donner n’aurait sa revanche que bien plus
tard avec director’s cut plus conforme à sa vision puisqu’il avait en grande
partie tourné la suite avant l’arrivée de Lester qui élimina sa contribution) qui
ferait pourtant bien pire avec le ridicule Superman
III (1983), la saga se concluant avec le nanar Superman 4 (1987).
Durant les années suivantes Batman (1989) et Batman Returns (1992) de Tim Burton ferait oublier l’Homme d’acier qui trouverait refuge à la télévision pour les visions moyennement palpitantes de Loïs et Clark et Smallville. Superman Lives constituerait un retour manqué au cinéma, le projet de Tim Burton destiné à sortir en 1998 étant finalement gelé par la Warner car trop couteux. Superman Returns (2006) de Bryan Singer ramènerait enfin le personnage en salle mais en dépit de belles images ce ne serait qu’une suite/variation du film de Richard Donner dans une déférence ennuyeuse et stérile. Warner décide donc de faire table rase de cet opus et de reprendre la franchise à zéro en en confiant les rênes à Christopher Nolan qui sut si bien ressusciter Batman avec Batman Begins (2005) et surtout The Dark Knight (2008). Simplement au scénario (avec David S. Goyer) et la production, Nolan fera appel à Zack Snyder, responsable des spectaculaires et ambitieuses adaptations des comics 300 (2006) et Watchmen (2009) pour réaliser la refonte que sera Man of Steel.
Durant les années suivantes Batman (1989) et Batman Returns (1992) de Tim Burton ferait oublier l’Homme d’acier qui trouverait refuge à la télévision pour les visions moyennement palpitantes de Loïs et Clark et Smallville. Superman Lives constituerait un retour manqué au cinéma, le projet de Tim Burton destiné à sortir en 1998 étant finalement gelé par la Warner car trop couteux. Superman Returns (2006) de Bryan Singer ramènerait enfin le personnage en salle mais en dépit de belles images ce ne serait qu’une suite/variation du film de Richard Donner dans une déférence ennuyeuse et stérile. Warner décide donc de faire table rase de cet opus et de reprendre la franchise à zéro en en confiant les rênes à Christopher Nolan qui sut si bien ressusciter Batman avec Batman Begins (2005) et surtout The Dark Knight (2008). Simplement au scénario (avec David S. Goyer) et la production, Nolan fera appel à Zack Snyder, responsable des spectaculaires et ambitieuses adaptations des comics 300 (2006) et Watchmen (2009) pour réaliser la refonte que sera Man of Steel.
Le film sera donc un détonant mélange des styles Nolan et
Snyder. Le cheminement spirituel de Superman, la construction en flashback de la
première partie rappelant Batman Begins
et le sérieux papal de l’ensemble évoque forcément Nolan mais le spectaculaire
démesuré et finalement les thèmes du film lorgnent bien plus du côté de Snyder.
Après le déroutant Sucker Punch
(2011), Zack Snyder avait atteint un point de non-retour dans son esthétique
tapageuse et avait promis de se réinventer avec son film suivant, cela
participant à la rénovation profonde du mythe de Superman dans ce Man of Steel qui bouscule les acquis du
personnage.
Tout le film tourne autour du statut d’étranger, d’être
différent de Clark Kent/Superman qui cherchera sa place dans un monde où ses
pouvoirs le mettent à part. Dès la spectaculaire ouverture sur la planète Krypton,
le thème est posé. Les kryptoniens par leur volonté de contrôle excessif ont
épuisé les ressources de leur planète qui se meurt et ont vu leur race décliner
à cause de leur société pratiquant l’eugénisme génétique où chaque être est
prédisposé à une fonction. Jor-El (Russell Crowe) comprenant que Krypton est
perdue met au monde un fils de manière naturelle et décide le faire fuir vers
la Terre dans une variation comics de l’Ancien Testament et de Moïse. Ce fils
conçu sans manipulation génétique sera ainsi libre de sa destinée et de ce
qu’il souhaite devenir, ses pouvoirs démesurés (due à la gravité différente de
la planète Terre et de son soleil) lui permettant peut-être de servir de guide
aux humains pour qu’ils ne commettent pas les mêmes erreurs que Krypton.
A
l’inverse le Général Zod (Michael Shannon) est un kryptonien suivant avec
ferveur ce pour quoi il a été façonné, défendre krypton quoiqu’il en coûte. On
constatera les ravages de ce dogme lors de l’ouverture où son fanatisme se
confronte à la sagesse de Jor-El mais surtout lors de sa tonitruante arrivée sur
Terre où il va traquer Clark et chercher à brutalement assujettir la planète.
Superman/ Clark Kent acquiert donc ici une dimension nouvelle puisque son
existence lui a laissé le droit à une incertitude qui courra une bonne partie
du récit.
Les flashbacks montreront de quelle manière sa nature d’étranger
l’isole, notamment l’adaptation difficile de son métabolisme durant l’enfance
où le monde entier est une agression pour ses sens hypersensible. Ce sera
ensuite un questionnement quant à l’usage de ses dons où son instinct
d’entraide se confrontera toujours à la peur du regard des hommes pour ce qui
est différent. Le scénario revisite ainsi de manière passionnante la relation
de Clark et son père terrien Jonathan (Kevin Costner) qui cherchera constamment
à contenir ses dons, estimant qu’il n’est pas assez mûr pour assumer le regard
du monde sur sa vraie nature.
Il lui apporte (au prix de sa vie) un sens de la
mesure et de la modestie tout humain quand la rencontre avec Jor-El lui fera
enfin accepter son destin de messie (là ce seront de lourde allusion au Nouveau
Testament, Clark ayant 33 ans et multipliant les poses christiques en Superman)
surpuissant. Une approche juste tant les premiers sauvetages de Clark sont des reflets de son caractère irrésolu
avec des bienfaits se disputant à des réactions à vif où il peine à contenir
(notamment face aux provocations des brutes ordinaires) ses émotions.
Forcément avec pareille approche l’esthétique du film est loin
de la tonalité lumineuse de l’opus de Richard Donner ou du décalque maladroit
de Bryan Singer. Plus ténébreux et introspectif, le film reprend les motifs
americana associé à Clark Kent et verse parfois dans un contemplatif lorgnant
sur Terence Malick. La photo de Amir
Mokri adopte une lumière grisâtre où il faut voir le point de vu de Clark sur
ce monde où il ne se sent pas à sa place et ce n’est que quand il acceptera et
assumera son statut de héros, qu’il ressentira ce lien à la Terre et la volonté
de la sauver que son environnement lui apparaîtra bienveillant et pourra être
baigné de lumière.
La première scène de vol est ainsi un grand moment et signe
la première étape de ce changement, la seconde étant lorsqu’il se présentera au
monde pour répondre au défi de Zod (avec une apparition toute christique dans
les airs et les rayons immaculés du soleil) puis le dépassement de soi final où
il stoppera la dévastatrice machine à gravité. Chacune de ces étapes est
magnifiée par le superbe thème d’Hans Zimmer. Loin du tonitruant et inoubliable
thème de John Williams, celui de Zimmer reflète la tonalité introspective de la
première partie du film avec son motif de piano simple prenant de plus en plus
d’ampleur et de puissance épique tandis que l’humain Clark Kent et le
kryptonien Kal El deviennent enfin le meilleur des deux mondes, le héros
Superman.
Chacun des films de Zack Snyder montrait des héros acculés
et derniers rempart face une un ennemi illustrant une évolution forcément mauvaise. Ce seront les humains en luttes contre les zombies dans L’Armée des morts (2004), bien sûr les
spartiates combattant l’envahisseur perse dans 300 ou les super-héros de Watchmen cherchant à sauver un monde
imparfait menacé de destruction par un ennemi visionnaire et mégalomane. Man of Steel amène un développement
étonnant à cette idée puisque c’est cette fois le méchant qui endosse ce statut
de garant de la tradition (Zod) et le gentil qui symbolise cette évolution et
ce mélange (Superman) plus forcément vu comme néfaste.
Le Royaume de Ga'hoole (2010) et Sucker Punch avait amorcé cette bascule puisque le statu quo, l’ordre
établi et le dogme y était vu comme une tare (les chouette militaires aux velléités
totalitaire du premier, la lobotomie de l’hôpital psychiatrique du second) en
oppostion aux aspirations de libertés des héros.
Zod est donc un méchant captivant car sûr de
son fait et déterminé, Michael Shannon lui apportant un charisme et une
présence sacrément menaçante. Pourtant par sa conception génétique préétablie c’est
également un être unidimensionnel suivant aveuglément le dogme et la fonction
pour laquelle il a été façonné. Tout le contraire de Clark Kent qui aura douté,
tâtonné et finalement trouvé sa voie en Superman. Cette facette prend un tour
puissant dans la dernière partie soulignant leur différence, Zod par sa
formation militaire s’adaptant et acquérant les mêmes pouvoirs que Superman en
un temps record alors qu’il avait fallu toute une vie pour les maîtriser à
Clark.
Visuellement le film est sans doute l’illustration la plus
spectaculaire de la puissance démesurée de Superman, les anciens films n’ayant
pas la technologie pour l’exploiter à son maximum. Snyder abandonne les
ralentis iconiques qui ont fait sa gloire pour adopter un étonnant style « sur
le vif » dans le filmage de l’empoignade de ses surhommes. On a
constamment l’impression d’avoir un temps de retard, comme si la caméra avait
du mal à suivre la rapidité de mouvement insensés des personnages dans l’idée
de traduire de quelle manière l’œil humain serait incapable d’englober l’ensemble
des informations s’il se trouvait face à des êtres d’un tel pouvoir.
Cela
fonctionne magnifiquement, notamment grâce au charisme des acolytes de Zod dont
une Faora (Antje Traue) à la présence glaciale et au regard hautain envers ces
faibles humains, Snyder lui donnant une aura de puissance tout simplement
dévastatrice. Le combat de titans à Smallville est un grand moment, laissant
enfin Superman déployer sa force mais aussi se montrer sous un jour positif à
la méfiance des humains qui l’accepteront alors. Les marivaudages et le jeu de
dupes avec Loïs Lane (Amy Adams) ont complètement disparus puisque celle-ci
devine d’emblée son identité et elle sera tout au long du film e référent
permettant à Clark d’exprimer ses failles, sa sensibilité.
Le film est donc très spectaculaire, peut-être trop dans sa
dernière partie (on se demande ce qu’il restera à détruire pour la suite
annoncée), Snyder se montrant sans doute trop généreux et créant un léger
déséquilibre avec la belle introspection de la première partie. Du coup la
manière de vaincre Zod (après un long combat à la Dragon Ball Z – décalque japonais
de Superman à l’origine la boucle est bouclée – où les buildings s’effondrent) est
quelque peu radicale pour brutalement interrompre le récit mais a le mérite d’établir
la frontière que Superman ne franchira plus et établir définitivement le canon
du personnage. Une réinvention brillante et un des meilleurs films de Zack
Snyder dont la furie aura été judicieusement dosée par Nolan.
Sorti en dvd zone 2 français et blu ray chez Warner
Justin, je crois que votre billet va finalement me faire regarder ce film... sans doute bêtement boycotté à sa sortie. Aimant beaucoup Superman (d'ailleurs, j'avais adoré le travail fait sur le personnage par John Byrne, il y a quelques années), je suis restée très méfiante envers ce qui avait l'air d'une grosse machine bébête à effets spéciaux maousse costauds mais dépourvus de neurones...
RépondreSupprimerEt, dois-je l'avouer ? J'aime beaucoup la série "Lois & Clark" dont la première saison (avec le Lex Luthor génial de John Shea, onctueux et maléfique à souhait) est quand même assez super... malgré ses effets spéciaux assez faméliques.
Sans compter que la Lois de Teri Hatcher est quand même la meilleure qu'on ait vue à l'écran !
Oui si vous êtes fan de Superman c'est une relecture qui vaut vraiment le coup d'oeil (et apporte du neuf comparé aux Superman Returns de 2006) quelques entorses mais l'esprit est respecté et le personnage a rarement été plus fouillé au cinéma. Après effectivement il y a beaucoup de badaboum numérique, c'est souvent plaisant (pour le coup on retrouve complètement la démesure des cases de comics) même si ça déséquilibre peut être un peu avec une première moitié très intimiste. A tenter donc !
RépondreSupprimerPour Loïs et Clark j'ai été un peu sévère dans mon texte, j'aimais bien aussi surtout le feeling screwball comedy entre les deux et oui Teri Hatcher est sûrement la meilleure interprète de Loïs ! John Shea fait un très bon Luthor aussi, plus inquiétant que le Gene Hackman cabot du fim de Richard Donner. Le problème c'était vraiment Dean Cain très fade en Clark Kent/ Superman et effectivement les effets spéciaux n'étaient pas de première fraîcheur ^^ Toujours plus recommandable que Smallville en tout cas!
Effectivement, ce ne sont pas les intrigues proprement dites qui faisaient le sel de "Lois & Clark", mais le jeu de ping-pong entre Lois, Clark et son alter-ego. Je vous trouve un peu dur avec D Cain qui avait quand même l'avantage de faire archi Américain tout en ayant un zeste d'exotisme... ce qui correspondait au personnage. Ceci dit, son Superman m'a toujours nettement moins convaincue que son Clark... Logique, vu le titre de la série !
SupprimerMerci pour la recommandation : je vais tester "Man of Steel" bien que sur un écran télé, cela soit sans doute bien moins impressionnant à voir !