McClain un gangster
afro-américain, revient à Los Angeles après deux ans d'absence. Il retourne
habiter chez Elly, son ex-femme et prend contact avec Gladys, une ancienne
complice qui lui propose d'organiser un hold-up. Il s'agit de voler la recette
d'un grand stade de Los Angeles pendant un match de football. Il ne reste plus
qu'à recruter des complices, de préférence des professionnels du crime. Un
quatuor, trié sur le volet, est donc engagé. Le jour dit, l'opération se
déroule sans anicroche et McClain dépose le butin dans l'appartement de son
ex-femme.
Le succès du Point de non-retour (1967) de John Boorman va entraîner durant les années suivantes
de nombreuses adaptations de Donald Westlake/Richard Stark et plus
particulièrement de son personnage emblématique Parker. Cette figure imposante
et emblématique du polar hard-boiled semble particulièrement malléable aux
attentes des réalisateurs mettant en scène ses aventures tant les visions en diffèrent
– et le baptisent d’un autre nom que Parker pour mieux se l’approprier. Le plus
mémorable restera définitivement Lee Marvin dans le Boorman, brutal et
taciturne, Robert Duvall saura être plus opaque et menaçant encore dans l’excellent
Échec à l’organisation (1973) tandis
que Mel Gibson reviendra au côté nerveux et obsessionnel de Marvin dans Payback (1999) et qu’un Jason Statham se
montrera plutôt convaincant dans le revanchard mais trop léger Parker (2013). The Split (adapté du Parker Le
Septième paru en 1966) n’est pas la plus connue des adaptations mais
certainement une des plus mémorable.
On retrouve la dimension mystérieuse de Parker ici renommé
McClain (Jim Brown) lorsque notre héros faire son retour à LA sans que l’on ne
sache rien de son passé (sort- il de prison ?). Là il va retrouver son
ex-femme Elly (Diahann Carroll) lui en voulant encore de privilégier son mode
de vie criminel à leur relation. McClain n’en a cure, surtout lorsque son
ancienne complice Gladys (Julie Harris) va le mettre sur une affaire juteuse à
savoir un hold-up sur les recettes d’un match de football un jour de match. On
retrouve le schéma classique de repérage des lieux, recrutement des acolytes et
préparation du casse mais celui-ci prend un tour particulièrement jubilatoire
ici.
McClain va en effet tester les aptitudes de ses partenaires en les
recrutant « en situation » : Il va donc aller coller une rouste
à son futur homme de main (Ernest Borgnine), flanquer la peur de sa vie sur une
route escarpée à son pilote (Jack Klugman), tendre un piège particulièrement
vicieux à son perceur de coffre (Warren Oates) et mettre à mal les réflexes de
son tireur d’élite (Donald Sutherland). En dépit du score funky de Quincy
Jones, on ne ressent jamais le côté « à la cool » et détendu qu’on
retrouve souvent dans le caper movie mais plutôt une vraie tension de série
noire, notamment par le vrai danger et l’imprévisibilité que semble représenter
les comparses (Sutherland semble être un psychopathe en puissance, Oates ne
cache même pas son racisme, Borgnine est intimidant par son seul regard). Cette
ambiguïté fonctionne également pour McClain qui manipule allégrement son
ex-femme, complice involontaire et qui retombe dans ses bras lors d’une longue
séquence romantique dont le scintillement ensoleillé n’est qu’une illusion.
Gordon Flemyng (ayant surtout officié à la télévision
notamment sur Le Saint et Chapeau Melon et Bottes de Cuir) offre
une mise en scène nerveuse et alerte où il parvient à retrouver ce qui faisait
la force du film de John Boorman. On a ainsi constamment l’impression de se
trouver dans une sorte d’envers de LA, un monde criminel sous-terrain et
dangereux répondant constamment à l’imagerie de Californie touristique. Un
magasin de jouet dissimule en fait une arrière-boutique où l’on achète des
armes lourdes, un hangar désaffecté des voitures volés et méfiance si une
ravissante blonde vient vous draguer dans un bar miteux car ses filets n’ont
rien de bienveillant. La scène de casse est un modèle du genre, filmée au
cordeau et sans virtuosité inutile car le procédé est aussi simple qu’astucieux.
C’est plutôt l’après et le partage du butin tournant mal qui va se révéler
captivant. Tous les éléments disséminés dans la première partie se trouvent là
transcendés, la fatalité ou la malchance n’ayant pas grand-chose à voir avec le
virage dramatique du récit. Cet aspect LA underground dissimulant des
monstres se vérifie de la plus brutale des manières (la mort sanglante de la petite amie de Brown) avec une menace sous-jacente
que l’on n’aura pas vu venir, cet envers du décor troublant les figures de justices (le flic incarné par un Gene Hackman loin de Popeye Doyle) et libéreant les instincts les plus primaires
entre les complices avec la disparition du butin.
Le suspense et les alliances sont complètement
relancés avec l'apparition de Gene
Hackman, Flemyng amorçant les revirements avec une
efficacité rare (90 minutes qui vont droit au but) culminant lors d’un gunfight
tendu à bloc dans une gare désaffectée appuyant le ton crépusculaire de l’ensemble.
Casting aux petits oignons (où un Jim Brown sobre et charismatique n’a pas à
rougir et fait un Parker très honorable) et déroulement astucieux pour une
petite merveille de polar urbain.
Sorti dans la collection Warner Archives, all zone mais dépourvus de sous-titres
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