Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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lundi 8 septembre 2014

Ladies They Talk About - Howard Bretherton et William Keighley (1933)

Arrêtée pour complicité dans le braquage d’une banque, Nan Taylor (Barbara Stanwyck) tente de séduire le procureur David Slade (Preston Foster) qui résiste, et l’envoie en prison. Elle y fait la rencontre de plusieurs codétenues et cherche à s’évader grâce à l’aide de ses anciens complices. L’évasion tourne mal, et les hommes sont tués. À sa sortie, Nan est prête à tout pour se venger.

Ladies They Talk About est un Pré Code typique par son questionnement social sur la rédemption, sa dualité entre provocation et morale bienveillante et bien sûr son flamboyant personnage féminin typique des "mauvaises filles" qui traverse le genre. L'originalité viendra du cadre encore inédit du récit à l'époque, la prison de femmes. Nan Taylor (Barbara Stanwyck) est une criminelle endurcie depuis son plus jeune âge où elle n'a cessé de fréquenter les maisons de correction. Son charme et allure innocente représentent des atouts irrésistible dès qu'il s'agira d duper son interlocuteur et c'est ainsi que nous la découvrons, faisant les yeux doux à un agent pour qu'il lui ouvre plus tôt les porte de sa banque et permette à ses complices de s'y introduire et la dévaliser.

Malheureusement et en dépit de sa perruque blonde, un policier l'ayant arrêtée par le passé va la reconnaitre et deviner sa possible complicité malgré l'absence de preuve. Nan va cependant user d'un dernier atout en séduisant le procureur et ancien camarade d'enfance David Slade (Preston Foster) qui va user de son influence pour la libérer. Nan lui avoue néanmoins sa réelle culpabilité avant sa sortie et Slade incorruptible la fait envoyer à la prison pour femme de San Quentin où elle va longuement ruminer sa vengeance.

Le récit semble ainsi devoir évoquer le cheminement moral possible de Nan mais prendra pour cela des détours inattendus. On découvre ainsi l'univers prison et ses détenues où il ne règne absolument pas une atmosphère de repentance. Les figures hautes en couleurs, inquiétante et truculentes sont légions, assumant parfaitement les raisons qui les ont menées là dans une énumération savoureuse de leurs crimes. Ces femmes semblent assumer cette forme d'émancipation jusqu'au bout, évoquant amusées leur méfait sans que le moindre dialogue ou situation ne les juge (l'ancienne tenancière de maison close...), la prison étant absoute de toute les règles de l'extérieur à l'image de cette prisonnière noire invectivant une aristocrate blanche la traitant en subalterne.

Sous leurs allures rebelles, elles sont toutes observées avec une humanité s'attardant autant sur leur frustration physique (avec ce dialogue soulignant le manque le plus douloureux "la liberté et les hommes" et l'érotisme latent traversant tout le film) et morale où chacune recréera un semblant d'environnement personnel dans la décoration de sa cellule.

Nan est bien évidemment le symbole de tout cela avec son déchirement amour/haine pour celui qu'il l'a envoyée en prison. On ne sait si elle veut sortir pour se réfugier dans ses bras ou le faire payer, Barbara Stanwyck par sa prestation incandescente maintenant le doute jusqu'au bout, notamment une dernière scène où son regard haineux marque durablement. Personnage volcanique et ne s'en laissant pas compter, Nan reste d'ailleurs fidèle à elle-même jusqu'au bout puisque la rédemption est plus amenée à être sentimentale que morale, au vu d'un des derniers rebondissements où elle aide des complices à s'évader.

Les figures féminines apparaissent ainsi impétueuses et passionnées (à l'image du pendant négatif de Nan, Susie (Dorothy Burgess obsédée par Slade), plus libres malgré leurs écarts que les hommes toujours unidimensionnels (David Slade et sa facette religieuse en tête). La prise de conscience et l'apaisement final ne peut ainsi venir que d'un éveil personnel, la morale et les regards des autres ne semblant jamais avoir eu prise sur l'indomptable Nan.

Sorti en dvd zone 2 français chez Warner dans la collection Trésors Warner consacrée au Pré Code

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