Blessé dans un affrontement avec les
forces de l'ordre, au cours duquel il a tué un policier, Martin Rome est
hospitalisé. Le lieutenant Candella, originaire comme Rome du quartier
italien de New York, Little Italy, et camarade d'enfance du malfrat,
cherche à savoir où se trouve Tina Riconti, son amie et présumée
complice
Après avoir montré ses exceptionnelles aptitudes dans le film noir tant dans sa veine atmosphérique (Phantom Lady (1944)), tragique (Les Tueurs (1946)) que psychanalytique (Double énigme
(1946)), Robert Siodmak arpentait l'asphalte new yorkaise pour tâter de
du versant polar urbain du genre. Prêté par la Universal à la Fox,
Robert Siodmak se plie donc aux standards réalistes du studio dirigé par
Darryl Zanuck. On s'éloigne donc des ambiances tortueuses des essais
précédent pour un très concret duel moral dans les ruelles du quartier
de Little Italy. Martin Rome (Richard Conte) a surmonté son extraction
modeste par le crime quand le lieutenant Candella (Victor Mature) issu
du même milieu et qui le traque aura choisi le chemin de la loi. Le
début du film semble lui donner raison alors que Martin est à l'agonie
après une fusillade où il a abattu un policier.
Surmontant tant bien que
mal ses blessures, Martin va néanmoins survivre et tenter une évasion.
Le scénario ingénieux joue à la fois d'un destin capricieux et des
bas-instincts intacts du malfrat qui va retourner le piège tendu par un
avocat véreux pour récupérer le butin d'un vol dont on cherchait à
l'accuser quand il était à l'agonie. L'entourage de Martin dépité de
Martin (sa famille et sa petite amie) semble au départ humaniser le
criminel mais sert peu à peu à révéler son égoïsme. Les échanges entre
le flic et le truand sont remarquable, Candella balayant l'excuse
sociale qu'argue Martin quant à ses mauvais penchants. Il a voulu la
grande vie et l'a menée par tous les moyens sans se soucier de ses
proches.
Siodmak salue ainsi l'instinct de survie de Martin à
travers le jeu malicieux et sournois de Richard Conte, mais c'est pour
mieux détruire ce relatif capital sympathie dans les actes de violence
du personnage. Il sèmera ainsi le chaos tant par ses crimes que par les
naïfs et/ou désespéré qu'il entraîne dans sa spirale criminelle. Le
réalisateur place ses deux héros à égalité dans leur rapport à la rue et
la mise en scène n'épouse l'approche réaliste de la Fox que dans
l'intégration des protagonistes à cet environnement urbain et à ses habitants. Chacun à
leur tour dissimulé dans la pénombre des ruelles dans leur jeu de chat
et de la souris, ils seront affaiblis et blessé de la même manière au
fil du récit.
Mais quand Victor Mature même vacillant conserve la
dignité de la droiture et justice qu'il représente, Richard Conte voit
son éclat initial se ternir par une pesante solitude et une faiblesse
qui en fait la proie de la terrible matrone incarnée par une Hope
Emerson adepte de la strangulation. Tout le film est imprégné de cet
affrontement moral, où la réussite de l'enquête sera un sacerdoce pour
Victor Mature quand elle ne sert qu’un larcin égoïste de plus pour
Richard Conte. L'ultime confrontation n'en est que plus intense à
travers ces enjeux, Robert Siodmak les ayant amené par une habile et
touchante (très belle figure de mère) réflexion sociale.
Sorti en dvd zone 2 français chez Carlotta
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