Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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samedi 2 avril 2016

Le Mariage est pour demain - Tennessee's Partner, Allan Dwan (1955)

En Californie, à l'époque de la Ruée vers l'or : Cowpoke, un cow-boy de passage en ville, sauve la vie de Tennessee, un joueur professionnel, en abattant un tueur à la solde d'un de ses rivaux. Les deux hommes, très dissemblables, nouent cependant une amitié réciproque. Tennessee fréquente le saloon d'une belle femme qu'on nomme "la Duchesse" et qui est aussi son amante. Là, une aventurière cupide, autrefois liée à Tennessee, entreprend de séduire Cowpoke. Ce dernier lui promet bientôt un mariage. Mais, les choses s'enveniment...

Parmi la série de westerns de série B qu’il tourna en fin de carrière, Tennessee's Partner était le préféré d’Allan Dwan et est une de ses plus belles réussites. Le film est l’adaptation d’un roman de Bret Harte, spécialiste des récits évoquant les pionniers américains en Californie et dont Dwan était un grand admirateur. Le livre étant tombé dans le domaine public, c’est pour Dwan l’occasion de s’attaquer à moindre frais à un de ses auteurs favoris dont il enrichira néanmoins le récit assez court. Le film nous ramène à un Ouest brutal tel que Dwan l’a dépeint dans Quatre étranges cavaliers (1954) ou Tornade (1954), la métaphore sur le maccarthysme du premier et la vengeance du second laissant place à la violence ordinaire ayant court dans les villes gagnées par la ruée vers l’or.

Joueurs de poker plus ou moins honnêtes à la gâchette facile, maison de plaisir et le moindre nouveau riche menacé de se faire dépouiller sa concession, tous respire la violence et la corruption qu’éveille l’appât du gain. Pourtant toute l’inhumanité de cet environnement va se briser face à la solide amitié qu’évoque le titre original du film. Tennessee (John Payne) est un joueur professionnel dont la réussite lui a attirée de nombreuses haines et, lorsqu’un mauvais perdant s’apprêtera à lui tirer dans le dos c’est l’étranger Cowpoke (Ronald Reagan) qui lui sauvera la vie en abattant son agresseur. 

Cela suffira à tisser le lien entre deux personnalités antinomiques : cynique et désabusé pour Tennessee tandis que Cowpoke fait preuve d’un caractère franc et sincère. Allan Dwan concrétise cette amitié par une superbe idée de mise en scène, les séparant visuellement en plaçant un barreau au milieu du cadre qui fait croire qu’ils sont prisonniers dans des cellules différentes du bureau du shérif avant de les filmer en plan d'ensemble côte à côte, la geôle se faisant commune tandis qu’il se lient. Dès lors les situations vont faire se confondre leur nature profonde, signe de l’influence qu’il exerce mutuellement l’un sur l’autre. L’individualiste Tennessee va mettre leur amitié en danger pour éloigner Cowpoke de sa future épouse qu’il sait être une croqueuse de diamant. 

Le naïf Cowpoke va lui douloureusement découvrir la perfidie féminine quant au bout de l’aventure Tennessee décidera d’accéder aux désirs de « la duchesse » (Rhonda Fleming à croquer) qu’il a si souvent traitée avec désinvolture. John Payne et Ronald Reagan sont excellents et dégagent une vraie alchimie commune qui surmonte un récit traversé de saisissants éclairs de violences où toutes les trahisons et bassesses semblent possibles sortis de cette amitié. Les soubresauts de l'intrigue reposent d'ailleurs plus sur cet aspect mis à mal que sur la romance suivant un cours limpide.

Concrète, hors-champ où toute en retenue, la barbarie de l’Ouest a bien des visages tout au long du film et est illustrée avec inventivité par Dwan le temps d’une partie de poker chargée de tension, d’un assassinat nocturne où d’un mano à mano final féroce. John Payne perd peu à peu de sa froide élégance pour dévoiler un visage plus humain tandis que l’allure rustique de Ronald Reagan s’orne d’une dignité de plus en plus attachante au fil du récit. La conclusion se situe entre les deux visages dépeints par le film, la victoire d’un certain Ouest capitaliste mais finalement aussi celui d’une rédemption laissant un espoir de renouveau pour l’avenir. 

Sorti en dvd zone 2 français chez Carlotta et Sidonis

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