Chandler se fait passer pour un voyant
sous le pseudonyme de "Chandra" afin de gagner de l'argent facilement.
Le charlatan se met alors à prédire l'avenir. Mais très vite, il tombe
sous le charme d'une de ses victimes, Sylvia, et la vérité ne tarde pas à
éclater...
The Mind Reader est un Pré-Code où plane
comme souvent l'ombre de la Grande Dépression. L'absence de scrupule
comme la naïveté désespérée se conjuguent à travers l'escroquerie bien
rôdé du "voyant" Chandler/Chandra, le contexte justifiant sa roublardise
tout comme la crédulité de ses clients se raccrochant à ses prédictions
en ces temps incertains. C'est dans un premier temps l'humour qui
s'invite dans cette vision des pérégrinations frauduleuses de Chandler.
Plutôt que d'aller en quête d'un job qui se fait rare, l'arnaque est
encore le moyen le plus amusant et efficace pour s'enrichir et on
s'amuse beaucoup de l'astuce et du folklore mystérieux déployé par notre
héros et ses complices. Le détachement amusé domine, d'autant que les
boniments demeurent sans conséquences. La culpabilité rattrapera
Chandler lorsqu'il tombera amoureux de Sylvia (Constance Cummings) une
de ses victimes crédules qui finira par le démasquer.
Le ton
bascule ainsi progressivement alors qu'au départ l'arnaque était une
échappatoire rieuse pour les escrocs et une forme malgré tout de
spectacle illuminant le quotidien pour les victimes. Désormais en
souffrance dans une vie trop sage d'homme marié, Chandler s'échappe dans
le crime par pur égoïsme plus que par la nécessité initiale pour des
dommages collatéraux plus dramatiques. La drôlerie est bien plus acide
avec une voyance bien renseignée sur l'infidélité des maris volages avec
quelques moments savoureux de flagrant délit. Mais à briser des ménages
par jeu Chandler voit le sien se déliter par ses mensonges et causer un
drame inattendu.
La rédemption de Chandler semble correspondre à un
changement d'ère plus morale, Roy Del Ruth ne jugeant jamais ses
personnages qui conservent un capital sympathie en dépit de leurs
mauvais coups. L'heure n'est plus à arborer une distance rieuse fac à la
crise mais à un refuge dans la famille que cette insouciance menace.
Tout en prônant une sorte de retour moral, c'est surtout la nostalgie
des bons moments passés qui se ressent dans la conclusion, le duo de
filous entre Chandler et Frank (excellent Allen Jenkins) constituant
finalement le vrai couple du film.
Sorti en dvd zone 2 français chez Warner
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