Harry Stoner est le patron d'une entreprise de prêt à porter au bord
de la faillite. Il dresse alors un bilan de sa vie et se rappelle
notamment son enfance perdue...
Save the tiger est le film qui valut son seul Oscar du meilleur acteur à Jack Lemmon (après celui du meilleur second rôle pour Permission jusqu'à l'aube
de John Ford en 1956). Le film adapte le roman éponyme de Steve Shagan
(qui en écrit également le scénario) et constitue un projet qui tenait
vraiment à cœur de Jack Lemmon qui réduisit son salaire pour le mettre
sur pied. L'intrigue suit la journée d'Harry Stoner (Jack Lemmon),
patron d'une usine de prêt à porter au bord de la faillite. L'ensemble
du film est traversé de la présence anxieuse et lasse de Stoner, écrasé
sous les responsabilités tout en s'interrogeant sur le bien-fondé à se
battre encore. Dans chaque instant du récit se déroulant sur une
journée, Stoner semble vainement s'accrocher à maintenir les édifices de
son existence sans y croire complètement.
L'ouverture morne dans villa
de Beverly Hills le voit regretter de ne pas avoir fait l'amour une
dernière fois avant le départ en voyage de son épouse (Patricia Smith)
plus attristée qu'aimante. C'est cette même énergie du désespoir qui le
voit céder aux méthodes les plus douteuses pour maintenir son usine à
flot, incendie à l'assurance, proxénétisme au service d'un commanditaire
et liaisons dangereuses avec la mafia. Chaque élément de sa vie qui
sombre ramène Stoner à ses aspirations passées et ses ratés dans ce
monde changeant. Ce sera pour l'intime l'éloignement de sa fille en
pension et l'affection estompée avec son épouse et pour l'usine, l'idéal
et la ferveur d'entreprenariat disparue.
John G. Avildsen ne
lâche pas d'une semelle son acteur tout en capturant l'esprit de ce LA
70's dont la modernité contrebalance avec la nostalgie constante de
Stoner. On ressentira cela surtout à travers les deux rencontres avec la
marginale hippie peu farouche jouée par Laurie Heineman, seule
respiration vers l'extérieur et le monde qui l'entoure pour notre héros.
Ce sont pourtant bien les dialogues désabusés avec son associé Phil
(Jack Gilford), la bande-son rétro et la constante évocation du passé
qui marquent le personnage. Cette atmosphère dépressive est en
contrepoint de l'atmosphère ensoleillée de LA et Avildsen distille
progressivement par le dialogue, les situations (et ce bonheur d'antan
toujours rattaché à la même période) la source de ce mal-être. Jack
Lemmon fébrile et angoissé porte superbement le film sur ses épaules
dans une de ses prestations les plus vulnérables avec Le Jour du vin et des roses (1962).
Sorti en dvd zone 2 français chez Paramount
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