Une nuit d'orage, un couple se dispute violemment. Le lendemain
matin, le corps de la femme est retrouvé échoué sur la plage. La police
ne tarde pas à mettre la main sur le coupable idéal : Robert Tisdall,
jeune homme aperçu sur les lieux du crime, lié à la victime et dont la
ceinture a servi d'arme du crime... Durant la préparation d'un procès
dont l'issue semble ne pas pouvoir lui être favorable, Tisdall s'échappe
: c'est à lui, désormais, seul contre tous, de prouver son innocence.
Il sera en cela aidé par Erica, la propre fille du commissaire lancé à
ses trousses.
Jeune et innocent réitère après Les 39 marches (1935) le schéma par la suite maintes fois repris (La Loi du silence (1952) et Le Faux Coupable (1956), La Mort aux trousses (1959), Frenzy (1972)) du de l'accusé à tort en cavale afin de prouver son innocence. Jeune et innocent sur ce schéma procède d'une dynamique différente des 39 Marches dont l'urgence, l'action échevelée et la romance enlevée constitue le vrai modèle de l'achèvement que constituera La Mort aux trousse. A l'inverse Jeune et innocent
est une des œuvres jouant le plus de la distance british d'Hitchcock où
passé une double introduction sous tension (la dispute conjugale dans
une nuit orageuse, la découverte macabre du cadavre de femme sur la
plage) le piège se referme sur Robert Tisdall (Derrick De Marney) dans
une étonnante décontraction.
Entre un avocat distrait, une amorce de
séduction avec Erica (Nova Pilbeam) et une évasion rocambolesque, on ne
ressent pas réellement l'étau de l'injustice se refermer sur notre héros
qui prend les choses avec détachement. Les péripéties sont à l'avenant,
la ballade se substituant à la course poursuite attendue. Le cadre
rural anglais autorise ainsi des figures policières balourdes, des
moments de pause bucolique et truculents qui atteignent un sommet avec
l'interlude durant la fête d'anniversaire avec une nouvelle fois un
héros plus facétieux (le nain de jardin) qu'inquiet sur sa situation.
L'équilibre
et la tension dramatique repose finalement sur le personnage d'Erica.
Le jeu anxieux et passionné de Nova Pilbeam contrebalance ainsi avec la
décontraction de Derrick De Marney et Hitchcock joue à plusieurs niveaux
dans son évolution. Il y a bien évidemment le dilemme entre ses
sentiments naissants pour le coupable et l'opposition à la justice, un
déchirement qui constitue aussi une forme d'émancipation de la jeune
fille rangée à son père symbole d'autorité à la fois familiale mais
aussi de la loi puisqu'il est commissaire. Sans être forcément une des
plus grandes réussites d'Hitchcock, l'ensemble fonctionne donc plutôt
bien dans cette approche tranquille que le réalisateur secoue par
quelques morceaux de bravoure dont il a le secret.
Un début de poursuite
en voiture dans une gare avec un usage habile de maquette, la fuite
d'un éboulement de mine (où le sauvetage d'Erica rappelle forcément
celui d'Eva Marie Saint du final au Mont Rushmore de La Mort aux trousses)
et surtout un climax virtuose dans un hôtel (et un plan séquence
impressionnant exploitant le décor et révélant la présence du coupable)
bouscule ainsi cette approche bucolique. Plutôt plaisant donc et assez
emblématique (un peu trop peut-être) du style Hitchcock ici tout en
maîtrise tranquille.
Sorti en dvd zone 2 français chez Filmedia
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