Nick Magellan travaille pour Charlie Lupo,
homme d'affaire corrompu et patron du syndicat du crime de Manhattan et
étend son emprise sur les sénateurs new yorkais, eux-mêmes affiliés au
syndicat. Charlie est le père d'une jeune fille récalcitrante, Kathy,
amoureuse de Nick. Celui-ci protège Kathy lorsqu'elle quitte le domicile
familial. Alors qu'il a toujours été épargné, Charlie Lupo se retrouve
au centre d'une affaire de fraude, après l'interview d'un sénateur trop
bavard.
New York Confidential
constitue dans le film noir une sorte de chaînon manquant dans la
description de la Mafia à l'écran. Cela passe par l'emploi même du terme
"Syndicat du crime" popularisé par la presse à l'époque, mais la
modernité se ressent surtout par ce mélange de business criminel géré
comme une entreprise capitaliste qui s'entrecroise aux manières
demeurées brutales et expéditives des gangsters. Le règlement de compte
qui ouvre le film est d'ailleurs une affaire personnelle qui vient
interférer le business. Le boss du syndicat Charlie Lupo (Broderick
Crawford) va donc, comme pour chaque problème qui s'oppose aux
bénéfices, enrôler un tueur pour ramener les choses à la normale. Les
réunions de bureau où l'on discute chiffres et parts de marché
s'enchaîne ainsi avec un assassinat sec et brutal de l'homme de main
Nick Magellan (Richard Conte).
Suite à ce coup d'éclat, Nick
devient l'homme de confiance de Lupo. Tout le film oppose ainsi les
pulsions et émois humains à une froideur matérielle et détachée du
business. Lupo malgré ses fonctions haut placées est un sanguin au
tempérament latin possessif notamment avec sa fille Kathy (Anne
Bancroft) torturée qui rejette tout ce qu'il représente. A l'opposé Nick
refuse tout attachement, ayant toujours à l'esprit que les amis
d'aujourd'hui peuvent être les ennemis de demain qu'il aura
éventuellement à liquider. Richard Conte ainsi dégage une présence tour à
tour chaleureuse ou glaciale selon qu'il laisse ponctuellement
ressortir ses émotions, notamment son attirance contenue pour Kathy.
On
anticipe clairement Le Parrain dans les
projets criminels à grande envergure (ici de la corruption
gouvernementale autour du pétrole) dans lesquels viennent interférer des
conflits familiaux. Mais à la dimension opératique qu'amènera Coppola,
Russel Rouse propose une sorte de rigueur documentaire (notamment la
voix-off sentencieuse qui se fait ponctuellement entendre pour évoquer
le tentaculaire syndicat) où les ruelles mal famées du film noir ont été
troquées pour les salles des réunions où réside désormais le vrai
pouvoir de vie et de mort. On anticipe également Les Affranchis
(1990) de Martin Scorsese avec ces mafieux finalement toujours rustres sous le
vernis respectable, notamment Lupo incapable d'exprimer son affection
pour sa fille autrement que par la brutalité et un sentiment de
possession primaire.
C'est précisément en frottant cette
violence au plus complexe monde politique que tout vole en éclat, les
méthodes simples de nos mafieux n'y fonctionnant pas si aisément. La
machine implacable du Syndicat va alors broyer les personnages selon ses
règles bien connues désormais, de manière tragique (pour Kathy) et
pathétique selon le degré d'implication. La différence est que
contrairement au début du film nous avons vivre les protagonistes,
suivre la loi du Syndicat et finalement être brisés par les lois qu'ils
ont eux-mêmes édictés. Une œuvre passionnante et la croisée des chemins
du genre donc !
Sorti en dvd zone 2 français chez Sidonis
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