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mercredi 2 janvier 2019

New York Confidential - Russel Rouse (1955)

Nick Magellan travaille pour Charlie Lupo, homme d'affaire corrompu et patron du syndicat du crime de Manhattan et étend son emprise sur les sénateurs new yorkais, eux-mêmes affiliés au syndicat. Charlie est le père d'une jeune fille récalcitrante, Kathy, amoureuse de Nick. Celui-ci protège Kathy lorsqu'elle quitte le domicile familial. Alors qu'il a toujours été épargné, Charlie Lupo se retrouve au centre d'une affaire de fraude, après l'interview d'un sénateur trop bavard.

New York Confidential constitue dans le film noir une sorte de chaînon manquant dans la description de la Mafia à l'écran. Cela passe par l'emploi même du terme "Syndicat du crime" popularisé par la presse à l'époque, mais la modernité se ressent surtout par ce mélange de business criminel géré comme une entreprise capitaliste qui s'entrecroise aux manières demeurées brutales et expéditives des gangsters. Le règlement de compte qui ouvre le film est d'ailleurs une affaire personnelle qui vient interférer le business. Le boss du syndicat Charlie Lupo (Broderick Crawford) va donc, comme pour chaque problème qui s'oppose aux bénéfices, enrôler un tueur pour ramener les choses à la normale. Les réunions de bureau où l'on discute chiffres et parts de marché s'enchaîne ainsi avec un assassinat sec et brutal de l'homme de main Nick Magellan (Richard Conte).

Suite à ce coup d'éclat, Nick devient l'homme de confiance de Lupo. Tout le film oppose ainsi les pulsions et émois humains à une froideur matérielle et détachée du business. Lupo malgré ses fonctions haut placées est un sanguin au tempérament latin possessif notamment avec sa fille Kathy (Anne Bancroft) torturée qui rejette tout ce qu'il représente. A l'opposé Nick refuse tout attachement, ayant toujours à l'esprit que les amis d'aujourd'hui peuvent être les ennemis de demain qu'il aura éventuellement à liquider. Richard Conte ainsi dégage une présence tour à tour chaleureuse ou glaciale selon qu'il laisse ponctuellement ressortir ses émotions, notamment son attirance contenue pour Kathy.

On anticipe clairement Le Parrain dans les projets criminels à grande envergure (ici de la corruption gouvernementale autour du pétrole) dans lesquels viennent interférer des conflits familiaux. Mais à la dimension opératique qu'amènera Coppola, Russel Rouse propose une sorte de rigueur documentaire (notamment la voix-off sentencieuse qui se fait ponctuellement entendre pour évoquer le tentaculaire syndicat) où les ruelles mal famées du film noir ont été troquées pour les salles des réunions où réside désormais le vrai pouvoir de vie et de mort. On anticipe également Les Affranchis (1990) de Martin Scorsese avec ces mafieux finalement toujours rustres sous le vernis respectable, notamment Lupo incapable d'exprimer son affection pour sa fille autrement que par la brutalité et un sentiment de possession primaire.

C'est précisément en frottant cette violence au plus complexe monde politique que tout vole en éclat, les méthodes simples de nos mafieux n'y fonctionnant pas si aisément. La machine implacable du Syndicat va alors broyer les personnages selon ses règles bien connues désormais, de manière tragique (pour Kathy) et pathétique selon le degré d'implication. La différence est que contrairement au début du film nous avons vivre les protagonistes, suivre la loi du Syndicat et finalement être brisés par les lois qu'ils ont eux-mêmes édictés. Une œuvre passionnante et la croisée des chemins du genre donc !

Sorti en dvd zone 2 français chez Sidonis 

 

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