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mercredi 4 novembre 2020

Une poupée gonflable dans le désert - Kôya no Dacchi waifu, Atsushi Yamatoya (1967)

Une poupée gonflable dans le désert est une œuvre emblématique de cette période au courant des sixties où le Pinku était un genre s’inscrivant dans la contre-culture et l’avant-garde. Son réalisateur Atsushi Yamatoya de par son parcours, excelle justement à naviguer entre les codes du cinéma de genre et une veine plus arty. Il débute en tant qu’assistant-réalisateur au sein de la Nikkatsu sans parvenir à entrer dans le moule, avant de se reconvertir scénariste et aussi mener une courte carrière de réalisateur avec quatre film. 

 Il a pour mentor Koji Wakamatsu qui repérera son talent et l’engagera pour lui écrire La Vierge violente (1969). Yamatoya fait également partie du « Groupe des huit », ensemble d’artistes entourant Seijun Suzuki pour lequel il écrira l fameux La Marque du tueur (1967). Enfin, Yamatoya a fait des préceptes théoriques de Toshio Matsumoto (réalisateur de Les Funérailles des roses (1969)) sa profession de foi, il écrira d’ailleurs plus tard pour lui l’adaptation du roman Dogra Magra de Kyûsaku Yumeno. 

Une Poupée gonflable dans le désert est donc un mariage de cette somme d’influence. Le film dans la lignée de ses contemporains La Marque dutueur ou Le Point de non-retour de John Boorman (1967) adopte une intrigue et un pur personnage de tueur hard-boiled. Comme dans ses deux films, le postulat narratif tout comme le héros dur à cuire sont progressivement déconstruit pour emmener le récit ailleurs. Yamatoya donne un tour décalé aux passages obligés tel cette scène où Sho (Yūichi Minato) démontre ses aptitudes au revolver en faisant tomber un arbre en quelques tirs. La caractérisation du personnage en fait un bulldozer avançant avec détermination, distribuant gifles, coups de feu et conquêtes féminines (toujours à la manière du Lee Marvin du Point de non-retour) avant que se révèlent ses failles. Le postulat de départ, celui de mission de Sho devant retrouver la fiancée kidnappée de son commanditaire, en cache un autre plus intime. Sho poursuit une vengeance envers celui qui tua sa fiancée. 

La mise en scène et la narration cryptique nous perdent donc dans un maelstrom de séquences hallucinée qui s’étirent jusqu’à possiblement suggérer qu’une bonne partie du film est rêvée. Les indices pointent dès l’ouverture (le leitmotiv de la mort annoncée à l’horaire de 15h qui revient à la fin) et l’invulnérabilité du héros lorgnant sur le grotesque appuie ce côté autre. Sans égaler ses illustres modèles évoqués plus haut, Yamatoya signe une œuvre  singulière et captivante.

Sorti en dvd zone 2 français chez Carlotta

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