En 1979, dans le Chili de Pinochet, un minable fan de La Fièvre du samedi soir est prêt à tout pour remporter un concours de sosies de Tony Manero organisé par la télévision.
Pablo Larrain dans cette seconde réalisation use de la fascination exercée par La Fièvre du samedi soir de John Badham (1977) pour en façonner un écho pathétique dans le Chili sous dictature de Pinochet. Raul (Alfredo Castro) est un quarantenaire usé qui nourrit une véritable obsession pour le film et plus spécifiquement le charisme de John Travolta. On sent le personnage y voir dans la trajectoire de Tony Manero (nom de John Travolta dans le film) et ses talents de danse une forme d’échappatoire à son quotidien terne. Raul n’a cependant retenu que le clinquant du film de Badham qui en dehors de ses virevoltantes scènes de danse disco est une œuvre très amère et mélancolique.
Pablo Larrain ne cherche pas à créer la même empathie pour Raul que celle que construisait Badham pour Travolta en fustigeant la vision superficielle de son héros (une variante du rêve américain au Chili). Raul cherche à façonner tout au long du récit un double glorieux et charismatique de lui-même réincarné en Tony Manero mais Pablo Larrain n’en donne qu’un miroir pathétique tant dans les environnements (une austère scène de danse à laquelle il s’épuise à donner un semblant de clinquant) qu’aux aptitudes de danses très relatives de Raul. La mise en scène sèche et le contexte austère teinte l’ensemble d’une tonalité profondément dépressive avec, en toile de fond le spectre de la dictature et de la violence du régime de Pinochet, notamment les brutalités policières et les arrestations arbitraires. Notre héros est cependant loin d’être une victime du système, mais s’avère plutôt en être une excroissance monstrueuse. La moindre contrariété, le moindre obstacle à ses misérables ambitions, se règle par des élans de violences saisissants et des bassesses lamentable, sans parler d’un manque d’empathie qui se manifeste littéralement par son impuissance sexuelle. Le traitement est donc suffisamment original pour intriguer mais il est néanmoins difficile de se sentir impliqué et d’échapper à l’ennui face à ce traitement unilatéralement sinistre. On peut éventuellement préférer l’approche plus maniériste et stylisée que va adopter Larrain notamment dans les récent Neruda (2016), Jackie (2017) et Ema (2020).Sorti en dvd zone 2 français chez Blaqout
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