Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram
La Vie de Louis Pasteur - The Story of Louis Pasteur, William Dieterle (1936)
Affirmant que certaines maladies sont
provoquées par des microbes, Louis Pasteur se heurte à une communauté
scientifique sceptique. Sa découverte d'un vaccin contre la maladie du
charbon et la rage la convaincra.
La Vie de Louis Pasteur est le film qui
inaugure la grande série de portraits filmés réalisés par William
Dieterle et joués par Paul Muni. Ces biopics étaient consacrés à de
grandes figures s'étant illustrées par des actions novatrices et
anticonformistes ayant laissées une place historique majeure, ce que
l'on retrouvera dans les films suivant du cycle comme La Vie d'Émile Zola(1937), Juarez (1939), La Balle magique du Docteur Ehrlich (1940) ou encore Une dépêche Reuter
(1940). Le film est initialement un projet mineur pour le studio Warner
et intègre donc avec une relative fraîcheur les éléments qui tiendront
de la formule dans les films suivants plus rodés. Parmi eux on trouve la
stupéfiante capacité de mimétisme de Paul Muni avec ses illustres
modèles, ici aidé par un impressionnant maquillage et un langage
corporel qui traduit parfaitement l'intensité, la passion et le
hiératisme que dégagent les vrais photos connues de Louis Pasteur.
La
courte durée (87 minutes à peine) amène son lot de raccourcis et
d'évènements romancés voire inventés pour aller à l'essentiel. Le
scénario exacerbe notamment le climat de défiance entourant les théories
de Pasteur et en fait un véritable paria pour ses pairs alors que, si
ses travaux furent certes largement discutés, il rencontra tout de même
assez vite une grande reconnaissance publique (il sera notamment fait
chevalier de la légion d'honneur en 1853). La scène du début de film où
il est banni par Napoléon III ne saurait être plus fausse puisque fidèle
royaliste, Pasteur faisait partie du cercle rapproché de l'empereur qui
le nomma même sénateur. Il en va de même pour l'attaque qui le rendra
en partie hémiplégique dont il fut victime des années avant la période
où le film situe l'évènement, renforçant ainsi le sentiment profond de
dévotion et de sacerdoce de Pasteur. Tout cela contribue au schéma "seul
contre tous" voulut par le film qui ne rendra que plus grands les
triomphes à venir de Pasteur.
Ces partis-pris donnent aux actions de Pasteur un sentiment permanent de
défi et une grande partie du film constitue un mélange de joute et de
mélodrame scientifique où notre "héros" devra démontrer contre ses pairs
et pour ses malades la réalité de ses théories. Cela permet avec certes
beaucoup de simplifications une vraie vulgarisation scientifique où
l'on observe les cheminements de pensées, les ratés et les réussites
dans les différentes expérimentations qui conduiront aux vaccins contre
le charbon ou la rage. Les éléments les plus flamboyants ne sont pas
forcément les plus faux comme cette péripétie avérée qui vit Pasteur se
voir confier Joseph Meister (joué par Dickie Moore enfant acteur aperçu
dans Peter Ibbetson notamment), un jeune alsacien mordu par un chien
atteint de la rage qu'il va sauver. William Dieterle ajoute une certaine
emphase dramatique mais les enjeux sont crédibles, Pasteur vacillant au
moment d'administrer sans réussites préalables sur les humains un
vaccin ayant fait ses preuves sur les chiens. Autre grand moment (là
totalement inventé), le duel médical où il teste l'un de ses vaccins sur
cinquante moutons face à cinquante autre s'étant vu injecter un virus
par un de ses collègues.
Le sentiment d'effervescence est constant, les
libertés ne sont prises que pour appuyer cette facette purement
scientifique et la prestation habitée de Paul Muni évite tout sentiment
de froideur. On trouve déjà ce croisement de quasi sainteté et de
profonde vulnérabilité qui caractériseront les portraits suivants du duo
Dieterle/Muni, le point d'orgue étant ici la séquence où des
agriculteurs russes contaminés par la rage font le voyage en France pour
être soigné par Pasteur. Et ce dernier diminué par son attaque va venir
leur administrer son traitement en fauteuil roulant sur leur lit
d'hôpital. Cela fonctionne parfaitement, alliant parfaitement veine
intimiste et sentiment de grandeur constant idéalement introduit du fait
de connaître la portée future des travaux de Louis Pasteur. Le film
sera un immense succès qui initiera donc ce cycle des grands hommes, et
gagnera trois Oscars dont celui du meilleur acteur pour Paul Muni.
C'est amusant comme la photo de l'acteur dans le labo ramène à tout l'imagerie de savants fous des années 1930 ou des décennies suivantes. Mais non, point de délire fantastique ni de déviance gothique ici, la science est sérieuse.
Ceci dit, même l'affiche est trompeuse, un regard levé, quasi méfiant, avec un rouge et des ombres pour faire de lui un serviteur du mal. Fausse piste ! Fausse piste ! :)
C'est amusant comme la photo de l'acteur dans le labo ramène à tout l'imagerie de savants fous des années 1930 ou des décennies suivantes. Mais non, point de délire fantastique ni de déviance gothique ici, la science est sérieuse.
RépondreSupprimerOui c'est vraiment la photo promo qui donne cette impression car dans le film zéro excentricité, il est sérieux comme la justice du début à la fin ^^
SupprimerCeci dit, même l'affiche est trompeuse, un regard levé, quasi méfiant, avec un rouge et des ombres pour faire de lui un serviteur du mal. Fausse piste ! Fausse piste ! :)
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