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mercredi 8 février 2023

La Vie de Louis Pasteur - The Story of Louis Pasteur, William Dieterle (1936)


 Affirmant que certaines maladies sont provoquées par des microbes, Louis Pasteur se heurte à une communauté scientifique sceptique. Sa découverte d'un vaccin contre la maladie du charbon et la rage la convaincra.

La Vie de Louis Pasteur est le film qui inaugure la grande série de portraits filmés réalisés par William Dieterle et joués par Paul Muni. Ces biopics étaient consacrés à de grandes figures s'étant illustrées par des actions novatrices et anticonformistes ayant laissées une place historique majeure, ce que l'on retrouvera dans les films suivant du cycle comme La Vie d'Émile Zola (1937), Juarez (1939), La Balle magique du Docteur Ehrlich (1940) ou encore Une dépêche Reuter (1940). Le film est initialement un projet mineur pour le studio Warner et intègre donc avec une relative fraîcheur les éléments qui tiendront de la formule dans les films suivants plus rodés. Parmi eux on trouve la stupéfiante capacité de mimétisme de Paul Muni avec ses illustres modèles, ici aidé par un impressionnant maquillage et un langage corporel qui traduit parfaitement l'intensité, la passion et le hiératisme que dégagent les vrais photos connues de Louis Pasteur. 

La courte durée (87 minutes à peine) amène son lot de raccourcis et d'évènements romancés voire inventés pour aller à l'essentiel. Le scénario exacerbe notamment le climat de défiance entourant les théories de Pasteur et en fait un véritable paria pour ses pairs alors que, si ses travaux furent certes largement discutés, il rencontra tout de même assez vite une grande reconnaissance publique (il sera notamment fait chevalier de la légion d'honneur en 1853). La scène du début de film où il est banni par Napoléon III ne saurait être plus fausse puisque fidèle royaliste, Pasteur faisait partie du cercle rapproché de l'empereur qui le nomma même sénateur. Il en va de même pour l'attaque qui le rendra en partie hémiplégique dont il fut victime des années avant la période où le film situe l'évènement, renforçant ainsi le sentiment profond de dévotion et de sacerdoce de Pasteur. Tout cela contribue au schéma "seul contre tous" voulut par le film qui ne rendra que plus grands les triomphes à venir de Pasteur.

Ces partis-pris donnent aux actions de Pasteur un sentiment permanent de défi et une grande partie du film constitue un mélange de joute et de mélodrame scientifique où notre "héros" devra démontrer contre ses pairs et pour ses malades la réalité de ses théories. Cela permet avec certes beaucoup de simplifications une vraie vulgarisation scientifique où l'on observe les cheminements de pensées, les ratés et les réussites dans les différentes expérimentations qui conduiront aux vaccins contre le charbon ou la rage. Les éléments les plus flamboyants ne sont pas forcément les plus faux comme cette péripétie avérée qui vit Pasteur se voir confier Joseph Meister (joué par Dickie Moore enfant acteur aperçu dans Peter Ibbetson notamment), un jeune alsacien mordu par un chien atteint de la rage qu'il va sauver. William Dieterle ajoute une certaine emphase dramatique mais les enjeux sont crédibles, Pasteur vacillant au moment d'administrer sans réussites préalables sur les humains un vaccin ayant fait ses preuves sur les chiens. Autre grand moment (là totalement inventé), le duel médical où il teste l'un de ses vaccins sur cinquante moutons face à cinquante autre s'étant vu injecter un virus par un de ses collègues. 

Le sentiment d'effervescence est constant, les libertés ne sont prises que pour appuyer cette facette purement scientifique et la prestation habitée de Paul Muni évite tout sentiment de froideur. On trouve déjà ce croisement de quasi sainteté et de profonde vulnérabilité qui caractériseront les portraits suivants du duo Dieterle/Muni, le point d'orgue étant ici la séquence où des agriculteurs russes contaminés par la rage font le voyage en France pour être soigné par Pasteur. Et ce dernier diminué par son attaque va venir leur administrer son traitement en fauteuil roulant sur leur lit d'hôpital. Cela fonctionne parfaitement, alliant parfaitement veine intimiste et sentiment de grandeur constant idéalement introduit du fait de connaître la portée future des travaux de Louis Pasteur. Le film sera un immense succès qui initiera donc ce cycle des grands hommes, et gagnera trois Oscars dont celui du meilleur acteur pour Paul Muni.


 Sorti en dvd zone 1 chez Warner

3 commentaires:

  1. C'est amusant comme la photo de l'acteur dans le labo ramène à tout l'imagerie de savants fous des années 1930 ou des décennies suivantes. Mais non, point de délire fantastique ni de déviance gothique ici, la science est sérieuse.

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    1. Oui c'est vraiment la photo promo qui donne cette impression car dans le film zéro excentricité, il est sérieux comme la justice du début à la fin ^^

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    2. Ceci dit, même l'affiche est trompeuse, un regard levé, quasi méfiant, avec un rouge et des ombres pour faire de lui un serviteur du mal. Fausse piste ! Fausse piste ! :)

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