John, professeur d'histoire, est surpris par ses collègues avec une fête en son honneur. Il finit par leur avouer qu'il n'a pas 35 ans, mais 14000.
Man from earth est certainement une des exploitations les plus passionnantes du thème de l’immortalité. Si le film date de 2007, son idée est bien antérieure, issue de l’imagination de l’écrivain de science-fiction Jerome Bixby qui l’envisage dès les années 60 et l’exploite dans son scénario pour l'épisode Requiem pour Mathusalem de la troisième saison de la série Star Trek. Il dictera le scénario à son fils Emerson Bixby sur son lit de mort et le film sera produit en indépendant quelques années plus tard.
L’originalité de Man of earth est le contraste entre l’ambition du propos et la modestie de son dispositif. John sur le point de quitter ses collègues universitaires leur révèle la raison de ce départ, il est un être immortel de 14 000 ans qui change d’environnement dès lors que son absence de vieillissement devient suspecte pour son entourage. Devant les doutes naturels de ses amis, John (David Lee Smith) argumente non pas par la logorrhée et une démonstration d’érudition, mais au contraire par la simplicité et l’évidence de son propos. Quelques indices physique auront semé le doute en amont de son aveu (le fait qu’il possède un original de Van Gogh) mais c’est très clairement la joute verbale où il ébranle les certitudes intellectuelles, morales et philosophiques de ses interlocuteurs qui fait vaciller le récit. Richard Schenkman filme une captivante joute verbale qui s’appuie grandement sur de réelles théories mettant à mal les fondations historiques et spirituelles de l’humanité comme le fait que les enseignements de Jésus-Christ ne sont qu’une relecture hébraïque de la philosophie bouddhiste. Le film pousse le bouchon en faisant de ce mimétisme l’œuvre d’un seul vecteur, un être immortel qui a fait circuler une pensée d’une civilisation à une autre à travers le temps.David Lee Smith est particulièrement convaincant et habité dans le rôle, le reste du casting, entre l’envie de croire (Tony Todd) et le déni d’une possible évidence qui briserait ses idéaux (Ellen Crawford), apportant une crédibilité bienvenue quelle que soit sa réaction. Par la seule force évocatrice du verbe (où l’on sent que c’est issu de l’imagination d’un écrivain) le film n’a donc nul besoin d’user de flashbacks historique façon Highlander et fascine par sa joute verbale brillamment menée et son intrigue solide malgré les concepts périlleux abordés. On regrettera juste la facture formelle un peu timorée qui fait téléfilm parfois, quelques idées de cadrages font mouche mais le huis-clos aurait pu être un peu plus dynamique – on imagine ce qu’un Shyamalan aurait pu en faire. Une réussite néanmoins et un film culte en puissance, qui connaîtra une suite tardive avec The Man from Earth: Holocene (2016).Sorti en dvd zone 2 français
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