Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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mercredi 15 mars 2023

The Glorious Asuka Gang! - Hana no Asuka-gumi!, Yoichi Sai (1988)


 The Glorious Asuka Gang est l'adaptation d'un shojo manga à succès de Satosumi Takaguchi, publié entre 1985 et 1995. S'il s'agit du premier film cinéma autour du titre, il a auparavant connu une version animée sous forme d'OAV en 1987 (un autre suivra en 1990) et une série télévisée en prises de vues réelles de 23 épisodes cette même année 1988. Le manga était un des plus fameux titres autour des sukeban, sous-genres traitant de la délinquance féminine et popularisé dans les années 70 tant sur papier qu'au cinéma dans de très populaires productions Toei (comme la série des Terrifying Girls' High School ou Delinquent Girl Boss déjà évoquées sur le blog). Si la série tv semble plutôt fidèle au manga avec son héroïne partagée entre sa vie lycéenne et son activité de délinquante, le film de Yôchi Sai semble prendre bien plus de libertés par rapport au matériau original. L'aspect sukeban existe par contraste avec le rejet d'une existence normale dans ce type de récit, mais la normalité est absente dans le monde en vase-clos du film.

L'esthétique oscille entre rétro, imagerie cyberpunk et une certaine forme de théâtralité dans les décors majoritairement studios, notamment la grande ruelle où vont se dérouler la plupart des grandes confrontations. L'autre aspect récurrent du sukeban est l'union adolescente (après quelques bisbilles) et plus particulièrement féminine contre un monde adulte masculin oppressant représenté par la pègre, les yakuzas. Ces codes sont un peu détournés ici par la dimension pop et rétrofuturiste du film (somptueuse photo de Takeshi Hamada), qui le fait par exemple lorgner sur Les Rues de feu de Walter Hill (1984) et anticipe la veine de certaines productions hongkongaises mettant aussi en valeur les femmes d'actions comme le girls with guns ou le diptyque Heroic Trio/Executionners de Johnnie To (1993). Dès lors, plus que la jeunesse pure et rebelle, l'héroïne Asuka (Miho Tsumiki) représente une forme de droiture morale dans un monde corrompu. Ancienne membre d'un des gangs se partageant le quartier de Kabukicho notamment par le trafic de drogue et le proxénétisme, Asuka est un grain de sable destructeur pour la pègre locale.

La brillante scène d'ouverture montre la confrontation factice entre la police corrompue et un gang distribuant ses pilules dans le quartier, l'opposition tourne à l'hilarité générale quand soudain asuka surgit et sème le chaos en enflamment le décor au propre comme au figuré. L'une des grandes idées du film c'est le physique de cette héroïne teigneuse. Petite et frêle en apparence, c'est une boule de nerf insaisissable jouée avec hargne et intensité par Miho Tsukimi qui dégagement une présence impressionnante. Yochi Sai filme avec une égale nervosité empoignade au corps à corps, cascade heurtée et pyrotechnie, tout en posant en parallèle une stylisation marquée de son univers. Il y a une imagerie urbaine sordide typique du cinéma des années 80 tout en amenant l'esthétique de néons plus spécifiquement japonaise, tandis que les entrevues entre les hautes sphères de la pègre nous font admirer une imagerie entre froideur hi-tech et tradition du décorum yakuza façon années 80. 

Comme évoqué plus haut le conflit plus spécifiquement générationnel ou homme/femme est plus ténu ici, la méchante étant une femme mystérieuse et inquétante, Lady Hibari (Mikari). Son allure ainsi que celle de son bras droit soulignent l'origine manga du film avec un côté très iconique mais se fondant bien dans l'univers du film. Les relations entre les héroïnes notamment Asuka, l'ambivalente Yoko (Kumiko Takeda) et sa sœur Miko (Yôko Kikuchi) contribuent à rendre la tournure du récit imprévisible mais parfois aussi un peu nébuleux sans le background du manga. Si l'on est charmé par les personnages charismatiques et impressionné par la facture esthétique, le bât blesse cependant au niveau du rythme du film qui passé ses pétaradantes 40 premières minutes peine un peu à trouver un second souffle. Mais rien que pour l'énergie et le visuel, cela vaut vraiment le coup d'œil dans le paysage du cinéma japonais 80's.

Pour l'instant inédit en dvd français mais prochainement édité en France chez Spectrum Films, patience !

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