Terrifying Girls' High
School: Lynch Law Classroom est une des nombreuses productions Toei s’emparant
du phénomène sukeban, soit la
délinquance féminine au Japon. Prolongement au féminin de la culture zoku (gangs juvénile japonais inspirés
de la culture rock américaine 50’s, culte du cuir, de la moto et des coiffures
gominées popularisé par La Fureur de
Vivre (1955) ou Elvis Presley), le mouvement sukeban trouve son essor dans
les années 60 et 70 à travers ses gimmicks vestimentaires (les jupes longues
des uniformes des lycéennes rebelles montrant leur refus de se plier à la
moindre séduction) et différents codes et rituels. La Toei flaire le potentiel
commercial et lance la saga des Girl Boss mêlant habilement érotisme pinky,
émois adolescent et vrai film d’action féministe souvent porté par le duo de
starlette Miki Sugimoto (la teigneuse) et Reiko Ike (la bombe sexuelle plus
séductrice) qui s’unissent où s’oppose au cours des sept films de la série. Les
connaisseurs auront eu l’occasion de se familiariser avec le genre avec les
excellents Delinquent Girl Boss :
Wothless to confess (1971) ou Girl
Boss Guerilla (1972), merveilles pop éditées en dvd aux Etats-Unis.
La saga des Girl Boss
achevée, la Toei en crée une nouvelle avec les Terrifying Girls’ High School dont ce Lynch Law Classroom est le second des quatre épisodes. Si Miki
Sugimoto y reprend son personnage hargneux et féru de justice et que les
retrouvailles avec Reiko Ike le temps d’une scène en font une
suite/prolongement des deux sagas, inutile d’avoir tout vu pour se mettre dans
le bain. A la mise en scène se trouve le génial Norifumi Suzuki qui confère une
vraie identité au film. Contrairement aux Girl Boss alliant teen movie naïf et
affrontement urbain, les Terrifying Girls High School s’avèrent sombre et
tourmentés dans leurs descriptions des mœurs adolescente. Le scénario décalque
ainsi dans un cadre lycéen le sadisme et la torture qu’on trouve dans les geôles
de la série de La Femme Scorpion,
mais aussi le fétichisme en uniforme et le récit de vengeance de l’excellent Le Couvent de la Bête sacrée (1974)
justement signé Norifumi Suzuki.
La terreur règne dans un lycée pour
délinquantes où, pour améliorer ses statistiques et nourrir ses ambitions un
sous-directeur fait d’un groupe d’étudiantes sadiques sa garde armée chargée de
dresser et mettre au pas les autres élèves. Le film s’ouvre sur le meurtre d’une
élève défenestrée par ses camarades. Trois nouvelles élèves plus dures à cuire
que la moyenne vont pourtant venir mettre à mal cette situation. La
caractérisation des trois joue des différents registres du film avec la rebelle
Miki Sugimoto, son acolyte plus « garçon manqué » défiant les garçons
au couteau en pleine rue ou encore la plus coquine devançant les avances d’un
chauffeur routier entreprenant pour mieux le briser.
Le film cède dans un premier temps aux clichés du « film
de prison » dans la plus pure production d’exploitation avec nudité
gratuite, promiscuité menant à des scènes saphique et quelques moments de
tortures complaisant tout en restant surprenant – c’est le premier film
illustrant une scène d’Omorashi soit l’excitation à voir une personne s’uriner
dessus à travers la longue humiliation que va subir une élève. Les conventions
cèdent pourtant peu à peu à un propos rageur sur la société japonaise et plus
particulièrement la situation des femmes. Les plus intimidantes en apparence sont
ainsi les jouets du sous-directeur (dont une glaçante Seiko Saburi en matrone
des méchantes) tandis que toutes les autres en sont réduite à des objets
sexuels, de leur plein gré ou de force comme le montrera une insoutenable scène
de viol.
Cette soumission est totalement inscrite dans leurs caractères comme
le montrera une des dernières séquences où la fiancée du sous-directeur « s’offre »
au recteur pour pardonner sa disgrâce. Miki Sugimoto et ses acolytes, rétives à
l’autorité et réellement indépendantes font donc figures d’anomalie, ce qui
occasionnera des affrontements aux proportions toujours plus sauvage. Aux
intimidations et maltraitances ordinaires cèdent ainsi un sadisme recherché (la
fameuse scène d’Omorashi donc) et une brutalité choquante. Hormis le personnage
du maître-chanteur allié des héroïnes, tous les hommes apparaissent comme
corrompus et libidineux, prêt à souiller les jeunes filles dont ils ont la
responsabilité.
Le style visuel pop et tapageur de Norifumi Suzuki se fait plus
rare ici (la scène de départ du directeur et ses éclairage rouge accentuant l’humiliation, les cadrages alambiqués)
pour une approche plus heurtée témoignant des émotions à vif du récit. Le tout
culmine dans un final apocalyptique et exutoire où les filles châtient leurs oppresseurs
et affronte la police dans une scène de guérilla chaotique au sein du lycée
assiégé. Entre facilité et fulgurance formelle/thématique, une œuvre idéale
pour s’initier au genre et au duo infernal Miki Sugimoto/Reiko Ike.
Sorti en dvd zone 1 chez Panik House dans le coffret Pinky Violence réunissant quelques fleurons du genre
Extrait de la scène d'ouverture
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