Le 4ème prince de la dynastie des Qing se sait menacé pour sa succession. Afin de se replacer dans la course, il s'allie avec des résistants Han en leur promettant de cesser les discriminations. Traitre jusqu'au bout, le nouvel empereur oublie ses promesses et élimine ses anciens alliés...
The Lady Assassin est un des derniers feux d’un studio Shaw Brothers déclinant, et ce dans son genre de prédilection du wu xia pian. Le film est réalisé par Tony Liu, metteur en scène ayant plutôt fait ses armes dans la kung fu comedy à la fin des années 70, mais ayant aussi contribué à des tentatives de renouveler le wu xia pian au début des 80’s à coups de pyrotechnie hollywoodienne avec l’extravagant Holy Flame of the Martial World (1983) dans la lignée du Zu, les guerriers de la montagne magique (1983) de Tsui Hark. Le récit historique de The Lady Assassin est donc pour lui l’occasion, avec Secret Service of the Imperial Court (1984), l’occasion de s’atteler à un film au propos plus sérieux.
Le film s’inspire de la légende entourant Yongzheng, empereur de Chine sous la dynastie Qing, et selon laquelle il accéda au trône par les intrigues en falsifiant le décret de succession de son père Kangxi qui ne lui destinait pas le trône. Si ces faits sont désormais contredits par les historiens, ils offrent une matière romanesque idéal pour The Lady Assassin qui mêle habilement intrigues de palais et combats frénétiques. La narration alerte installe de façon assez limpide les tenants et aboutissants, les jeux de pouvoirs, les rivalités et alliances dans un contexte historique solidement ancré même si le traitement pulp s’éloigne de toute réalité. La pluie d’informations et la multiplicité des péripéties exigera néanmoins une attention de tous les instants et, hormis l’absence de fantastique et de sexe, le foisonnement de The Lady Assassin rappelle le meilleur des adaptations hautes en couleurs de Chu Yuan des romans de Gu Long (Le Complot des Clans (1977), La Guerre des Clans (1976), Le Sabre Infernal (1976), Le Tigre de Jade (1976)…).A la relative rigueur que s’impose Tony Liu pour affirmer ce virage sérieux dans le contexte du récit, répond à l’inverse une folie et inventivité formelle époustouflante héritée de son passif lorsqu’il met en scène l’action. Le film est vraiment à la croisée des chemins du genre wu xia pian. Les décors studio, les armes, costumes et la photo de Philip Ma sont dans la droite lignée des productions classiques Shaw Brothers telles qu’on les connaît. Néanmoins, l’alternance de hiératisme presque japonais de certains cadrages et de pures extravagances dans les chorégraphies furieuses rappelle les mues que subit alors le wu xia pian à cette période sous la férule d’un Patrick Tam dans un film comme The Sword (1980).Montage frénétique, accélérations fulgurantes, utilisations virtuose des câbles dans les joutes aériennes et décors à tiroirs permettant les bottes secrètes les plus inattendues, c’est un véritable festival qui épuisera l’œil le plus aguerri et nécessitera un second visionnage. Si Tony Liu privilégie malgré tout une ligne claire et bariolée, le chaos à venir des incursions de Tsui Hark réalisateur/producteur dans le wu xia pian se ressent largement. Il manquera peut-être juste un peu d’émotion dans ce récit dénué de respiration, mais le casting charismatique et donnant de sa personne est néanmoins à saluer, Lau Wing en tête en fourbe 4e Prince, Norman Chu en vassal tragique et une Leanne Liu hargneuse à souhait en nymphe vengeresse. Un excellent divertissement.Sorti en bluray français chez Spectrum Films
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