Nami Matsushima est arrêté mais s'échappe pendant l'escorte. Nami est aidé par Kudō , un ancien activiste de gauche, traumatisé d'avoir été torturé par la police dans sa jeunesse.
La Mélodie de la rancune est le quatrième volet de la saga de la femme scorpion après La Femme Scorpion (1972), Elle s’appelait Scorpion (1972) et La Tanière de la bête (1973). Sur de pures bases de film d’exploitation, la série était parvenue sur le fond et la forme à une brillante radicalité et un propos vindicatif sur tout un pan oppressant de la société japonaise. La Mélodie de la rancune marque un tournant dans la saga puisqu’il est le premier à ne pas être réalisé par Shunya Ito, auteur s’inscrivant dans une vraie démarche militante de gauche dont il avait de manière grandissante réussit à imprégner les films. Il s’agit aussi du dernier opus interprété par la charismatique Meiko Kaji, qui laissera sa place sur les deux films suivants qui tenteront de relancer la série.
La Mélodie de la rancune est réalisé par Yasuharu Hasebe, un des premiers à cerner le talent de Meiko Kaji qu’il fit débuter dans des premiers rôles à la Nikkatsu sur la série à succès Stray Cat Rock, et notamment Stray Cat Rock : Female Boss (1970). S’il n’a pas l’engagement politique rageur de Shunya Ito, Hasebe est un formaliste doué du cinéma d’exploitation et un provocateur apte à capturer les pans les plus dérangeant de l’humanité, notamment dans certains Roman Porno putassiers signés à la Nikkatsu comme Harcelée (1976). La première partie du film s’inscrit dans la continuité politisée de Shunya Ito. Nami (Meiko Kaji), de nouveau en cavale, est arrêtée par la police mais parvient à s’échapper, blessée et affaiblie. Elle est recueillie par Kudo (Masakazu Tamura), un homme meurtri dans sa chair et brisé dans son esprit. Ancien militant de gauche, il ne s’est jamais remis des brutalités policières qu’il a subi, et est rongé par le remord d’avoir dénoncé ses camarades. Il voit donc en Nami un reflet plus déterminé de lui-même, et une chance de rédemption en l’aidant. Notre héroïne fend également son armure taciturne car émue par la vulnérabilité de son sauveur. Hasebe semble pourtant annoncer la tournure tragique de cette liaison en reprenant et détournant les leitmotivs formels du premier film lorsque Nami et Kudo font l’amour. Il reprend les cadrages et la symbolique du début de La Femme Scorpion lorsque Nami était trahie par son amant, alternant entre le visage soumis de Meiko Kaji et une image abstraite de cercle clignotant au sein d’un écran blanc – qui dans le premier film signifiait le drapeau du Japon avec le sang de la virginité de Nami. Nami perd ainsi de nouveau symboliquement son innocence en accordant sa confiance à un homme non pas fourbe cette fois, mais faible de caractère.Kudo capturé et torturé (cette fois psychologiquement) par la police va finir par dénoncer Nami qui va retourner croupir en prison. On regrette vraiment que la trame de cette moitié de film n’ait pas été étalé sur l’ensemble du récit. La tournure très « Bonny and Clyde » au Japon promettait des situations intéressantes, et le duo Nami/Kudo constituait les deux faces d’une même pièce en tant que victimes du système. Kudo brisé par le système autoritaire d’un état policier japonais de droite semble condamné à rejouer la boucle d’un élan de rébellion suivie de la trahison par lâcheté de ses compagnons une fois aux mains de la police. On pourrait en dire autant de Nami qui alterne évasions vengeresses et réincarcération douloureuse depuis quatre films. Pour renforcer ce lien, le scénario fait de l’infâme inspecteur (Toshiyuki Hosokawa) traquant Nami le même policier que celui qui tortura jadis Kudo.La deuxième partie retrouve le cadre de la prison et s’avère moins surprenante malgré quelques bonnes idées. Le pénitencier est tenu par une femme (Akemi Negishi) et surveillé par des gardiennes, sans adoucir pour autant les traitements sadiques aperçus dans les volets précédents sous l’égide d’homme. A l’humiliation et la torture s’ajoute cette fois cependant la manipulation mentale, invitant les prisonnières condamnées à mort à expier devant Bouddha avant le jour fatidique. Nami n’est pas dupe de cette comédie mais malheureusement le film n’approfondi pas suffisamment cet excellent postulat qui là aussi aurait mérité d’être traité sur un film entier. Il y a vraiment le sentiment d’avoir deux intrigues distinctes qui s’annulent mutuellement ce qui est assez frustrant. Heureusement Yasuharu Hasebe met en scène quelques tableaux saisissant qui, même s’ils font office de redite, épatent par leur ritualisation solennelle et bariolée des mises à mort vengeresses de Nami. Cette revanche finale s’orchestre en deux temps, d’abord une pendaison tout en imagerie baroque et chaos rageur, puis une exécution plus douloureuse de l’ancien compagnon d’arme où Nami retrouve sa tenue iconique de Sasori. Cet épisode final de Meiko Kaji est clairement le plus faible des quatre, mais vaut néanmoins le coup d’œil par les nombreuses pistes intéressantes (bien qu’inabouties) qu’il explore.Sorti en bluray chez Le Chat qui fume
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire