Matsu, surnommée
Sasori, est une prisonnière rebelle, haïe et maltraitée par le directeur de la
prison. En rentrant d'une journée de travaux forcés, Mastsu s'échappe en
compagnie de quelques autres prisonnières. Le directeur de la prison fera tout
pour les retrouver, mortes ou vives.
La Femme Scorpion
(1972) avait constitué un grand succès consacrant l’incursion de la Toei dans
le Pinku Eiga tout en faisant de Meiko Kaji une véritable icône. Le film
constituait encore une pure œuvre d’exploitation où le message féministe rageur
s’intégrait à une intrigue et des situations typiques du genre, entre érotisme
racoleur et violence sadique. Ce deuxième volet prend un tour bien plus radical
dans son propos, tirant vers des territoires inattendus les bases posées par le
premier. Suite aux évènements de La
Femme Scorpion, notre héroïne Sasori (Meiko Kaji) a été ramenée en prison
et placée en isolement dans une cellule insalubre par pure vengeance du
directeur qu’elle a humilié et rendu borgne. Le début du film joue donc à fond
des motifs d premier volet avec cette ambiance carcérale oppressante, ce
sadisme révoltant dans les maltraitances que subit Sasori mais aussi dans l’ambiance
délétère et l’absence de solidarité entre prisonnière.
Tous ces éléments
prendront une tournure exacerbée lorsque Sasori va s’évader en compagnie de six
autres prisonnières. La Femme Scorpion
disposait d’une trame qui tendait toute entière vers l’objectif de vengeance de
Sasori, filant droit tout en intégrant facette racoleuse et/ou vindicative. Elle s’appelait Scorpion est bien
différent, constituant un récit d’errance sans but pour nos évadées. Le
directeur de la prison constitue certes un antagoniste, mais pas aussi
intimement lié à l’héroïne que le fiancé sournois du premier film. Le directeur
figure en fait ici le japonais dans son ensemble, dominateur, indifférent et
cruel envers les femmes. Les prisonnières fuient donc cette oppression masculine
symbolisant la société japonaise et exacerbée par le contexte de la prison où,
à la merci de leur geôliers hommes les malmenant à leur guise.
Shunya Ito semble faire de ces femmes des figures
sacrificielles dont les souffrances constituent comme un cycle perpétuel. Ces
tourments en ont d’ailleurs fait des êtres bestiaux et brutaux dont les écarts
finissent par rapprocher de ceux qui les persécutent. Ainsi avant l’évasion les
compagnes de Sasori vont la brutaliser dans la fourgonnette de la prison car
elle semble avoir trop appréciée à leur gout le pourtant insoutenable viol
collectif qu’elle a subie sous leurs yeux. Le réalisateur va ainsi convoquer
une imagerie surréaliste de théâtre kabuki pour à la fois signifier la nature
ancestrale de la soumission féminine mais aussi pour montrer les dérives où
elle a conduit avec e détail des crimes de chacune des évadées, tout sauf des
oies blanches. Infanticides, meurtres, malveillance, toutes semblent être devenues
à leur tour des monstres, seul moyen de se montrer l’égal de l’ennemi masculin.
Cette dimension de malédiction se manifestera aussi par la rencontre d’une sorte
de spectre de vieille femme marquée par une douleur qui restera inconnue.
Sasori est finalement très en retrait de ce second volet.
Elle avait représenté la revanche des femmes dans La Femme Scorpion où en punissant avec une rage jubilatoire tous
ceux l’ayant trahie. Elle est plutôt ici observatrice, ne pouvant être placée
au même niveau que ses acolytes basculant dans une barbarie primitive quand
chacune de ses actions signifiera toujours une vengeance concrète et ciblée.
La
mise en scène de Shunya Ito oscille ainsi entre naturalisme (tous les effets
pop et cadrages alambiqués du premier film ont disparu) et onirisme faisant du
film un long cauchemar ininterrompu. Les personnages traversent des contrées
montagneuses et désertiques à l’image de leur avenir sans espoir, chaque
rencontre est synonyme de mort provoquée ou subie et la photo de Masao Shimizu
baigne l’ensemble dans une ambiance automnale baroque et oppressante. Le film
va en fait plus loin que la réflexion féministe première en posant un constant
désespéré de l’humanité et plus précisément du Japon.
Cette évocation de l’invasion
de la Chine par le Japon et les exactions qui y furent commise (un personnage
masculin racontant hilare leur méthode au front pour violer des chinoise) est
tout sauf anodine, la barbarie des hommes ayant brisé ou transformé les femmes,
rendant dans le film tout rapprochement impossible sauf dans l’abjection et la
monstruosité (la longue séquence du bus où les prisonnière malmènent les
passagers sans distinction). Meiko Kaji propose ici une prestation encore plus
taciturne (elle prononce son premier mot dans le dernier quart d’heure), son
regard noir et visage impassible n’exprimant plus seulement la rage intérieure mais
aussi une forme de résignation et d’impuissance face à l’inexorable violence.
Il est ainsi dommage que sur la toute fin le film quitte cette approche aride
pour recoller à celle vengeresse dont la vacuité nous a pourtant été
démontrée. Un revirement sans doute imposé par la Toei (et histoire d’annoncer
le troisième volet) mais qui ne fait pas illusion avec la mise en image de Ito.
Le semblant de solidarité féminine ayant enfin cours en toute fin vient du
personnage féminin le plus détestable et la conclusion revanchard (où Sasori
reprend sa mythique tenue d’ange de la mort avec chapeau et imper noir) est
loin de l’exaltation ressentie dans le film précédent, faisant presque de cette
assouvissement une scène de rêve. Entre la furie de La Femme Scorpion et la désolation
de celui-ci, la saga s’affirme en tout cas passionnante et témoigne de l’agitation
idéologique d’alors au Japon.
Sorti en dvd zone 2 français chez Pathé dans un coffret regroupant tous les épisodes de la saga
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