Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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mardi 25 juillet 2023

La Proie d'une ombre - The Night House, David Bruckner (2021)

Beth vient récemment de perdre son mari. Elle vit désormais dans la maison qu'il avait construite pour eux, tout près d'un lac. Beth commence à avoir des visions d'une étrange présence. Elle va alors découvrir les secrets de son défunt époux.

Au bout d'une heure de film, un ami recommande à l'héroïne Beth (Rebecca Hall) de trouver un autre moyen de combler le vide que provoque en elle la douleur du suicide de son mari. C'est la verbalisation d'un sentiment qui court depuis le début du récit, dans les thèmes et l'esthétique du film. Beth ressent une douleur profonde face à la disparition aussi violente qu'inattendue et inexplicable de son époux, et David Bruckner traduit cette absence par le sentiment de deuil et d'autres éléments plus étranges. Les compositions de plan montrant Beth déambuler dans sa vaste maison où elle est désormais seule laissent constamment un espace vide traduisant cette absence, en divisant l'image en deux, en réduisant la silhouette du personnage. L'autre vide à combler est celui du mystère du geste fatal du mari, et de la double vie étrange que découvre Beth dans ses affaires. 

Le film creuse le sillon du drame psychologique avec une Rebecca Hall à la dérive et seule à l'écran la plupart du temps, passant par l'abattement, le désespoir et la colère. Progressivement ce vide à combler s'avère reposer sur un argument surnaturel, ou alors est-ce la santé mentale de Beth qui vacille ? Le doute s'immisce et les vides à combler prennent un tour plus inquiétant, façonnant un monde et espace double de plus en plus cauchemardesque. Les rêves de Beth dressent un envers halluciné et glaçant de son quotidien, une silhouette menaçante semble se dessiner dans les interstices de la maison en jouant sur l'ambiguïté entre le fantastique et l'illusion d'optique. 

Le film souffre tout de même de longueurs en travaillant essentiellement l'ambiance et la mise en place mais la récompense est là avec un climax haletant quand vient l'heure des explications. Onirisme, récit de possession ou de fantômes, cauchemar dépressif, toutes les interprétations restent possibles dans une conclusion osant la bascule dans la pure imagerie baroque. La photo de Elisha Christian, le décor glissant sont bien servi par la mise en scène efficace de David Bruckner mais c'est bien l'impressionnante prestation de Rebecca Hall qui porte l'émotion de l'ensemble. Un joli film gothique contemporain.

Disponible sur Disney+

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