Cage of Gold est un drame domestique assez convenu sur le papier mais réhaussé par son casting et sa tenue formelle. Après avoir jouée une jeune indienne pas insensible au charme viril de David Farrar dans Le Narcisse noir (1947), Jean Simmons dans un de ses premiers rôles adultes retrouve le même partenaire masculin. La relation y est tout aussi passionnée, Simmons y interprétant Judith, jeune femme troublée par les retrouvailles avec Bill (David Farrar), l’homme qui l’a séduite et abandonnée durant la guerre alors qu’il était un soldat en garnison. Consciente de l’emprise que Bill a encore sur elle, Judith tente de l’éviter lors de leur rencontre importune dans le métro, mais il est déjà trop tard. Malgré ses réticences, Judith remet déjà tout en cause pour Bill, dont ses fiançailles avec Alan (James Donald) un jeune médecin prometteur. Bill est à l’inverse un être aux mœurs et fréquentations douteuses, qui va cette fois laisser Judith dans une situation encore plus tragique.
En dépit des carcans de la censure anglaise, Dearden fait transparaître avec brio le trouble que provoque Bill chez les femmes, et en particulière sa nature sexuelle. Soutenir sa présence, c’est déjà lui céder quels que soient ses torts antérieurs comme va le constater Judith mais aussi Marie (Madeleine Lebeau), une amante parisienne de Bill dont la passion va pousser à des actes plus extrêmes. Le mélange de séduction animale et d’élégance de David Farrar semble être un véritable piège à femmes « comme il faut » dans le cinéma anglais de l’époque, faisant vaciller les vœux de nonnes dans Le Narcisse noir ou brisant les tentatives de se civiliser de Jennifer Jones dans La Renarde (1950). Dearden de lui une présence dominatrice, envahissante et sournoise par des leitmotivs subtils, notamment les compositions de plans où sa présence s’impose paradoxalement en arrière-plan (comme une sorte de mauvais génie) notamment lors du dîner entre Alan et Judith, ou lors de ses visites impromptues chez Judith au début et la fin du film. Le tourment du désir contenu de la première visite cède à celui du bonheur gâché par l’intrus lors de la seconde, avec une Jean Simmons exposant tour à tour la fragilité de la jeune fille amoureuse puis celle de la femme angoissée. La photo tout en clair-obscur de Douglas Slocombe sublime cette note d’intention, et atteint même des sommets lors d’une course éperdue dans la brume londonienne durant la dernière partie. Dearden ose également une séquence saisissante lors d’une ultime confrontation entre Bill et Judith, avec une caméra s’engouffrant dans le canon d’une arme dont la possible détonation s’entremêle aux vapeurs d’une cocote minute. Toute cette inventivité est cependant au service d’un récit assez convenu, notamment une résolution allant au bout de sa noirceur passionnelle avec un autre personnage mais laissant le couple central sans heurts.Sorti en bluray anglais doté de sous-titres anglais chez Studiocanal
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