1985 : les anciens du lycée Buchanan,
classe 1960, se retrouvent pour leur vingt-cinquième réunion. Ce soir,
ils sont venus en habit d'époque, jupes gonflantes, robes des sixties,
brosse et nœuds pap' pour les garçons. Peggy, très populaire en 1960, se
retrouve reine de la soirée avec pour partenaire son mari, Charlie, le
rocker. Mais ce tandem si brillant jadis est sur le point de se séparer.
Revoyant son mari dans sa prime jeunesse, Peggy, encore amoureuse,
s'évanouit. Elle s'enfonce dans le rêve et revit ces fameuses années
1960...
Perdu dans des projets mastodontes où sa mégalomanie et un public changeant provoquèrent les échecs (le superbe
Coup de cœur, le raté
Cotton Club, le semi échec du retour aux sources du
Parrain 3), Coppola su pourtant retrouver un vraie fraîcheur à travers de plus modeste films comme l'enchaînement
Rusty James/
Outsiders et ce
Peggy Sue s'est mariée, charmant conte moderne.
Le poids du passé, le regret de ce qui aurait pu être, (lourdement) au cœur du
Parrain 3
à venir sont abordés avec une grande délicatesse ici. Peggy Sue
(Kathleen Turner) est une quarantenaire à la croisée des chemins. En
instance de divorce avec Charlie(Nicolas Cage), l'amour de sa vie,
Peggy Sue s'interroge sur ses choix. De ses rêves juvéniles d'ailleurs
d'aventures, il ne reste pas grand-chose puisqu'elle est demeurée dans
sa ville où elle tient une boulangerie et qu'en se mariant jeune elle
n'a connu qu'un seul homme et raté la révolution sexuelle des 60's.
Toutes ces questions remontent à la surface lors de la réunion de lycée
où elle va croiser d'anciens camarades dont Charlie où la joie des
retrouvailles se dispute à la nostalgie et surtout fait resurgir la
question : sachant de quoi l'avenir est fait, agirait elle de la même
façon ? Fantasme dû à cette angoisse ou vrai phénomène surnaturel, suite
à un malaise Peggy Sue se réveille 25 ans plus au temps de son
adolescence au début des 60's. Tout va donc pouvoir recommencer, ou se
rejouer.
L'ambiance 50's naïve et la performance touchante de
Kathleen Turner confère un attrait irrésistible à l'ensemble.
L'émerveillement et la nostalgie de l'héroïne sont aussi ceux du
spectateur, qu'il ait vécu ou fantasmé cette période que la mise en
image de Coppola capture dans des vignettes "americana" façon Norman
Rockwell avec son cadre pavillonnaire immaculé , ses bar à jukebox, ses
garçons gominés... Coppola donne chair à ce chromo rétro à travers les
attitudes de Peggy Sue où les retrouvailles avec les êtres chers
supposés disparus (de manière sous-jacente pour la petite sœur ou la
mère, plus explicite pour les grands parents) font retrouver une
innocence et une candeur surprenante à l'adulte éteinte vue en début de
film.
Cette innocence se traduit dans ce jeu de recommencement où Peggy
Sue va contourner ses habitudes d'antan en forçant des évènements
seulement rêvés alors : sortir avec le bel intellectuel ténébreux qui la
fascinait, dire ses quatre vérités au professeur d'algèbre... Pourtant
tout la ramène toujours à Charlie, joué par un Nicolas Cage débutant
(pas le seul avec un casting comptant des jeunes Jim Carrey, Helen Hunt
ou Joan Allen) qui confère une candeur romantique surprenante à cet apprenti
musicien notamment par l'usage risqué (qui rendirent Coppola et le
studio furieux) d'un timbre cartoonesque chevrotant qui ne ridiculise
jamais le personnage mais le rend d'autant plus fragile et touchant.
Le
film baigne dans un espoir et une quiétude idéalisant ce passé rêvé (et quel score délicat de John Barry) où
finalement le présent est plus à réparer que ces doux souvenirs comme
l'apprendra Peggy Sue sortie de cette illusion. Kathleen Turner trouve
là un de ces tout meilleurs rôles et Coppola signe un de ses films les
plus enchanteurs et positifs dont Noémie Lvosky aura tiré un sympathique
remake officieux récemment avec
Camille redouble.
Sorti en dvd zone 2 français chez Gaumont Columbia
Pour les fans de Coppola la vidéo de sa masterclass au Forum des images en lien ici
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