Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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mercredi 12 décembre 2012

Le Dernier Survivant - The Quiet Earth, Geoff Murphy (1985)


Zac Hobson, un scientifique de la Delenko Corporation, se réveille un matin et découvre que toute trace de vie a disparu. Se retrouvant soudainement seul au monde, passant de la panique au bord de la folie, il finit par comprendre que cet incroyable événement serait le résultat d'une mystérieuse expérience menée au sein même de son entreprise, le projet « Flashlight ».

The Quiet Earth est une pépite méconnue de la SF des 80's et s'avère assez captivant et original dans le sous-genre post apocalyptique. Le film adapte le roman éponyme de Craig Harrison tout en convoquant par ses atmosphères d'autres classiques du genre comme le roman de Richard Matheson Je suis une légende (et par extension ses différentes adaptations) et surtout Le Monde la Chair et le Diable de Ranald MacDougall (1959) dont il constitue presque le remake officieux. Ce qui distingue le film de Geoff Murphy, c'est son ton apaisé laissant bien plus part à l'introspection et aux réflexions métaphysiques.

 Zac Hobson (Bruno Lawrence également co scénariste du film) se réveille un beau matin pour découvrir que son environnement a sombré dans la désolation. Les signes (plus ou moins explicites) sont mis en place dans une ampleur graduelle pour nous faire comprendre qu'il est désormais seul au monde : visions psychédélique étranges provoquant son réveil, l'horloge désormais figée à 6h12, son voisinage puis la ville entière totalement déserte.

L'inquiétude naît du fait que la population se soit totalement évaporée d'un seul coup, les différents objets et symbole quotidien semblant s'être figée en pleine activité avec la disparition des hommes. Cela donne donc des visions d'une grande désolation à travers ces landes puis paysages urbains désert dans lesquels déambule notre héros médusés qui créent un climat oppressant quant à la menace sous-jacente du phénomène cause de cette fin du monde. Les explications arriveront progressivement sans atténuer l'étrangeté de la situation et sans doute lié au projet "Flashlight" sur lequel travaillait Hobson qui est scientifique.

La première partie du film déroule donc l'existence solitaire d'Hobson qui passe par tous les états de peur, folie et désespoir avant de se raccrocher à la vie et s'accommoder de la situation. Bruno Lawrence est formidable en tenant un bon tiers du film seul à l'écran en alternant en jeu tout en retenue poignant et franc dérapages loufoques lorsque Hobson s'abandonne à quelque comportement grotesque tant sa situation semble intenable. Tout bascule à mi-parcours avec l'arrivée d'une seconde survivante, la jolie Joanne (Alison Routledge) avec laquelle s'instaure une complicité amoureuse.

La scène de rencontre crée instantanément cette intimité à travers le soulagement des deux protagonistes de rencontrer enfin une autre âme qui vive lors d'une scène très touchante. Le ton surprend par cette relation tendre et amusée amenant une chaleur certaine contrebalançant le néant environnant. Un troisième survivant vient perturber cette harmonie avec l'arrivée de Api (Peter Smith). Brutal et dominateur, il instaure une rivalité amoureuse avec Hobson pour les faveurs de Joanne et amène une certaine réflexion sociale puisqu'il est maori, le leadership se jouant sur cette question raciale également.

Tous ces éléments pourraient créer une vraie tension où les personnages s'affronteraient pour prolonger cette apocalypse à l'intime (un peu comme Le Monde la Chair et le Diable justement) mais il n'en sera rien. Les rires succèdent aux disputes de manières presque dérisoires face à ce qui se joue et les questions que se posent les personnages sur leur situation. Châtiment divin ? Cauchemar où rien n'est vrai et où tous rêvent cette situation surréaliste ?

Même avec le semblant d'explication scientifique, cette portée onirique demeure (d'autant que les scènes illustrant le phénomène ayant provoqué la catastrophe lorgne vers 2001 avec leur imagerie psychédélique) à travers l'ambiance étrange et paisible posé par Geoff Murphy, la photographie aux teintes de plus en plus picturales et irréelles de James Bartle et le score chargé de spleen et d'atmosphère de John Charles. Ce calme crée un sentiment d'attente et de doute avant un nouveau changement inconnu des personnages. Le film se montre bien plus nébuleux que le livre d'Harrison où les métaphores religieuses étaient plus explicites. L'horloge figé à 6h12 signifiait ainsi les chiffres de la Bête (666 /6-12 = 6 et 6 plus 6) mais aussi un des versets du Livre des Révélation évoquant l'Apocalypse.

Le film se conclu cependant sur un doute magnifique avec une dernière scène mystérieuse en diable où rien n'est résolu et tout reste ouvert face à une ultime vision fabuleuse. L'Au-delà , une dimension parallèle, une autre planète, tout cela est laissé à la libre interprétation du spectateur qu'on laisse là aussi médusé que son héros. Abonné aux actionners plus ou moins réussi dans les 90's et cantonné à la seconde équipe des Seigneur des anneaux dans les années 2000 après un retour à sa Nouvelle Zélande natale (où il engage Peter Smith en Uruk Hai !), Geoff Murphy signe un joli classique SF et on regrettera qu'il n'ait pas poursuivit dans cette veine inspirée.

Sorti en dvd zone 1 en VO sans sous-titres

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