Zac Hobson, un scientifique de la
Delenko Corporation, se réveille un matin et découvre que toute trace de
vie a disparu. Se retrouvant soudainement seul au monde, passant de la
panique au bord de la folie, il finit par comprendre que cet incroyable
événement serait le résultat d'une mystérieuse expérience menée au sein
même de son entreprise, le projet « Flashlight ».
The Quiet Earth
est une pépite méconnue de la SF des 80's et s'avère assez captivant et
original dans le sous-genre post apocalyptique. Le film adapte le roman
éponyme de Craig Harrison tout en convoquant par ses atmosphères
d'autres classiques du genre comme le roman de Richard Matheson
Je suis une légende (et par extension ses différentes adaptations) et surtout
Le Monde la Chair et le Diable
de Ranald MacDougall (1959) dont il constitue presque le remake
officieux. Ce qui distingue le film de Geoff Murphy, c'est son ton
apaisé laissant bien plus part à l'introspection et aux réflexions
métaphysiques.
Zac Hobson (Bruno Lawrence également co scénariste du film) se réveille
un beau matin pour découvrir que son environnement a sombré dans la
désolation. Les signes (plus ou moins explicites) sont mis en place dans
une ampleur graduelle pour nous faire comprendre qu'il est désormais
seul au monde : visions psychédélique étranges provoquant son réveil,
l'horloge désormais figée à 6h12, son voisinage puis la ville entière
totalement déserte.
L'inquiétude naît du fait que la population se soit
totalement évaporée d'un seul coup, les différents objets et symbole
quotidien semblant s'être figée en pleine activité avec la disparition
des hommes. Cela donne donc des visions d'une grande désolation à
travers ces landes puis paysages urbains désert dans lesquels déambule
notre héros médusés qui créent un climat oppressant quant à la menace
sous-jacente du phénomène cause de cette fin du monde. Les explications
arriveront progressivement sans atténuer l'étrangeté de la situation et
sans doute lié au projet "Flashlight" sur lequel travaillait Hobson qui
est scientifique.
La première partie du film déroule donc l'existence solitaire d'Hobson
qui passe par tous les états de peur, folie et désespoir avant de se
raccrocher à la vie et s'accommoder de la situation. Bruno Lawrence est
formidable en tenant un bon tiers du film seul à l'écran en alternant en
jeu tout en retenue poignant et franc dérapages loufoques lorsque
Hobson s'abandonne à quelque comportement grotesque tant sa situation
semble intenable. Tout bascule à mi-parcours avec l'arrivée d'une
seconde survivante, la jolie Joanne (Alison Routledge) avec laquelle
s'instaure une complicité amoureuse.
La scène de rencontre crée
instantanément cette intimité à travers le soulagement des deux
protagonistes de rencontrer enfin une autre âme qui vive lors d'une
scène très touchante. Le ton surprend par cette relation tendre et
amusée amenant une chaleur certaine contrebalançant le néant
environnant. Un troisième survivant vient perturber cette harmonie avec
l'arrivée de Api (Peter Smith). Brutal et dominateur, il instaure une
rivalité amoureuse avec Hobson pour les faveurs de Joanne et amène une
certaine réflexion sociale puisqu'il est maori, le leadership se jouant
sur cette question raciale également.
Tous ces éléments pourraient créer une vraie tension où les personnages
s'affronteraient pour prolonger cette apocalypse à l'intime (un peu
comme
Le Monde la Chair et le Diable
justement) mais il n'en sera rien. Les rires succèdent aux disputes de
manières presque dérisoires face à ce qui se joue et les questions que
se posent les personnages sur leur situation. Châtiment divin ?
Cauchemar où rien n'est vrai et où tous rêvent cette situation
surréaliste ?
Même avec le semblant d'explication scientifique, cette
portée onirique demeure (d'autant que les scènes illustrant le phénomène
ayant provoqué la catastrophe lorgne vers
2001
avec leur imagerie psychédélique) à travers l'ambiance étrange et
paisible posé par Geoff Murphy, la photographie aux teintes de plus en
plus picturales et irréelles de James Bartle et le score chargé de
spleen et d'atmosphère de John Charles. Ce calme crée un sentiment
d'attente et de doute avant un nouveau changement inconnu des
personnages. Le film se montre bien plus nébuleux que le livre
d'Harrison où les métaphores religieuses étaient plus explicites.
L'horloge figé à 6h12 signifiait ainsi les chiffres de la Bête (666
/6-12 = 6 et 6 plus 6) mais aussi un des versets du Livre des Révélation
évoquant l'Apocalypse.
Le film se conclu cependant sur un doute magnifique avec une dernière
scène mystérieuse en diable où rien n'est résolu et tout reste ouvert face à
une ultime vision fabuleuse. L'Au-delà , une dimension parallèle, une
autre planète, tout cela est laissé à la libre interprétation du
spectateur qu'on laisse là aussi médusé que son héros. Abonné aux
actionners plus ou moins réussi dans les 90's et cantonné à la seconde
équipe des
Seigneur des anneaux dans les années 2000 après un retour à
sa Nouvelle Zélande natale (où il engage Peter Smith en Uruk Hai !),
Geoff Murphy signe un joli classique SF et on regrettera qu'il n'ait pas
poursuivit dans cette veine inspirée.
Sorti en dvd zone 1 en VO sans sous-titres
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