Au XVIIe siècle, le gouverneur Don
Théophile convoite la belle meunière Carmela, femme fidèle de Lucas. Il
fait arrêter ce dernier et se rend chez la belle qui le berne. Lucas
s'échappe et, se croyant trompé, se rend chez la femme de Théophile...
Par-dessus les moulins
est une des premières associations d'une des saintes trinités de la
comédie italienne avec réunis ici Vittorio De Sica et le couple Sophia
Loren/Marcello Mastroianni. Les choses sérieuses ont surtout commencé
l'année précédente avec leur premier film en commun le formidable
Dommage que tu sois une canaille
d' Alessandro Blasetti et les chefs d'œuvres arriveront une fois
Vittorio De Sica (seulement acteur ici) de retour derrière la caméra
avec les joyaux que sont
Mariage à l'italienne ou
Hier, Aujourd'hui et demain. Sans atteindre ses sommets,
La Bella mugnaia
est une fort plaisante comédie populaire typique des années 50 par son
détachement des réalités, son cadre historique chatoyant et son
romantisme désuet.
Nous sommes au XVIIe siècle, dans la province
napolitaine alors occupé par l'Espagne. Les paysans ont la vie dure,
accablés par les impôts du cupide gouverneur Don Téofilo (Vittorio De
Sica) prêt à inventer une nouvelle taxe pour tous les motifs possibles
et imaginables (la taxe sur la consommation du mariage, sur la pluie). Tous les paysans ne sont pas soumis au même régime, certains
contournant ces abus par la ruse. C'est le cas du meunier Luca (Marcello
Mastroianni) et de sa femme Carmela (Sophia Loren) dont la roublardise
n'a aucune limite. La gouaille et le baratin de Luca associé au charme
ravageur de Carmela embobinent systématiquement les notables de la
région qui leur accordent divers passe-droits suscitant la jalousie du
voisinage et lançant des rumeurs peu flatteuses sur la vertu de Carmela.
Un jeu dangereux qui va provoquer la zizanie dans le couple, autant par
les largesses de Luca trop confiant et pas assez jaloux au goût de
Carmela et surtout du désir pressant de Don Teofilo qui va monter un
odieux stratagème pour passer enfin un moment seul avec la belle
meunière.
On navigue ici dans du joyeux vaudeville rondement mené
par Mario Camerini. Le début amuse beaucoup avec le ton misérabiliste
contrebalancé par un Mastroianni arrogant et arnaqueur se jouant de
toutes les taxes, Sophia Loren regard de braise, buste en avant et jambes de rêves (la cultissime scène où elle fait de la balançoire
argument de vente du film) tournant la tête des nantis qu'ils invitent chez eux avec les provisions que ces derniers leur ont gracieusement fournis.
Cette association
se fait pour le meilleur tant on ne doute jamais de l'amour sincère du
couple explosif avec deux acteurs au sommet de leur art, Mastroianni
emporté et touchant et Sophia Loren étincelante dans son grand emploi de
début de carrière, l'italienne issue de la classe populaire colérique,
agaçante et adorable. Le monde extérieur les rattrape pourtant d'abord
par la rancœur et la médisance de leur entourage (hilarante scène de
bagarre féminine en place publique) puis par ses notables souhaitant
profiter à leur tour des avantages qu'ils prodiguent avec un Vittorio De
Sica tordant en gouverneur pleutre et imbu de lui-même. Quiproquos,
faux-semblants et retournement de situations sont légions tout au long
du récit mais bien sûr la morale sera sauve dans cette comédie italienne
encore sage du milieu des années 50. On passe néanmoins un très bon
moment notamment grâce à la mise en scène enlevée de Camerini et au
technicolor ensoleillé de Enzo Serafin qui évitent de figer dans une
touche trop théâtrale l'ensemble (costumes et décors de Guido Fiorini
sont au diapason). Très agréable moment donc !
Sorti en dvd zone 2 français chez Opening
Extrait
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