Allemagne, 1918. Bruno Stachel, un pilote de combat froid et ambitieux utilise des méthodes peu orthodoxes qui lui valent la haine de ses camarades et l’admiration de ses supérieurs. Courageux et sans pitié, il parvient au Panthéon des pilotes en décrochant la plus haute décoration militaire allemande : Pour le Mérite.
The Blue Max offre
une vision épique de l’aviation avec cette évocation des premières guerres
aériennes du conflit 14-18. A cette époque pionnière, le simple fait de
monter dans un cockpit constituait une grande aventure en soi tant les machines
étaient encore perfectibles et la maestria des pilotes risquant leur vie à
chaque décollage leur conféraient une aura de prestige en faisant une élite de
l’armée. C’est précisément après ce prestige que court le héros du film Bruno Stachel (George Peppard). Simple soldat
embourbé dans les tranchées du nord de la France, il parvient à force de
volonté à rejoindre l’armée de l’air allemande pour y devenir pilote à son tour.
L'aviation constitue pour lui un ascenseur social, une manière de dépasser sa
modeste condition pour intégrer et s’élever dans l’aristocratie de l’état-major
allemand. Le symbole absolu de cette soif de reconnaissance serait
pour Stachel l’obtention du Blue Max, plus haute décoration militaire allemande.
Dès lors, il rentre dans une rivalité fratricide avec Von Klugermann (Jeremy
Kemp) le champion d’alors dans une course au tableau de chasse effréné. Cet
arrivisme se manifeste par une bassesse sur le front où toutes les félonies
seront bonnes pour descendre un avion adverse. Cela lui attirera bientôt la
haine de ses copilotes et l’admiration de ses supérieurs qui en feront un
étendard publicitaire de l’armée.
Le personnage de Peppard, glacial et sans états d’âmes illustre en quelque sorte le changement de
mentalité du soldat allemand qui amènera aux exactions de la seconde guerre
mondiale. Le corps des pilotes se voit en effet ici attribué tous
les atours de la chevalerie moderne : le cadre de vie des pilotes
habitants dans un château, les mécaniciens associés à leur écuyers, leur tenue
de cuir faisant office d’armure et les surnoms attribués au plus chevronnés
leur donnant une aura légendaire comme le Baron Rouge.
Cela se manifeste aussi
par une attitude d’honneur envers l’adversaire, la victoire ne peut s’obtenir
que par une manœuvre supérieure plaçant ces duels sous le signe du Beau Geste.
Stachel est bien au-dessus de ses considérations et abat sans vergogne tout
avion passant dans son champ de tir quand bien même ceux-ci auraient une avarie
et rendraient sa victoire moins éclatante. Cette mentalité changeante comme
pensée désormais dominante est symbolisée par le général pragmatique joué
par James Mason qui sent la transition arriver.
On a donc là foule de thèmes passionnants qui sont quand
même parfois un peu noyé dans un film trop long qui souffre apparemment des
nombreuses infidélités au livre de Jack D. Hunter (où certain caractère change
du tout au tout). L'antagonisme entre Peppard et Jeremy Kemp n'est pas
suffisamment prononcé, trop courtois et quand les choses s'enveniment vraiment
un rebondissement coupe court à cette facette essentielle du film. L’histoire d’amour
prolongeant en rivalité amoureuse celle des airs est peu palpitante aussi la faute
à une prestation médiocre d’Ursula Andress (qui donne pourtant de sa personne
avec un quasi topless très osé).
Un point qui ne se discute absolument pas par
contre, c’est la virtuosité des séquences aériennes époustouflantes de bout en
bout. Les moyens sont là avec carrément deux modèles Pfalz D.III reconstruits
pour le film, tandis que les Tiger Moths et Stampe SV.4s britannique sont
refaçonné et camouflé de façon à ressembler aux Fokker allemands.
Hormis quelques rétroprojections dans les plans inserts de cockpit pour distinguer le visage
des acteurs, les périlleuses scènes de combats aériens furent donc filmées live
avec l’aide de L’Irish Air Corps responsable de mouvements très impressionnant.
Guillermin habitué à gérer ce genre de lourde logistique aura bénéficié de
moyens énormes qu’il utilisa à bon escient pour un résultat très impressionnant
(figurants à perte de vue, destruction massive en tout genre). Malgré les
quelques scories, un vrai grand spectacle à voir donc.
Sorti en dvd zone 2 français chez Fox
Sorti en dvd zone 2 français chez Fox
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