En juin 1940, durant la Bataille de Dunkerque, des soldats français et anglais tentent d'embarquer pour l'Angleterre.
La plupart des films de guerre français réalisés durant
l’immédiat après-guerre n’eurent de cesse de prolonger la figure d’un pays
résistant et vainqueur. Le cinéma suivait ainsi une volonté politique
d’occulter le spectre de la collaboration et de véhiculer une vision héroïque
de la France à travers des films révisionniste comme La Bataille du rail de
René Clément ou privilégier la facette victorieuse à travers les grandes
fresques internationales comme Le Jour le
plus long ou Paris brûle-t-il ?.
Avant les futurs grands films abordant frontalement la question comme Le Chagrin et la pitié
de Max Ophuls, Lacombe Lucien
de Louis Malle ou l’Uranus
de Claude Berri, quelques films osèrent dépeindre la France sous l’angle de la
défaite. On pense à La Traversée de Paris et son évocation du quotidien sous
l’Occupation, Le Caporal épinglé
de Jean Renoir et donc ce Week-end à Zuydcoote
d’Henri Verneuil qui adapte là le roman éponyme de Robert Merle.
Le film suit la grande débâcle que fut la bataille puis la fuite de
Dunkerque en juin 1940. Là, les soldats français défait et isolé de leur
garnison et commandement se voyaient coincés entre deux feux : l’armée
allemande progressant derrière eux et face à eux La Manche où les Alliés
anglais battaient en retraite. Livrés à eux-mêmes tandis que le chaos se
déchaîne de toute part, nos soldats ne sont plus que des hommes cherchant à
survivre. Verneuil relate cette déroute
dans une tonalité comique picaresque dans un premier temps à travers les
pérégrinations du soldat Julien Mallat (Jean-Paul Belmondo) et de ses
compagnons d’armes, le philosophe abbé
Pierson (Jean-Pierre Marielle), le jovial Alexandre (François Perrier) ou le roublard
Dhery (Pierre Mondy).
Les vignettes tragi-comiques se multiplient dans le
périple de Mallat pour gagner l’Angleterre : Une jeune amusée observant à
jumelles depuis sa fenêtre les bombardements, un conflit routier entre un gradé
en voiture et un porteur de cadavre pour traverser un sentier. Des petits riens
qui cachent le dénuement et l’impuissance de ces français face à un monde qui s’écroule.
Néanmoins le caractère frondeur et idéaliste du personnage de Bebel donne un
vrai souffle à cette quête désespérée et ce n’est que lorsqu’il perdra ses
dernières illusions (après une apocalyptique scène de naufrage lors d’un
bombardement allemand) que le film va sombrer dans une radicale noirceur.
Les comportements des heures sombres à venir se dessinent à
travers la « débrouillardise » de Pierre Mondy se préparant une
situation confortable avec l’arrivée des allemands, les bas-instincts qui se
libèrent avec ces deux soldats français tentant de violer une jeune femme
(Catherine Spaak). Cette même jeune femme qui n’hésitera pas quelques minutes
plus tard à s’offrir à un Mallat stupéfait, appuyant l’absence de manichéisme et
le constat des plus amers de Verneuil et Robert Merle (qui signe également les
dialogues).
La mise en scène d’Henri Verneuil s’avère impressionnante,
transcendant un budget moins élevé que ce qu’il paraît à l’écran. La logistique
est énormes entre les vraies scènes à grand spectacle (les bombardements, le
naufrage), la reconstitution et surtout le sentiment de mouvement constant que
Verneuil confère à l’ensemble.
Nos personnages débattent ainsi de tout et de
rien tandis que la vie grouille en arrière-plan, entre déambulations de troupes, véhicules et déflagration inattendues, renforçant le réalisme et l’ampleur
du contexte. On retrouve un peu la
thématique du Caporal Epinglé où l’amitié
pourrait combler cette perte de repère mais c’est bien le désespoir qui domine
lors de la cinglante conclusion. Un des très grands films de guerre français et
peut-être le meilleur film de Verneuil.
Sorti en dvd zone 2 français chez Studio Canal
Un excellent film en effet ! :)
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