Mimi est une jeune veuve qui n’arrive pas à pleurer sur son sort. À peine son mari est-il enterré qu’elle lui découvre une garçonnière et un certain goût du libertinage, et prend connaissance malgré elle de la multiplicité des façons d’en envisager l’exercice.
L'Amour à cheval se pose en précurseur de ce sous-genre de la comédie italienne qu'est la comédie sexy qui sera surtout en vogue dans les années 70 et donnera dans l'ensemble des films certes amusant mais guère mémorables. Les films de Pasquale Festa Campanile constituent donc des exceptions du genre le parcours intellectuel de celui-ci lui permettant d'allier brillamment le quota coquin attendu et un vrai propos social vindicatif comme dans son classique Ma femme est un violon. La Matriarca constitue donc une de ses premières vraies incursion dans le genre même s'il avait fait apprécier son gout de la provocation dans des œuvres antécédentes comme Le Sexe des anges traitant des castrats bien avant Farinelli.
Mimi (Catherine Spaak) est une jeune femme plutôt distante et blasée qui peine à s'émouvoir pour quoi que ce soit, même l'enterrement de son mari qui ouvre le film et qu'elle suit distraitement. Une drôle de surprise l'attends sur les mœurs de son mari défunt lorsqu'elle découvrira que ce dernier dissimulait une garçonnière où accessoires et matériel de pointe à la clé il assouvissait les fantasmes les plus fous. Trop timorée et engoncée dans son rôle d'épouse, jamais elle ne fut au courant des penchants libertins de son mari. Qu'à cela ne tienne, piquée au vif elle va à son tour explorer tout le spectre du sexe déviant.
Le pitch coquin en diable ne décevra pas mais l'intelligence du propos donnera une portée bien plus grande à l'intrigue. La beauté glaciale et sophistiquée de Catherine Spaak se prête idéalement à ce personnage explorant plus scientifiquement que charnellement les pratiques sexuelles les plus folles et surtout rarement explorée jusque-là dans un film grand public.
Le contexte de libération sexuelle fait donc découvrir quelques fantasmes inscrit au quotidien de personnages ordinaires comme la pornographie vidéo domestique (avec les homes movie du défunt assez gratinés bien qu'en partie censurés), le sado masochisme, l'échangisme... Pasquale Festa Campanile filme ces passages avec une recherche visuelle constante avec une esthétique pop exploitant grandement les décors (la garçonnière truffée de gadget et de miroirs) et tenues classieuse et sexy d'une Catherine Spaak tout en moue boudeuse et regard dédaigneux, électrisante et élégante. Le réalisateur truffe également l'ensemble de séquences oniriques témoignant des rêveries délurées de Mimi avec quelques séquences extravagantes.
Pourtant toute cette invention formelle et narrative (tout étant méticuleusement raconté par Mimi à travers les ouvrages psychanalytique qu'elle étudie) émoustille plus qu'elle n'excite réellement, créant l'empathie avec Catherine Spaak. Dans son approche scientifique de la libido, Mimi s'amuse plus qu'elle ne s'abandonne, observatrice plus qu'actrice aux divers jeux sexuel qu'elle expérimente. Chaque écart la voit plus provoquer la situation que l'inverse que ce soit sa drague agressive de son professeur de tennis qu'elle rejoint sous la douche, un heureux automobiliste alpagué pour une étreinte dans un parking désert et même cet homme d'affaire aux manières rustres dont elle cédera à la brutalité.
Le message du film est double, féministe en louant la libération sexuelle de Mimi (et par extension des femmes désormais maîtresses de leur désir) tout en dénonçant une société où les hommes ne sont pas capable d'y répondre. Chaque figure masculine voit ainsi dans notre héroïne un objet de possession et d'assouvissement mais jamais une femme avec des sentiments, fantasme et amour ne pouvant pas être liés (et donc les épouses apparaissant fade face aux maîtresses plus débridées).
Les personnages masculins en prennent pour leur grade, tous plus lâche les uns que les autres tel l'avocat s'excusant hypocritement après possédé Mimi, l'automobiliste lui offrant carrément un billet et le professeur de tennis apeuré face à un séduction féminine pressante qu'il ne contrôle pas.
Pour réellement apprécier ses "expériences", Mimi doit donc les ressentir plus que les décortiquer et par extension avoir des sentiments pour son partenaire de jeu. Plus que tous les dérapages qui ont précédés, la séquence la plus érotique du film naît d'un simple examen médical où un Jean-Louis Trintignant en médecin timoré travaille bien plus Catherine Spaak que les machos agressifs vu jusque-là puisqu'elle est en train de tomber amoureuse.
Plutôt que l'exécution mécaniques des précédents fantasmes, la place est enfin ici laissée à la frustration la séduction à travers une Catherine Spaak obligé de jouer d'autres choses que ces charmes pour attirer l'attention d'un Trintignant génial en intellectuel lunaire. Comble d'audace, Mimi sera la plus gênée des deux lorsqu'elle tentera d'embarrasser Trintignant en lui dévoilant son visage sulfureux lors d'une délirante scène en station-service où elle est à moitié nue face aux pompistes et clients de passage.
Dans son progressisme le script jette néanmoins un garde-fou pour les partenaires, jamais aussi satisfaits que quant s'ils s'aiment. Sa plus grande aventure, Mimi ne l'a pas encore vécue malgré ses audaces puisque comme le souligne une réplique de Trintignant L’acte le plus haut en couleurs est encore de rencontrer l’amour. Une idée magnifiquement symbolisée par le très enfantin et seul vrai fantasme de Mimi qui donne son titre français (bien meilleur pour le coup) au film dans une dernière scène sensuelle et amusée en diable.
Sorti en dvd zone 2 français chez SNC/M6 Vidéo
Extrait
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