Quatre adolescentes désœuvrées de San Fernando Valley
découvrent le monde du sexe, de la drogue et entrent en confrontation
avec leurs parents.
Avant ses succès tapageurs des années 80 (
Flashdance,
Liaison Fatale,
9 semaines ½ ) signait ce superbe
teen movie
qui offre un des meilleurs rôles adolescents de Jodie Foster. Le style
tape à l'œil et léché du réalisateur, mètre étalon d'une certaine
esthétique 80's sert grandement le propos ici. La scène d'ouverture nous
présente nos quatre héroïnes Jeanie (Jodie Foster) Annie (Cherie
Currie), Madge (Marilyn Kagan) et Deirdre (Kandice Stroh) endormies
après une folle nuit de fête. La caméra caresse amoureusement leurs
courbes, le tout nappé dans une photo diaphane créant un climat de
douceur et de sensualité pour une érotisation qui jure avec les visages
poupins et juvéniles des demoiselles.
Toute la thématique du film se
résume dans cette ouverture avec des héroïnes donnant l'illusion d'être
adultes et aguerries pour voler de leur propre ailes mais en réalité
encore fragiles et immatures. La trame s'attarde sur le quotidien peu
reluisant de chacune, confrontée chacune à une situation familiale
difficile. Jeanie voit peu son père promoteur de concert séparé de sa
mère qui elle aligne les amants de passages. Annie suit une pente
d'autodestruction sordide entre coucheries, drogues, un père policier
violent et une mère déconnectée. Quant à Madge, sa famille est certes
plus équilibrée mais elle vit une liaison inappropriée avec un adulte
plus âgé (Randy Quaid).
Loin du côté propret et rétro d'un
American Graffiti et pas encore phagocyté par le modèle John Hughes,
Foxes
s'éloigne du côté très conceptuel de ces deux visions du teen movie
pour une narration plus libre et décousue où le drame vient s'inscrire
progressivement dans une tonalité faussement légère. Contrairement au
côté WASP propret de Hughes, nos adolescentes nettement plus délurées et
couchent, fument et semblent totalement livrées à elles-mêmes tant les
adultes semblent eux-mêmes névrosés (Sally Kellerman excellente en mère
dépassée). La ville de LA constituent ainsi un personnage à part entière
tant le cadre hédoniste et dangereux à la fois constitue un nid de
tentation pour notre quatuor.
Lyne alterne ainsi les déambulations face à
la pittoresque faune du Sunset Strip, les séquences nocturnes où cette
ensemble peut devenir violent et cauchemardesque et une imagerie
onirique à la photo voilée qui semble figer ces moments dans
(rétrospectivement) une certaine nostalgie de ce que fut la ville à
cette époque et une accompagne les rêveries de ce spleen adolescent. Le
score de Giorgio Moroder renforce ces directions et le leitmotiv disco
instrumental du
On the Radio de Donna Summer (écrit
précisément pour le film par Moroder) dévoile toute la mélancolie de la
chanson avec cet arrière-plan dramatique.
Ayant ainsi si bien posé l'ambiance, Lyne peut s'attarder sur les
destins individuels. Jodie Foster, fragile et mature à la fois est
formidable de justesse, seul soutien solide pour ses amies mais aussi
perdues qu'elles. L'autre grande révélation est Cherie Currie en fille
perdue qui joue là un rôle quasi autobiographique. Cherrie Currie fut en
effet la chanteuse des Runaways, groupe rock adolescent précocement
soumis aux dérapages en tout genre et certaines errances de son
personnage furent également les siens. Cette fragilité et mimétisme se
ressente dans sa prestation à fleur de peau et elle s'avère très
touchante. Le reste du casting est constitué d'autres gloires plus ou
moins éphémères de l'époque comme un très attachant Scott Baio ou
encore des apparitions d'une Laura Dern débutante.
L'intrigue est un va
et viens constant entre un trop précoce passage à l'âge adulte prenant
un tour décalé avec une scène de dîner privé "comme les grands" qui vire
à l'apocalypse, certaines rencontrant un bonheur inespéré ou se brûlant
les ailes une fois de trop. Dernier rôle de Jodie Foster avant un
hiatus de 4 an pour ces études universitaires, Foxes démontrait qu'il
faudrait compter avec elle, tout comme Adrian Lyne même s'il n'a pas
réellement confirmé cette belle entrée en matière.
Sortie en dvd zone 2 français chez MGM
L'ouverture est suffocante de beauté...
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