Sept inséparables décident de prendre
quelques jours de vacances pour mettre au point trois énormes canulars
destinés à bafouer les corps constitués : l'armée, l'église et
l'administration... Ils jettent leur dévolu de manière presque
arbitraire sur deux paisibles sous-préfectures : Ambert et Issoire, car
celles-ci les lorgnaient d'un mauvais œil sur une carte de France.
Entre son adaptation (adoucie certes mais le matériau est là) de
La Guerre des Boutons ou son ode libertaire
Alexandre le bienheureux, Yves Robert dans ce cadre de cinéma populaire se sera avéré un cinéaste étonnement subversif. La preuve avec cet hilarant
Les Copains,
adaptation modernisée d'un roman de Jules Romains et grand éclat de
rire moqueur lancé à la France Gaullienne. On pense parfois à son futur
et cultissime diptyque
Un éléphant ça trompe énormément/
Nous irons tous au paradis
dans cette visions collective de l'amitié masculine mais si malgré
l'humour la réalité rattrape quelque peu les personnages des films de
77/78, on baigne ici dans une douce insouciance détachée des
vicissitudes du quotidien.
D'ailleurs les héros des
Copains sont chacun des sorte d'archétypes moins fouillés que dans
Un éléphant...
mais immédiatement cernés et attachant grâce au casting parfait et à la
présentation ludique qu'en fait Yves Robert en ouverture. Là, du
berceau au lycée en passant par le service militaire et les grandes
écoles, Yves Robert dépeint toute les étapes du cycle de la vie d'homme
qui auront vu les personnages se rencontrer tour à tout avec la bande
joyeux lurons que sont Philippe Noiret (Bénin), Guy Bedos (Martin),
Michael Lonsdale (Lamendin), Christian Marin (Omer), Pierre Mondy
(Broudier), Jacques Balutin (Lesueur) et Claude Rich (Huchon).
Dans
ce parcours balisé, les sept camarades n'auront jamais cessé de
s'amuser et se rire de leur entourage. On en a une démonstration en
début de film lorsqu'ils sèment la zizanie dispersé dans une salle de
cinéma ou lors d'une beuverie épique dans un bar où le tenancier Jean
Lefebvre sera joliment malmené. C'est dans cet état second que leur
vient l'idée de passer à l'étape supérieure pour moquer cette rigueur et
médiocrité ambiante à plus grande échelle. Le cadre de leur action sera
choisi au hasard alcoolisé d'une carte de France dans deux
sous-préfectures endormies du Puy-de-Dôme, Ambert et Issoire. Chacun
des sept amis échafaudera une farce dont les trois meilleures seront
exécutées au détriment des malheureux habitants.
Le film
s'enferme un peu au départ dans une préciosité qui nous éloigne des personnages, déséquilibrés entre sophistication et esprit de sales
gosses turbulents. Il y a néanmoins de bonne idées comme celle de faire
du périple vers les villages une sorte de chanson de geste où les
copains se croisent et se répondent à distance tel des nobles chevaliers de
la blague en route vers leur destinée, le tout truffé de rencontres
loufoques tel cette tenancière d'hôtel revêche jouée par Tsilla Chelton.
Par contre une fois les fameux canulars lancés, l'hilarité, la vraie,
ne se dément pas jusqu'à la dernière minute. L'audace du récit est de se
jouer à travers chacune des facéties d'une grande institution que ce
soit l'armée, l'église ou l'administration.
La droiture et le
respect aveugle de l'armée sont génialement caricaturés avec un Pierre
Mondy déguisé en ministre qui mettre à sac une caserne et la ville par
la seule crédulité et l'obéissance de gradés. Les dialogues sont
extraordinaires, subtil et rabelaisiens avec une vulgarité élevée en en
art (l'épisode des toilettes ) et un final explosif où les malheureux villageois vont passer une
drôle de nuit. Philippe Noiret grimé en prêtre provoquera un même éclat
de rire avec un discours en forme d'appel à la chair où les contrechamps
entre sa tirade enflammée et les mines frustrées et/ou concupiscente
des fidèles décuple la force du propos. Le troisième canular prometteur
dans l'idée et amusant dans sa réalisation s'avère moins fort même si la
figure de Vercingétorix ridiculisée et le phrasé grandiloquent et
pompeux du maire son savoureusement croqués.
Une beuverie avait
annoncé le début de la campagne farceuse, un autre grand banquet amorce
sa fin mais avant de retourner à leur existence ordinaire notre bande
s'offrir un dernier coup d'éclat à l'ampleur... écarlate ! Même s'ils
ont parfois du mal à tous exister (dommage pour Michael Lonsdale un peu
en retrait alors qu'il aura peu eu l'occasion de faire dans la
gaudriole) tous les acteurs emportent l'adhésion, en particulier Guy
Bedos en grand enfant, Philippe Noiret en chef de bande (et qui remettra
le couvert avec le pendant italien du film d'Yves Robert
Mes cher amis)
et un Pierre Mondy canaille. Grande comédie sur les airs guillerets des
Copains d'abord de George Brassens composé pour l'occasion.
Sorti en dvd zone 2 français chez Gaumont
Extrait
Ouaip. Je préfère "Mes chers amis" de Monicelli. Je sais, je sais, pas la même époque. Pas le même talent non plus.
RépondreSupprimerLà, c'est encore les 30 glorieuses, les dingo-dossiers, Noël-Noël et ses casse-pieds ne sont pas très loin (d'ailleurs Yves Robert en a fait un clone), bref... D'un point de vue cinéma c'est assez proche de zéro. Reste plus que le point de vue sentimentalo-nostalgique. Et Georges Brassens.
Lui, il ne bouge pas.
Lisa Fremont
Toujours aussi peu amie avec le cinéma français à ce que je vois ^^. Au contraire je trouve que c'est d'une grande inventivité visuellement notamment le jeu sur le montage décalé, une certaine poésie dans l'enchaînement de séquence sensoriel lorsque les amis en périple semblent se répondre l'un à l'autre à distance et l'effet nostalgie n'est pas plus dérangeant que cela, hormis Brassens dans la bande son ce n'est pas plus appuyé que cela.
RépondreSupprimerC'est un peu en dessous de "Mes chers amis" c'est vrai mais ça en est un réel précurseur et pour le coup Yves Robert va égaler le Monicelli plus tard avec Un éléphant ça trompe énormément" et "On ira tous au paradis ". Un des des cinéastes les plus intéressants du cinéma français populaire selon moi Yves Robert.
Et quand même l'essentiel est là c'est à hurler de rire les deux premiers canular (la caserne et l'église) m'ont plié.
Houlà. Votre cas est désespéré. Le mien aussi, je le crains. "Un éléphant" ne peut pas, mais alors NE PEUT PAS, égaler "Amici miei" !!Impossible.
RépondreSupprimerTiens, soit dit en passant, vous ne trouvez pas totalement incroyable que ce film soit INTROUVABLE en dvd ? Et les Italiens n'ont édité qu'une version non sous-titrée. Quand ils comprendront que le meilleur moyen d'exporter leur cinéma, leurs films et leurs dvds c'est quand même, au minimum, d'offrir des sous-titres...
LF
Oui il a fallu la ressortie salle pour que je vois enfin le Monicelli, les italiens gèrent très mal leur patrimoine de toute façon. Même pour trouver une simple affiche originale d'époque pour illustrer un film italien sur ce blog c'est parfois toute une quête...
RépondreSupprimer@Justin : si vous avez des soucis d'illustrations par l'affiche, je vous recommande chaudement le site Moviecovers, ils font un super boulot d'archivage.
SupprimerOui merci Isidore je vais souvent piocher sur ce site effectivement ;-)
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