Dramaturge à succès,
Myra Hudson assiste aux répétitions de sa prochaine pièce. Le comédien qui a
été choisi pour le rôle ne la convainc guère, et elle décide de le remercier.
Quelques semaines plus tard, et alors que la pièce est fort bien accueillie, Myra
prend un train pour la ramener à San Francisco et tombe sur le jeune comédien
en question, Lester Blaine. Ils discutent, et il la séduit par son charme, son
humour et son humilité. Très vite, ils se marient. C'est alors qu'Irene Neves,
une ancienne petite amie de Lester, resurgit de façon inattendue.
Le Masque arraché
est un film noir qui participe à la réinvention de Joan Crawford de son
fracassant départ de la MGM à son arrivée
dans le giron de Warner. Icône glamour des grands mélodrames et women pictures
MGM, Joan Crawford saura se réinventer en acceptant sa maturité à l’écran
notamment avec Le Roman de Mildred Pierce
de Michael Curiz (1945) ou plus tard Johnny
Guitare de Nicholas Ray (1954). Le
Masque arraché sans atteindre ces hauteurs s’inscrit donc dans cette idée
avec ce personnage de dramaturge riche, solitaire et vieillissante retrouvant
la flamme en se sentant aimée par un séduisant acteur (Jack Palance).
La première partie romantique tisse donc de splendides
contours chatoyant à travers des vues majestueuses de San Francisco, la
luxuriance des intérieurs cossus de la demeure de Joan Crawford et la
photogénie avantageuse de cette dernière soulignant son épanouissement
amoureux. Les quelques indices avant-coureur seront le calcul qu’on devine dans
l’attitude de Jack Palance. L’acteur est cependant là à cheval entre les
méchants monolithiques et intimidants où il excelle et les emplois plus
intellectuels qu’il sut également incarner (Le
Grand Couteau de Robert Aldrich notamment). Toute cette recherche
esthétique soulignant une plénitude romantique est retournée à mi-parcours avec
l’arrivée du personnage vénéneux de Gloria Grahame. A la candeur amoureuse de
Joan Crawford, Grahame impose une sensualité agressive et des airs sournois que
David Miller souligne par des ellipses lourdes de sens. Tout devient plus oppressant
par la grâce de la photo de Charles Lang appuyant de façon inquiétante les
traits anguleux de Jack Palance, travaillant les atmosphères urbaines d’une
tonalité sinistre.
La réussite est plus formelle que scénaristique, le triangle
amoureux développant des rebondissements assez téléphonés et attendu (autour d’une
assurance à toucher entre autre) dans le genre. Le film fonctionne donc sur des
moments plus qu’un ensemble cohérent. Le surjeu de la femme amoureuse de Joan
Crawford se répercute sur celui de la victime traquée où David Miller multiplie
les gros plans expressionnistes sur son visage terrifié et en nage. L’effet est
parfois efficace (un flashforward sur sa vengeance) mais lasse par son abus et
la dernière partie est plus réussie visuellement que dramatiquement. San
Francisco s’avère un sacré environnement de film noir lors de la traque finale,
le jeu des hauteurs et pentes créant un effet hypnotique qui mène à une
confusion mortelle. A voir donc ne serait-ce que pour le brio plastique.
Sorti en dvd zone 2 français chez Rimini
Du haut de gamme pour ce film noir. Effectivement Joan Crawford a su se réinventer dans ce film.
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