Lia et Tina sont deux
belles jeunes filles qui se rencontrent et se rendent compte qu'elles ont
beaucoup en commun. Elles sont toutes les deux jeunes et désabusées, alors
elles décident de faire du stop.
Réalisateur de très féroces polars à l’époque de l’avènement
du genre en Italie (surnommés poliziottesco dans leur équivalent local),
Fernando Di Leo signe son œuvre la plus controversée avec cet Avere vent'anni. Le film scelle avec
brutalité et cynisme tout l’hédonisme, l’utopie et le sentiment de liberté
associé aux années 70. Le titre italien signifie « avoir vingt ans » et
est synonyme d’insouciance à l’image de nos deux héroïnes : la brune Lia
(Gloria Guida) et la blonde Tina (Lilli Carati). Enjouée, libérée sexuellement
et sans attaches, les filles sont avides d’expériences. La trame un peu lâche
les voit ainsi s’adonner à des excès divers, se sentant toute puissante du haut
de leur physique attrayant. Di Leo se délecte de la plastique impeccable de ses
deux actrices à coup de contre-plongée sur leur short moulant, de plans appuyée
sur leurs hauts transparents quand il ne cède pas à de longue scène de nudité
et de sexe. Les personnages sont supposés symboliser un idéal de liberté mais
Di Leo force tellement sur leur vulgarité (les fameux plans racoleurs) et les
utopies semblent si superficielles (le clichés de communautés hippies débitant
des mantras ridicules) que l’on sent dès le départ une certaine distance.
La rébellion de Tina et Lia semble terriblement creuse, que
ce soit dans la moquerie d’un certain féminisme (la séquence où elles sont
filmées et racontent/inventent leur parcours à la communauté) ou dans les provocations.
Le trait semble toujours trop forcé pour convaincre notamment les scènes de
sexe filmées comme un porno vulgaire où la notion de communion, de plaisir et d’abandon
est absente. Nos héroïnes semblent en représentation permanente, semant la
zizanie partout où elles passent, aguichant les hommes par jeu ou parfois par
ambition. L’ensemble du film fonctionne comme une grosse comédie potache et
sexy, mais ce regard déformant tout au long du récit va trouver une conclusion
traumatisante où le machisme barbare va apporter une terrible réponse.
Le fond et la construction du film sont donc
particulièrement ambitieux mais l’implication n’y est pas. En forçant le trait
dans la caricature, Di Leo nous rend extérieur aux évènements notamment à cause
de l’interprétation tapageuse du duo féminin dont l’outrance jamais subtile ne
rend guère attachant. La fin est certes marquante mais plus par la violence de
la situation que par une réelle émotion pour les personnages. Di Leo a
finalement fait une œuvre trop limitée par son concept mais qui ne vit pas
réellement. Une démonstration mais sans âme et tirant en longueur. Sur un sujet
voisin, Jean-Claude Brisseau aura signé un film bien plus brillant avec le plus
récent Choses Secrètes (2001).
Sorti en dvd zone 2 italien chez Raro avec une version italienne et une anglaise sous-titrée italien, le dvd contint la version nons censurée du film.
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