Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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dimanche 26 juin 2016

Pink String and Sealing Wax - Robert Hamer (1945)

A Brighton, La femme d'un propriétaire de pub veut se débarrasser de son mari violent. Elle obtient l'aide d'un jeune homme qui travaille dans une pharmacie ...

Robert Hamer avait eu sa première expérience en tant que réalisateur au sein de la Ealing avec Dead of Night (1945), mémorable film à sketch dont il signa Le miroir hanté, l'un des segments les plus terrifiants. Fort de cette réussite, Hamer est prêt à passer au long-métrage avec Pink String and Sealing Wax. Le film adapte la pièce éponyme de Roland Pertwee sur un scénario de Diana Morgan et Robert Hamer. On y retrouve déjà tous les éléments qui feront la réussite des grands films à venir, que ce soit le cadre de l'Angleterre Victorienne de Noblesse Oblige (1949), la veine intimiste de Il pleut toujours le dimanche (1947) et bien sûr les préoccupations sociales qu'on trouvent dans les deux œuvres. La solution criminelle et/ou la résignation des films suivant à ce climat social oppressant trouvent déjà leurs expressions dans Pink String and Sealing Wax.

Edward Sutton (Mervyn Johns) campe ainsi un pharmacien bigot et tyrannique féru de droiture morale qui mène la vie dure à sa famille. Il étouffe les premiers amours épistolaires de son fils David (Gordon Jackson) et empêche les velléités artistiques de sa fille Victoria (Jean Ireland) rêvant d'une carrière à l'opéra. Par son masque impassible, sa raideur et son timbre glacial, Sutton incarne toute la rigueur implacable de cette Angleterre Victorienne où il ne faut surtout pas s'écarter de sa condition. Le film dépeint ainsi la manière dont les protagonistes vont malgré tout chercher à assouvir leurs passions, désirs et ambitions.

Hamer pas encore totalement soumis au cynisme de Noblesse oblige offre encore une certaine tendresse et innocence à l'intrigue sur l'aspirante chanteuse, la candeur de Jean Ireland et le charme simple de son ascension donnant de beaux moments tel cette scène où elle charmera une cantatrice en chantant dans la rue. C'est pourtant quand il plonge dans la fange et la noirceur que le film marque. Le jeune David soigne sa frustration en s'immergeant au sein de la populace d'une taverne et va tomber amoureux de Pearl (Googie Withers) la femme du tenancier. Même si tout reste sous-jacent, on devine bien le mélange douteux de prostituée et d'escrocs en tout genre qui fréquente les lieux, Hamer ne distinguant pas la fange.

Pearl femme adultère et jouée avec un vice séducteur par Googie Withers (qui donne une veine plus noire à la femme au foyer dépressive qu'elle jouera dans Il pleut toujours le dimanche) est aussi peu recommandable que son époux (Garry Marsh) alcoolique qui la bat pour punir ses aventures. La perte des repères moraux, la violence et finalement le crime seront ainsi les seules solutions pour aspirer à autre chose, Hamer tissant une tragédie progressive dans le cadre apaisé et étouffant de Brighton. La photo de Stanley Pavey oscille d'ailleurs entre le chatoiement victorien des scènes de jours où les douleurs sont étouffées et la stylisation sombre des scènes nocturnes laissant les vices s'exprimer.

Les moments de cruautés sont saisissants tant par leur approche inscrite dans le quotidien (Sutton tourmentant ses enfants de versets religieux à réciter) que de violence surprenante (le hors-champs lourd de sens où Googie empoisonne son mari) où se dessine une spirale implacable. Il semble cependant que la rigueur morale du producteur Michael Balcon ait pris le dessus cette fois tant le final semble punir les perdus du récit et offrir une issue inattendue aux opprimés. Le happy-end en forme de dépêche de presse fait preuve de suffisamment de désinvolture pour ne pas faire tiquer, l'ambiguïté et le désespoir des conclusions de Noblesse Oblige et Il pleut toujours le dimanche permettant à Hamer d'exprimer son vrai point de vue par la suite. En dépit de petites longueurs, un galop d'essai prometteur pour ce météore du cinéma anglais que fut Robert Hamer.

Sorti en dvd zone 2 anglais et bluray chez Studiocanal, doté de sous-titres anglais 

Extrait

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