Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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mardi 21 juin 2016

The Neon Demon - Nicolas Winding Refn (2016)

Une jeune fille débarque à Los Angeles. Son rêve est de devenir mannequin. Son ascension fulgurante, sa beauté et sa pureté suscitent jalousies et convoitises. Certaines filles s'inclinent devant elle, d'autres sont prêtes à tout pour lui voler sa beauté.

De la rivalité féminine sur fond de milieu artistique concurrentiel, un argument qui a déjà donné de grands films avec le Eve (1950) de Joseph L. Mankiewicz ou son génial pendant vulgaire Showgirls (1995) de Paul Verhoeven. A chaque fois la forme rejoignait l'imagerie que l'on se faisait du cadre dépeint : verbeuse, romanesque et piquante dans Eve et son milieu du théâtre ; clinquante, tape à l'œil et hypersexuée chez les stripteaseuses de Las Vegas de Showgirls. Nicolas Winding Refn ne procède pas autrement avec ses tops model ambitieux de LA avec un visuel inventif, sophistiqué et papier glacé dont la froideur et la distance renvoie aux couvertures de magazine de mode à la Helmut Newton.

La plongée de l'oie blanche Jesse (Elle Fanning fascinante) dans cet univers fascine dans un premier temps, distillant malaise et mystère à travers avec quelques scènes somptueuses :   l’ouverture figeant une image macabre dans un magistral travelling arrière, une séance photo aussi voyeuriste que clinique avec son arrière-plan immaculé, l’apparition nocturne d’un cougar dans le motel... Le sommet est atteint avec l'extraordinaire scène de premier défilé de Jesse où tout le narcissisme naissant du personnage passe par l'expérimentation formelle, tout en couleurs,  lumières baroque et jeu de miroir. Malheureusement l’intérêt du film s’estompe à ce moment précis et on constatera qu'à part cette recherche plastique Refn n'a absolument rien à dire, ou en tout cas rien de neuf. La métaphore rivalité/cannibalisme/vampirisme est bien balourde et déjà vue, les éléments plus originaux (la dimension plus occulte du personnage de Jenna Malone) n’étant là que pour servir de la belle image lorgnant sur les court-métrages de Kenneth Anger sans le côté original et/ou outrageant. 

La dernière partie n'est plus qu'un océan de vacuité où le brio formel ne fait plus illusion sur l'aspect totalement creux de la chose. On ressentait déjà un peu cela dans Drive (là aussi passé la bagarre dans l'ascenseur le film n'avait plus rien à dire) ou Only God Forgive, et Refn s'est sans doute cru malin et à propos en servant ce vide au milieu superficiel de la mode mais il tombe dans ce qu'il semble vouloir dénoncer. Les rares bonnes idées (Jesse se montrant la plus vénéneuse précisément au moment où elle va se perdre) ne sauvent pas l'ensemble et le générique clippesque trahi définitivement le manque de substance de l'ensemble. L'émotion existait sous la férocité du trait de Eve et Showgirls, elle se dilue dans le trip son et lumière de Refn. 

En salle 

3 commentaires:

  1. Un film fascinant, bien que parfois maladroit. Le reproche de vacuité que l’on adresse souvent à Winding Refn ne me semble pas très fondé : c’est un cinéma sensoriel, revendiqué comme tel, et force est de constater que l’on ne peut pas décoller les yeux de l’écran. Le problème, en effet, c’est que comme c’est juste une succession de scènes qui se suffisent à elles-mêmes, la fin ne procure aucune satisfaction particulière, et ça laisse un goût de frustration. C’était déjà le cas dans « Drive », et là ça tombe carrément dans le grand-guignol. C’est les limites de son cinéma : à tout miser sur l’émotion immédiate, il n’y a plus aucun enjeu de résolution. Mais Winding Refn n’est pas seulement un formaliste, c’est un expérimentateur, et je trouve ça plutôt estimable.

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    1. J'ai surtout l'impression que le succès de Drive ne lui a pas fait de bien, tous les films suivants sont en réaction et sentent l'égo-trip et la prétention. Il était à la limite dans Bronson mais le personnage était suffisamment fort pour rendre l'ensemble consistant. Depuis ce n'est plus que du film concept si ce n'est creux, en tout cas très vain. L'expérimentation au service de pas grand chose ça ne va pas très loin malheureusement. J'adore ses films jusqu'à Bronson mais on l'a vraiment perdu depuis.

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  2. Et c'est dommage car dans Drive comme The Neon Demon on sent le potentiel du grand film pendant un moment avant que ça ne s'effondre.

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