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mardi 5 février 2019

Incident de frontière - Border Incident, Anthony Mann (1949)

Un vaste réseau criminel fait passer illégalement des paysans mexicains aux États-Unis pour les exploiter à moindre coût, avant de les renvoyer chez eux et de les assassiner à la frontière. Les services d’immigration mexicains et américains décident de conjuguer leurs talents pour en venir à bout et chargent deux de leurs meilleurs enquêteurs d’infiltrer l’organisation.

Border Incident est le premier film que signe Anthony Mann pour la MGM après avoir fait ses preuves dans des séries rondement menées notamment au sein de la RKO. Le sujet et l'âpreté du traitement peuvent surprendre pour une production MGM mais résultent d'une volonté de s'ouvrir à une veine plus réaliste. Ce changement vient notamment de l'embauche du producteur Dore Schary aux fortes préoccupations de gauche et qui emmène dans son sillage nombre de collaborateurs ayant la même sensibilité.

Il résulte donc de cela des productions aux questionnements sociaux forts (Feux croisés de Edward Dmytryk (1947) un des plus gros succès critiques et public de Dory à la RKO traitait notamment de l'antisémitisme) qui vont idéalement se mêler à l'approche efficace d'Anthony Mann. Border Incident est une œuvre à la croisée des chemins pour le réalisateur qui retrouve le postulat d'une de ses plus fameuses série B (La Brigade du suicide (1947) réalisé pour Edward Small Productions) avec ses policiers infiltrés dans un cadre qui annonce son virage mémorable vers le western.

La Brigade du suicide, son tournage à l'économie et ses décors studios cèdent donc aux grands espaces californiens et cette frontière mexicaine où sont cruellement agressés des travailleurs clandestins. La photo de John Alton baigne pourtant d'une même incertitude et danger les pérégrinations de nos policiers, les extérieurs dissimulant puis révélant une mort brutale (la saisissante embuscade de travailleurs dans le canyon, un champ dont l'horizon nocturne guide vers des ténèbres mortelles) tandis que le casting recèle de trognes intimidantes. Côté mexicain c'est la cupidité et la violence crasse des petites mains décérébrées tandis que chez les profiteurs américains (le personnage d'Howard Da Silva) le calcul sournois et l'avidité masquent une profonde lâcheté. Le scénario remarquable caractérise le flic américain (George Murphy) et mexicain (Ricardo Montalban) dans l'action, la gouaille de l'américain dupant autant les adversaires que le profil bas et l'audace de Ricardo Montalban.

La menace permanente de cette mission en infiltration se ressent par l'incroyable violence de l'ensemble. Tortures, mise à mort expéditives ou savamment mise en scène (une moissonneuse qui fera de sacré dégâts) parsèment un récit qui renvoient dos à dos les communautés mexicaines et américaines soumises à une même avidité et corruption. Le final est un sacré moment où le film noir se mêle brillamment au western dans un face à face au sein d'un canyon, notamment la composition et le cadrage qui précède un affronte au fusil. L'année suivante Anthony Mann allait signer une sacrée triplette western avec Les Furies, La Porte du diable et Winchester 73 (ce dernier lançant son fameux cycle avec James Stewart) et tout le brio qu'il démontrera dans le genre est déjà là, tout en reposant sur la stylisation et la férocité de son passif dans le film noir.

Sorti en dvd zone 2 français chez Wild Side 

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