Dans les Monts Ozark, Jim Lane est blessé par 
la police alors qu'il surveillait la distillerie clandestine de la 
famille Matthews. Il est soigné par un mystérieux étranger, Daniel 
Howitt (surnommé « Le Berger des collines »), qui souhaite s'installer 
dans la région. Sammy, la fille de Jim, lui conseille d'acquérir la 
ferme abandonnée des Matthews. Matt le jeune, dont est amoureux Sammy, 
en est l'héritier et attend le retour de son père, Matt l'ancien, pour 
venger la mort de sa mère, abandonnée malade avec son enfant, des années
 plus tôt. 
The Shepherd of the Hills
 est une œuvre se situant entre le western et le drame rural, et qui 
pour Henry Hathaway est vraiment dans la continuité formelle et 
thématique de son excellent La Fille du bis maudit
 (1937). Le film est la troisième des quatre adaptions du roman éponyme 
de Harold Bell Wright, après les deux muettes de 1919 (celle-ci réalisée
 par l'auteur lui-même) et 1928, et avant celle plus tardive de 1964. Le
 film nous plonge dans une communauté montagnarde et rurale où la 
famille Matthews vit en paria. Trafiquants d'alcool de contrebande, les 
Matthews s'isolent de leurs congénères, persuadés d'être victimes d'une 
malédiction. C'est particulièrement le vrai pour Matt (John Wayne) hanté
 par la mort de sa mère disparue dans l'attente vaine d'un père parti 
durant son enfance. La malédiction tient à ce père absent et, élevé dans
 la haine par sa tante Mollie (Beulah Bondi), Matt se jure de le tuer 
s'il venait à croiser sa route. L'amour qu'il ressent pour Sammy (Betty 
Field) et l'arrivée d'un étranger bienveillant et mystérieux (Harry 
Carey) vont peut-être le dévier de cette destinée violente.
C'est le premier film en couleur d'un John Wayne qui a gagné ses galons de star depuis peu avec La Chevauchée fantastique
 de John Ford (1939). Il n'est pas encore cette statue du commandeur qui
 est John Wayne et dont le rôle doit se plier à sa personnalité (même si
 avec d'infinie nuances et variations bien sûr) et sa prestation est en 
tout point surprenante ici. Il incarne un être vulnérable et torturé, un
 homme-enfant qui maintient avec entêtement les haines entretenue pas 
une jeunesse meurtrie. La dualité entre sa bonté naturelle et la 
violence qu'invoquent ses démons (bien entretenue pas sa famille 
dégénérée) amène l'acteur à se montrer fragile comme rarement, sa force 
et son charisme s'exprimant réellement quand il est apaisée, lorsqu'il 
se contient.
C'est une forme de passage de témoin que de voir Harry 
Carey (le secret est vite éventé) jouer son père, on sent Henry Hathaway
 conscient de cela dans chaque séquence où il les filme ensemble. Dans 
l'intrigue la filiation et surtout la destinée tragique passée et 
potentielle (Harry Carey ayant laissé sa famille car il avait tué un 
homme et était en prison) constitue l'écho entre les deux personnages, 
et de manière symbolique le mythe du western à son crépuscule Harry 
Carey (immense star western de l'ère muette) laisse la place à celui en 
devenir avec John Wayne. La sensualité sauvage et la candeur de Betty 
Fields (qui rappelle la Sylvia Sydney de La Fille du bois maudit)
 parvient cependant à s'imposer entre les deux icônes, caution morale et
 amoureuse pour Matt et possibilité pour Carey d'incarner une figure 
paternelle présente.
Formellement Hathaway se plie au point de 
vue de ses personnages, avec des décors jouant de la pénombre 
inquiétante dans les clairières isolées pour appuyer les tourments et 
superstitions de chacun. La bienveillance de Harry Carey semble comme 
libérer les rancœurs et décloisonner l'environnement sauvage où se 
déploie un technicolor tout en nuances pastel et textures éthérées dans 
la photographie de Charles Lang. Les compositions lors des plans 
d'ensemble sont de somptueux tableaux en mouvement, traduisant par la 
seule image l'emphase et le questionnement intime des protagonistes, 
notamment le duel final.
Le film n'égale cependant pas la réussite de La Fille du bois maudit,
 la faute à un remontage du studio (le premier montage de deux heures 
étaient d'après les témoignages splendide) qui perd certains personnages
 de vue ou du moins expédie leur cheminement (Beulah Bondi réduite à une
 mégère vociférante, son passif n'existant que par les dialogues des 
autres). On devine plus où moins qu'il manque des éléments qui empêche 
l'intrigue d'être plus fluide. Bien dommage car le potentiel était là 
pour figurer dans les sommets d'Hathaway mais en l'état cela reste un 
très joli film.
Sorti en bluray et dvd zone 2 français chez Sidonis mais sous un nouveau titre "Prisonnier de la haine"
[Film] The Rescue, de Shen Chiang (1971)
Il y a 3 heures






 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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