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mercredi 28 décembre 2022

Une fille pour le diable - To the Devil a Daughter, Peter Sykes (1976)


 John Verney, un spécialiste des sciences occultes, est chargé de veiller sur la fille d'un ami, qui est promise à un groupe sataniste pour l'offrir au Diable.

Sorti 20 ans après Frankenstein s’est échappé de Terence Fisher (1956), Une fille pour le diable vient conclure le cycle gothique de la Hammer déclinante. Le studio s’était trouvé débordé dès le début des années 70 par les nouvelles tendances ringardisant sa veine gothique avec Rosemary’s Baby de Roman Polanski (1968), L’Exorciste de William Friedkin (1973) et l’horreur américaine frontale et malsaine de Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper (1974) ou La Dernière maison sur la gauche de Wes Craven (1972). Le studio trouve une initialement une parade en jouant la carte de la décadence avec une surenchère de sexe et de violence dans des films comme Docteur Jekyll and Sister Hyde (1971), The Vampire lovers (1970) ou La Soif du vampire (1971) mais en cette fin des années 70, cela ne suffit plus. Les financements sont de plus en plus durs à trouver après plusieurs échecs commerciaux et un public se détournant de la formule.

Une fille pour le diable est l’adaptation d’un roman de Dennis Wheatley, auteur brillamment transposé dans un des Hammer les plus mémorables, Les Vierges de satan de Terence Fisher (1968). Wheatley, véritable spécialiste en rites et sciences occultes dont il nourrit ses intrigues, se prête idéalement à un traitement mélangeant l’imagerie gothique classique et une veine plus réaliste dans les tendances contemporaines. A l’origine Christopher Lee (qui trouvait un de ses meilleurs rôles justement dans Les Vierges de satan) achète les droits de plusieurs romans de Dennis Wheatley pour sa maison de production mais devant l’échec d’une première sortie, il les revend à la Hammer qui va produire avec de grandes difficultés financières Une fille pour le diable

Un des intérêts initiaux du film est de faire se côtoyer un environnement urbain et plus cosmopolite (le héros américain joué par Richard Widmark, Nastassja Kinski qui est allemande) avec justement un arrière-plan surnaturel plus britannique que représente Christopher Lee. Ce mariage ne se fait réellement que dans les quinze dernières minutes, et se montre très décevant formellement avec une conclusion aussi brève que timide. Le reste du temps, le film n’arrive pas à choisir entre redite pauvre de récit d’exorcisme et ambiance paganistes ratées, que ce soit en comparaison une nouvelle fois de Les Vierges de Satan ou même d’une œuvre comme The Wicker Man (1973).

Dans les deux cas, la seule idée supposée novatrice est de jouer sur le trouble sexuel assez discutable autour d’une Nastassja Kinski seulement âgée de quatorze ans. Une scène de possession nocturne lascive puis un sabbat final où elle s’affiche nue (ce qu’elle regrettera) sont donc les seules attractions d’un spectacle assez ennuyeux, prévisible et poussif dans l’ensemble. Pauvreté des environnements, intrigue bricolée et acteurs peu concernés achèvent l’ensemble, hormis un Christopher Lee particulièrement retors et menaçant en prêtre défroqué sataniste. Une triste fin donc pour une Hammer qui a définitivement perdu son mojo horrifique. 

Sorti en dvd et bluray français chez Tamasa

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