Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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lundi 12 juin 2023

Wolf - Mike Nichols (1994)


 Lorsque, par une nuit de pleine lune, l'éditeur new-yorkais Will Randall se fait mordre par un loup qu'il a renversé en voiture, il ignore que cet accident va changer le cours de sa vie.

Wolf est une tentative de relecture moderne, réaliste et psychanalytique du mythe du loup-garou. Il s’agissait d’un projet de cœur pour Jack Nicholson qui y travailla près de douze ans avec son ami l’écrivain Jim Harrison, en charge du scénario. Pendant une bonne moitié de film, le film oscille entre cette dimension psychanalytique/allégorique et l’imagerie classique plus attendue d’un récit de loup-garou. L’ambiguïté fait pardonner un temps le filmage de Mike Nichols frisant souvent le ridicule dès qu’intervient le fantastique, et ce dès la scène de morsure de Will Randall (Jack Nicholson). 

Jack Nicholson joue un personnage éteint, usé et résigné dont le quotidien s’effondre dans son couple et son travail où il est rétrogradé au profit du jeune « loup » James Spader. La symbolique est certes grossière, mais amenée de façon plutôt intéressante lorsque l’instinct animal inoculé par la morsure permet à Randall de soudainement se rebiffer dans la « jungle » impitoyable d’une grande corporation. Jack Nicholson en dépit du potentiel cabotin du rôle se montre plutôt sobre, les éléments de sa métamorphose pouvant être interprété comme une forme d’autosuggestion (la piste de la tumeur au cerveau est très vaguement évoquée) dans les éléments les plus sobres (regain d’énergie, odorat soudainement développé) et vus sous l’angle de la satire sur les points les plus voyant. Le maquillage le rajeunissant discrètement, le langage corporel plus vif et en définitive une attitude plus assurée et carnassière font passer la pilule grâce à un Nicholson dosant ses effets.

Malheureusement on a le sentiment que le studio a imposé une approche plus explicite et frontale du fantastique que ce traitement ambigu et ironique plus en adéquation avec le Mike Nichols que l’on connaît sur Le Lauréat (1966), Catch 22 (1970) ou Working Girl (1988). Par manque de maîtrise des codes du fantastique ou par désintérêt, Nichols se rate grandement dès que Wolf choisit d’être un authentique film de « genre ». La pilosité plus marquée de Nicholson en loup-garou laisse penser qu’il aurait fait un bon Wolverine à l’écran mais prête plutôt à rire, les manifestations physiques de sa bestialité ne valent pas mieux avec ses sauts de cabris, contorsion et hurlements haut perché.

Le dernier acte fut retourné car il ne satisfaisait pas le public des projections-test, le résultat final ne vaut pas mieux et achève d’enfoncer le film avec un twist absurde et un affrontement enterrant l’approche psychologique initiale. On sent vraiment ce moment de flottement des années 90 où les studios devaient se dépêtrer entre velléités de faire de l’horreur grand public avec des stars (la pauvre Michelle Pfeiffer en perdition ici aussi), mais sans oser la facette plus outrée et dérangeante du genre. Pourtant des œuvres comme Wolfen Michael Wadleigh (1981), Hurlements de Joe Dante (1980) et Le Loup-garou de Londres (1980) ont prouvé que le lycanthrope pouvait s’inscrire dans un récit contemporain et oser un propos incisif. On en est loin ici et même si le film rencontrera un relatif succès, Jim Harrison se désolidarisera vite du résultat final. 

Sorti en dvd zone 2 français chez Columbia

1 commentaire:

  1. Bonjour, un film vu à l'époque de sa sortie mais pas depuis. J'y étais allée pour les acteurs. J'avoue que je les avais préférés dans d'autres films. Bonne journée.

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