Toujours à la
recherche de sa sœur, Yukiko rapporte les cendres de son père dans son village
natal. Pendant le trajet elle démasque un pickpocket. Une tribu de yakuzas
demande réparation, mais un membre du clan reconnaît la fameuse croupière...
Ce troisième et dernier volet de la saga Woman Gambler entérine la dimension
tragique de son héroïne, désormais indissociable du monde des yakuzas. Le
premier épisode The Cat Gambler
(1965) la forçait à s’immiscer dans cet univers du crime pour venger son père.
Marqué dans son cœur (par la perte de son amour) et sa chair (par un tatouage
signe de sa réputation dans le milieu mais de damnation pour toute espérance de
vie normale), Yukiko dans le second film Woman Gambler (1965) devenait cette fois l’instrument de la vengeance d’une autre
à laquelle elle laisserait l’homme dont elle était tombée amoureuse. La
progression dramatique des deux premiers volets lie ainsi de plus en plus
Yukiko à cette existence, ce que cet ultime film vient entériner.
On s’éloigne du remake déguisé du second épisode pour une intrigue
qui quitte Tokyo pour la province. Yukiko en démasquant un pickpocket dans un
train se met à dos un clan yakuza tyrannique qui souhaite dominer la ville.
Placer malgré elle dans une guerre des clans, elle va prendre le parti du plus
faible et aspirant à légaliser ses activités. L’enjeu criminel démontre l’assurance
désormais acquise par Yukiko où elle brave sans férir des situations bien plus
dangereuses que dans les précédents films. Les parties de dés occupent une
place plus congrue du récit mais recèle des enjeux cruciaux (un territoire
pouvant s’y jouer plutôt que par un affrontement ouvert) où Yukiko montre sa
dextérité, mais elle devient également une vraie héroïne d’action tenant tête
physiquement aux hommes. L’enjeu sentimental place Yumiko face à un jeune homme
détourné du destin yakuza pour un honnête métier d’ingénieur, mais près à y
basculer par amour pour elle.
La maîtrise criminelle de Yumiko se conjugue ainsi à un
vacillement dans ses élans du cœur, alors qu’elle gravit les échelons jusqu’à
devenir boss d’un clan. L’interprétation de Yumiko Nogawa est pour beaucoup dans
cette force dramatique, la détermination comme la vulnérabilité jouant toujours
sur une sincérité palpable – à l’inverse du jeu plus glacial de Junko Fuji dans
la saga de La Pivoine Rouge à venir
et mettant en scène une autre femme yakuza.
La mise en scène assez classique de
Haruyasu Noguchi sait mettre en valeur cette dichotomie, soignant ses cadres
pour la rendre imposante et arrogante (toutes les scènes de confrontations, une
belle séquence de rituel d’intronisation yakuza) et jouant d’une belle photo
clair/obscur pur signifier le déchirement dans les scènes sentimentales. On ne
tremble donc pas vraiment devant l’infamie des adversaires (dont un businessman
américain corrupteur, petite pique bien sentie même si on n’est pas dans la
virulence d’un Cochons et Cuirassés) mais l’on est ému par la nature sacrificielle
de Yumiko, éternelle paria condamnée à l’exil. Dommage que la série se soit
arrêtée là.
Sorti en bluray et dvd zone 2 français chez Bach Films
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