Les parents de Bobby, une fillette de huit ans, ont divorcé, puis se sont chacun remariés. Bobby se sent abandonnée et finit par tomber malade. Le médecin demande qu'un des parents héberge la fille ou bien qu'on l'envoie en pension. Les parents choisissent la deuxième solution...
Child of divorce est le premier long-métrage de Richard Fleischer qui bénéficie là du principe de promotion habituel de la la RKO après avoir fait ses preuves comme monteur (et signé quelques court-métrages). Le film est un véhicule destiné à faire de la jeune Sharyn Moffett une enfant star dans la lignée de Shirley Temple ou Margaret O'Brien. Si en définitive elle n’aura pas la carrière de ces dernières, la fillette n’a rien à leur envier en talent, tant elle porte de toute sa sensibilité ce récit de divorce conjugal vu à hauteur d’enfant.
La jeune Bobby (Sharyn Moffett), huit ans, vit des jours heureux au côté de ses parents Ray (Regis Toomey) et Joan (Madge Meredith) jusqu’à ce funeste jour où elle surprend sa mère enlacée par un autre homme en présence de ses camarades de classe. L’enfant peine à dissimuler son émoi mais ne dit mot, ce qui n’empêchera pas la vérité d’éclater et ses parents d’entamer une procédure de divorce. Richard Fleischer alterne entre les interactions adultes et le point de vue de Bobby, nous faisant ainsi partager son ressentiment envers sa mère adultère, tout en nous faisant comprendre les raisons de cette dernière (inaccessible au raisonnement de la fillette) lasse de végéter seule durant les déplacements professionnels de son époux. La violence et le déracinement de la séparation transparaissent douloureusement, que ce soit durant les procédures judiciaires où Bobby est mise à contribution pour témoigner, ou le nouveau quotidien qu’on lui impose d’accepter. Sharyn Moffet oscille entre désapprobation expressive et déchirante, puis résignation taciturne, ces deux voies en faisant un poids pour ses parents souhaitant refaire leur vie.Le récit retrouve d’ailleurs subtilement son équilibre dans les tords respectifs des parents, puisqu’après avoir culpabilisé l’épouse démissionnaire, le papa gâteau s’avère tout aussi défaillant lorsqu’il devra à son tour assumer à plein temps l’éducation de sa fille. Le film est une vraie photographie sociale d’un modèle familial encore pas si courant à l’époque, et plaçant l’enfant à l’écart de ses camarades, des préoccupations de leurs parents dans un système institutionnel et éducatif les mettant de côté. L’épilogue est à ce titre saisissant de noirceur et bien éloigné du happy-end de rigueur, tout en résignation silencieuse aux côtés d’autres compagnes d’infortunes et en attente d’un âge adulte où l’on espèrera faire mieux que son piètre modèle familial. La direction d’acteur de Fleischer, en particulier les enfants, est impressionnante, et la mise en scène déjà très pensée même sur ce registre plus sobre que ses travaux à venir – la composition de plan voyant Bobby s’intégrer telle une intruse dans un coin du cadre alors que sa mère et son beau-père s’embrassent au sein du nouveau foyer. Mine de rien un vrai précurseur au bien plus tardif et japonais Déménagements de Shinji Somai (1993).Sorti en dvd zone 2 français aux Editions Montparnasse
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