Women of Twilight représente une date marquante pour le cinéma anglais puisqu'il s'agira du premier film local à sortir sous la classification X. Cette première est due à son sujet sulfureux adapté de la pièce de Sylvia Rayman, la première de la jeune dramaturge à être jouée sur scène en 1951. Sylvia Rayman après ses études vécu seule à Manchester puis à Londres où elle effectua divers métiers pénibles (nurse, serveuse...) pour subsister et fut contrainte à habiter parfois des pensions sordides. Cette somme d'expérience transparaît dans Women of Twilight dont l'intrigue se déroule dans une pension constituant l'ultime refuge pour les parias de la société que représentent à l'époque les filles-mères.
L'histoire nous introduit plus particulièrement Vivianne ( Rene Ray) et Chris (Lois Maxwell), deux jeunes femmes qui vont être amené à vivre dans un de ces lieux. Vivianne est l'amante de Jerry (Laurence Harvey), star du music-hall arrêtée pour meurtre et la folie médiatique du procès voit toutes chambres d'hôtes être refusé à la femme dont la présence est synonyme d'infamie. Chris est une jeune mère attendant de retrouver le père de son bébé pour se marier et qui va trouver en Vivianne une compagne d'infortune dans la pension de Helen Allistair (Lois Maxwell) qui se fait fort d'accueillir toutes ses femmes que l'ordre moral rejette.D'emblée il y a une dichotomie entre la chaleur maternelle de l'accueil de Madame Allistair et les conditions de vie, Chris passant du bonheur d'avoir un toit à l'effroi en voyant qu'elle ne dispose pas d'une chambre individuelle, ainsi que la compagnie douteuse des autres pensionnaires. Langage peu châtié des colocataires, décors insalubres et promiscuité glauque donne d'emblée un visage inquiétant au supposé refuge. La censure anglaise rend implicite les éléments les plus crus de la pièce, mais les sous-entend largement malgré l'édulcoration. On soupçonne ainsi certaines de sans doute se prostituer pour arrondir leur fin de mois, d'autres de devoir leur maternité à un viol. Même si l'attention se porte sur Vivianne et Chris, la forme chorale met en valeur toutes les personnalités hautes en couleurs des autres femmes, leur vécu, la gravité ou frivolité de certaines.Gordon Parry laisse progressivement deviner par les dialogues et la mise en scène l'emprise qu'a Madame Allistair sur ses locataires, et à quelles extrémités peut la conduire cet ascendant. Les bébés dont elle a la charge sont sous-alimentés, elle freine toute intervention médicale extérieure si l'un d'entre eux tombe malade, et son ton doucereux se fait brusquement plus menaçant si quiconque ose la contester. Freda Jackson est impressionnante, estompant ses allures de maîtresse d'école inoffensive pour arborer un masque quasi démoniaque laissant entendre les plus sinistres intentions. La disposition même de la pension traduit l'illusion de cette façade respectable ainsi que la dynamique des pouvoirs en place. La chambre de Madame Allistair est face à l'entrée de la maison et figure une présence avenante à laquelle on peut aller se confier, mais sa porte constamment close exprime finalement tous les noirs desseins de la propriétaire - qui ne propose ses conseils les plus infamant qu'à ceux qu'elle laisse y rentrer et comprennent alors son vrai visage. Les escaliers ou les chambres sont les rares lieux de sororité, à condition que les protagonistes soient en petit comité mais toute dynamique de groupe introduit hypocrisie, conflit et rapport de domination.Le sous-sol s'avère une sorte d'antichambre des enfers dans lequel se feront les terribles révélations, et les actes les plus répréhensible. La photo de Jack Asher (qui fera plus tard les belles heures de la Hammer) accentue cela par ses jeux d'ombres soulignant la dangereuse ambiguïté des personnages, les contre-plongées inattendues donnant presque une aura gothique à ce lieu très domestique. Gordon Parry se défait bien du passif théâtral du récit en dynamisant bien les dialogues tour à tour poignant et manipulateur dans certaines situations conflictuelles. Une belle réussite qui fonctionne aussi bien sur son registre social que celui du suspense, et très osé dans sa violence physique et psychologique - ouvrant la voie à des portraits de femmes cru dans le cinéma anglais comme Turn the key softly de Jack Lee (1953), La Chambre indiscrète de Bryan Forbes (1962).Sorti en bluray anglais chez StudioCanal et doté de sous-titres anglais
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