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samedi 10 février 2024

Comfort and Joy - Bill Forsyth (1984)


 Un animateur de radio locale à Glasgow se retrouve mêlé à une rivalité entre deux marchands de glaces.

Après les deux attachantes chroniques adolescentes That sinking feeling (1979) et Gregory’s girl (1980), Bill Forsyth avait brillamment fait passer ses intrigues à l’âge adulte avec le succès de Local Hero (1983). Comfort and Joy poursuit cette voie, retrouvant l’univers et les personnages décalés chers au réalisateur écossais. Alan « Dicky » Bird (Bill Patterson) est un animateur radio à succès coulant de jours heureux avec son excentrique petite amie Maddy (Eleanor David), jusqu’à la brutale rupture de cette dernière le soir de noël. La scène est aussi cruelle qu’hilarante, Alan constatant la rupture avec l’arrivée des déménageurs venu chercher les meubles de Maddy qui a « oublié » de l’avertir. Le moral au plus bas dans un appartement vide, Alan semble prêt à céder à la première jeune femme venue daignant lui accorder un sourire durant ses errances où, en rachetant le nécessaire pour son logis, il doit aussi se reconstruire, se réinventer – élément renforcé par la monotonie de son métier de radio. 

C’est ainsi qu’il va suivre le camion d’une vendeuse de glace qui lui a semblé amicale, et être témoin de l’agression d’hommes cagoulés sur le commerce. Ce postulat s’inspire d’une vraie affaire criminelle qui défraya la chronique quand deux entreprises de marchands de glace de Glagow se livrèrent une guerre sans merci. Dans la réalité, il s’agissait d’une véritable guerre des gangs mafieux qui dissimulaient sous la vente de glace un trafic de drogue et se disputaient ainsi les espaces de vente en disséminant leur camion. Bill Forsyth se déleste de tout cet arrière-plan (qui mériteraient presque une version « sérieuse ») de polar pour quelque chose de plus léger. Alan se trouve malgré lui à devenir l’intermédiaire entre les deux concurrents afin d’arriver à une coexistence plus apaisée. 

Il y a une dimension amusante dans la caractérisation pittoresque des mafieux locaux qui n’évite cependant pas le cliché, mais l’environnement austère écossais amène un certain décalage original et la tonalité douce-mère ne manque pas de charme. L’abattage de Bill Paterson passant de la loque dépressive au « consigliere » des glaciers fait mouche et Bill Forsyth est très bon pour façonner des situations décalées, notamment lorsque Alan fixe des rendez-secrets dans des messages cryptés durant son émission de radio.

On passe donc un moment relativement agréable, mais il manque le soupçon de charme, d’originalité et d’invention formelle des précédents films de Forsyth. L’intrigue tire en longueur (les vas et vient de négociations d’une famille à l’autre finissent par lasser) et l’écriture semble moins affutée, notamment la conclusion résolvant artificiellement le conflit et oubliant en route la romance. Petite déception donc, mais en tout cas on rêve un peu d’un polar premier degré sur la guerre des glaciers de Glasgow !

Sorti en bluray anglais doté de sous-titres anglais chez StudioCanal

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