Une jeune anglaise
fortunée (Virginia Mckenna) revient en Malaisie pour aider des villageois à
construire un puit. Les souvenirs de sa vie troublée par la guerre remontent
alors à la surface, et elle se remémore son histoire d’amour avec Joe (Peter
Finch). En 1941, les japonais envahissent le pays et font prisonnier les colons
britanniques. Les deux amants se rencontrent dans un camp, et surmontent
ensemble de terribles épreuves afin de survivre.
En cette fin des années 50, le cinéma anglais prenait un
angle nouveau dans sa manière d’aborder la Seconde Guerre Mondiale.
L’illustration de grandes batailles et campagnes militaires dans une veine
documentaire et/ou spectaculaire aura toujours cours mais laissera aussi
s’exprimer d’autres approches. Contrairement aux œuvres produites lorsque le
conflit faisait rage, on peut désormais évoquer des fronts plus éloignés dont
les évènements sont alors plus connus. Cette tendance nourrira surtout le
mélodrame exotique, ce dépaysement nourrissant idéalement les grands sentiments
comme dans Le Vent ne sait pas lire
(1958) de Ralph Thomas traitant de la romance entre un anglais et une japonaise
ou chez les américains Sayonara
(1957) de Joshua Logan – ce dernier traitant cependant de la Guerre de Corée. Ma vie commence en Malaisie s’inscrit
dans cette veine, l’orientation de cette adaptation d’un roman de Neil Shute
privilégiant l’angle romanesque dépaysant dans le contenu d’une œuvre pourtant plus
complexe. Le film n’adapte en effet que la seconde partie du roman à succès
paru en 1950, les souvenirs de l’héroïne sur sa captivité en Malaisie. Le roman
était une bien plus vaste saga dépeignant tout d’abord l’héritage que faisait
une jeune anglaise et les relations avec son mentor/donateur puis l’usage
qu’elle en faisait en retournant aider les populations en Malaisie et enfin sa
quête d’un amour disparu en Australie.
Le scénario de Richard Mason (qui s’y entend en romance dépaysante
puisqu’il est l’auteur de Le Monde de
Suzie Wong) et W. P. Lipscomb prend juste brièvement le même point de
départ, lorsque la Jean Paget (Virginia McKenna) s’envole pour la Malaisie et
finance l’installation d’un puits au sein du village l’ayant accueillie durant
la guerre. Malgré la joie de retrouver ses bienfaiteurs d’alors, Jean souffre
en silence en repensant à son amour perdu. Nous découvrirons ainsi son odyssée
en flashback où elle fut captive des japonais ayant investis le pays où elle
officiait en tant que secrétaire. Le film a l’originalité de représenté la
Malaisie entière comme une immense geôle à ciel ouvert.
Si les prisonniers masculins peuvent représenter une main d’œuvre utile pour divers travaux, les femmes et enfants constituent un fardeau exploitant inutilement les ressources pour les japonais. Une première confrontation montre avec une grande violence psychologique le fossé culturel entre les femmes anglaises dont la liberté de ton fait figure d’affront aux officiers japonais. Jean et ses compagnes paieront leurs « inutilité » en errant à pied dans toutes la Malaisie, rejetés par tous les camps de prisonniers japonais ne souhaitant pas s’en encombrer et leur sacrifier des denrées.
Si les prisonniers masculins peuvent représenter une main d’œuvre utile pour divers travaux, les femmes et enfants constituent un fardeau exploitant inutilement les ressources pour les japonais. Une première confrontation montre avec une grande violence psychologique le fossé culturel entre les femmes anglaises dont la liberté de ton fait figure d’affront aux officiers japonais. Jean et ses compagnes paieront leurs « inutilité » en errant à pied dans toutes la Malaisie, rejetés par tous les camps de prisonniers japonais ne souhaitant pas s’en encombrer et leur sacrifier des denrées.
Seul lumière dans cette épreuve pour Jean, les rencontres épisodiques
avec le prisonnier de guerre australien Joe Harman (Peter Finch). Peter Finch, de
nationalité anglaise mais exilé à l’âge
de dix ans en Australie respire l’authenticité dans le rôle où cette identité
doit transparaître dans la description exaltée qu’il fait de sa ville natale
(Alice Springs qui donne son titre au film) à Jean. L’alchimie entre les deux
acteurs est palpable, que ce soit la tendresse de Virginia McKenna ou un Peter
Finch (acteur sensible mais qui d’ordinaire ne révèle toujours que subtilement
la vulnérabilité de ses personnages) qu’on a rarement vu se mettre autant à nu.
Chaque rencontre est une respiration dans l’intrigue, l’aide matérielle risquée
de Joe préservant la santé de Jean et ses compagnes tandis que sa présence
chaleureuse lui réchauffe l’âme et lui donne un motif de survie à cette guerre.
Un terrible rebondissement va pourtant remettre en cause ces fragiles espoirs.
Le réalisateur britannique Jack Lee signait là son film le
plus populaire et son brio technique allait faire des merveilles. Si ce n’est certains
moments où les arrière-plans de studios se devine aisément (mais s’oublie pris
par l’intrigue), l’illusion fonctionne parfaitement et l’on pense vraiment que
le film a été tourné en Malaisie. Le budget pour envoyer toute l’équipe et le
casting dans un tournage à l’étranger s’avérant trop couteux, seule sa seconde équipe
y filma une multitude de plans d’ensemble où des figurantes malaisiennes
étaient habillées comme le casting féminin. Le montage, les éclairages et le
brio filmique et narratif de Lee rendent l’ensemble imperceptible, notamment l’éprouvante
séquence des marécages insalubres tournée en plein hiver dans un jardin
avoisinant le studio Pinewood !
Par son approche humaniste et intimiste, A Town like Alice évite tout manichéisme, les japonais étant vus sous leur réel jour le plus belliqueux et inhumain sans pour autant en faire un trait commun à leur ensemble grâce à l’attachant personnage du garde finalement aussi contraint que ses prisonnières de souffrir dans ce pénible voyage. La vraie noirceur du contexte n’interdit une lueur d’espoir ténue dans cette œuvre sensible qui sera le troisième film au box-office anglais en 1956.
Sorti en dvd zone 2 français chez Elephant Films
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