The Divorcee est un Pré-Code qui figure parmi les premiers films hollywoodiens mettant en scène le divorce. Le traitement y sera d'ailleurs assez surprenant, le divorce étant moins une solution en elle-même qu'un moteur de réconciliation qui annonce le sous-genre de la "comédie du remariage" que l'on trouvera souvent dans les comédies américaines des années à venir. Jerry (Norma Shearer) et Ted (Chester Morris) sont un couple new-yorkais fous amoureux et qui vont décider de se marier. En jeunes gens modernes, ils pensent construire leur union sur un pied d'égalité faisant disparaître la notion de sexe fort et faible. L'ouverture du film illustre la dualité et l'impossibilité de cette approche. La fête sur lequel l'intrigue débute nous montre ainsi la liberté de ton et de mœurs de cette jeunesse new yorkaise festoyant en campagne mais, derrière cette insouciance le dépit amoureux ordinaire d'un prétendant éconduit (Conrad Nagel) va conduire à un terrible drame. La modernité dévoilera ainsi ses limites face aux tourments bien humains qui ne pourront s'y soumettre.
Après trois ans de mariage, Jerry va découvrir l'infidélité de Ted. Celui-ci balaie d'un revers de la main sa faute, estimant que c'est un moment d'égarement qui n'a aucune importance. Cet esprit libre en prendra un coup lorsque Jerry fera de même par vengeance avec son meilleur ami Don (Robert Montgomery). Là aussi, envolé le couple libre et retour du machisme ordinaire du mari blessé dans son orgueil qui réclamait la clémence pour lui dans de même circonstances. Les affrontements du couple sont d'ailleurs d'une férocité et cruauté saisissante. Les sentiments et le supposé mode de vie s'opposent, conduisant le couple au divorce. Engoncés dans leur fierté les deux pourtant s'aiment toujours et se manquent. Le récit opère un changement complexe, la modernité opérant dans l'oubli et le pardon tandis que la tradition reprend ses droits avec les retrouvailles du couple. Une approche intéressante et remarquablement portée par la prestation subtile de Norma Shearer tour à tour écorchée vive, suppliante et vindicative. Elle y gagnera d'ailleurs un Oscar.
L'adultère comme moteur de ravivement du couple sera vu avec bien plus d'audace et de modernité dans le Ange (1937) de Lubitsch et sur une intrigue voisine, Femmes (1939) de Georges Cukor gagnera grandement en finesse en n'adoptant que le seul point de vue de la femme trompée. Intéressant tout de même mais déséquilibré par des choix qui le rendent finalement très moralisateur.
Sorti en dvd zone 2 français chez Warner
Extrait
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