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jeudi 6 août 2015

Les 4 Fantastiques - Fantastic Four, Josh Trank (2015)

Quatre jeunes génies se retrouvent projetés dans un univers alternatif et dangereux, qui modifie leurs formes physiques mais aussi leurs vies de façon radicale. Ils devront apprendre à maîtriser leurs nouvelles capacités et à travailler ensemble pour sauver la Terre d’un ancien allié devenu leur ennemi.

Les Quatre Fantastiques est un nouvel avatar de la mode récente du reboot au sein des studios hollywoodiens, à savoir repartir de zéro quant aux origines d’un personnage afin de susciter un regain d’intérêt pour ses aventures. La pratique - reprise des comics mais appliquée sur tous types de personnages comme le James Bond débutant de Casino Royale (2006) - n’est pas si nouvelle mais était autrefois plus espacée dans le temps afin de susciter l’attente et l’évènement pour le retour (8 ans s’écoulant entre le raté Batman et Robin (1997) de Joel Schumacher et la reprise saluée de Christopher Nolan Batman Begins (2005)). Depuis, les choses se sont accélérées en dépit du bon sens avec un Amazing Spiderman (2012) produit alors que Spider-Man 3 (2007) est sorti cinq ans auparavant ; ou le futur Batman vs Superman alors que la saga de Nolan est encore dans les esprits. Cette logique purement mercantile peut néanmoins être l’occasion de redonner une chance à des personnages dont la transposition fut franchement ratée au vu du potentiel. C’est le cas des Quatre Fantastiques, premiers héros majeurs de la firme Marvel, qui inaugurèrent le concept d’équipe de super-héros avec l’originalité de constituer une famille. Si l’on excepte la production Corman fauchée et invisible de 1994, les personnages avaient eu droit à de bien piètres adaptations avec les deux films de Tim Story (Les Quatre Fantastiques et Les Quatre Fantastiques et le Surfer d’argent en 2005 et 2007), relativement fidèles mais gâchés par un humour bas du front et une exécution sans ampleur. Finalement Les Indestructibles (2005) de Brad Bird constituait une adaptation officieuse autrement plus convaincante.

Josh Trank s’était fait connaître avec le très bon Chronicle (2012), une des rares réussites de found footage, où il entremêlait mélodrame adolescent, film de super-héros et même japanimation avec son final sous influence Akira. Josh Trank rajeunit ici les personnages afin de prolonger les thèmes de son premier film avec ses post-adolescents de génie qui vont voir leur destin bouleversé par une expérience scientifique. La première partie est remarquable, Trank se montrant fidèle tout en modernisant intelligemment l’univers des comics – l’exposition au rayons cosmique laisse sa place au voyage transdimensionnel pour les origines. On alterne ainsi avec une imagerie banlieusarde bleutée et fantastique des productions Amblin (tout le début sur les premières expériences de Red Richards) et de hard science donnant un côté plus sombre et presque horrifique à la découverte des pouvoirs par les héros. Miles Teller (révélation de The Spectacular Now (2014) et Whiplash (2014)) est remarquable en scientifique ingénu et déterminé et le reste du casting répond bien au canon des personnages tout en étant revisités par Josh Trank. Cela fonctionne vraiment bien et on croit enfin voir l’adaptation rêvée durant la première heure.

Les tensions ayant fuité entre Josh Trank et la Fox gâchent malheureusement la suite. Le studio et sa gestion chaotique des blockbusters avaient constitué un catalogue catastrophique pour les années 2000, qui s’était répercuté justement sur la première version ou certaines suite et/ou déclinaison des X-Men (X-Men 3 (2011) ou Wolverine (2013)). Ici, il semble retomber dans ses travers interventionnistes et mercantiles tant la seconde heure est ratée. Les enjeux se diluent avec l’arrivée tardive et ratée du méchant, un gros ventre mou à mi-parcours et un final spectaculaire expédié. De même, l’interaction des personnages se fait dans une urgence (la relation entre Red et Ben si bien amenée parait inaboutie, le sort du mentor Frank Storm est anecdotique…) sentant le compromis et l’ensemble ne semble jamais dépasser le stade de l’introduction inaboutie. On devine les changements de direction déviant de l’option initiale, le côté sombre et intimiste cédant à une pyrotechnie vu et revue ailleurs (le côté aventure dépaysante typique des comics étant aux abonnés absents), comme si le studio avait craint d’assumer l’approche de Josh Trank. Un vrai gâchis au vu des promesses initiales, qui condamne les Fantastic Four à un nouveau purgatoire cinématographique – à moins d’un succès inespéré. 

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