Corrado, seize ans,
vit avec sa mère, Teresa, une femme veuve depuis l'âge de vingt ans, qui le
couve encore comme un enfant. Le jeune homme en vacances s'ennuie et fait la
rencontre de Manfredi, un ingénieur qui s'occupe d'un chantier de fouilles
archéologiques. Peu après, Corrado lui fait rencontrer sa mère.
On situe la période la plus intéressante et personnelle de
Mauro Bolognini comme débutant avec sa collaboration avec un Pier Paolo
Pasolini encore scénariste dans notamment Les Garçons (1959), Le Bel Antonio
(1960) et Ça s'est passé à Rome (1960).
Par la suite et sorti de l’ombre de ce prestigieux collaborateur, Bolognini
déploiera une filmographie flamboyante et mélodramatique souvent inscrite dans
le drame en costume et l’adaptation littéraire prestigieuse. La Viaccia (1961) constituera la
première tentative et réussite majeure dans cette optique et sera suivit de
nombreuses œuvres majeures tel que Metello
(1970), Bubu de Montparnasse ou
encore L’Héritage (1976). Bolognini
s’était néanmoins déjà frotté au genre durant la première partie de sa carrière
où il n’était encore qu’un exécutant au service de ses producteurs. Une fille formidable (1953), plaisante
comédie sur le monde du spectacle où il révèle Sophia Loren aura constitué un
galop d’essai rassurant pour la Athena Cinematografica et Mauro Bolognini se
voit donc confier ce projet plus ambitieux, La
Veine d’or.
Le malaise se distille dans le non-dit et par
la gestuelle, les attentions et la tendresse trop appuyée pour un adolescent de
seize ans signifiant l’anormalité de la situation. On devine ainsi autant le
sacrifice de cette mère que l’exclusivité exigée par ce fils guère émancipé, un
état qui va être perturbé par l’arrivée Manfredi. Bolognini tisse avec une
vraie délicatesse la romance naissante entre Manfredi et Maria, là aussi par le
non-dit en s’appuyant sur la photogénie et l’alchimie de ses acteurs. La gêne
candide du coup de foudre donne un charme accru à leur première rencontre,
Maria ne sachant contenir un émoi qu’elle pensait éteint et Manfredi étant
dépassé par une émotion subite.
Le seul gros problème est le jeu catastrophique de Mario
Girotti, rapidement agaçant en adolescent capricieux et caractériel. Il n’amène
aucune finesse à l’expression de la douleur de son personnage, raide et sans
émotion authentique si ce n’est une mine butée sans la moindre variante. Bolognini
rattrape cet écueil par une esthétique léchée, le film étant la première
occasion pour lui de mettre en valeur son parcours (il eut une formation
d’architecte), ses connaissances historiques et l’usage de la forme comme vrai
moteur dramatique. L’éveil à l’amour de Maria se ressent ainsi par le passage
de la tenue stricte et la couleur noire de sa robe de veuve à celle tout en
volant et de couleur blanche arborée lors de la scène de bal. L’étiquette et
les mœurs codées de ce début de XXe siècle inscrivent ainsi la reconstitution
dans le cheminement émotionnel des personnages.
Orietta Nasalli-Rocca, ancienne
assistante de Piero Gherardi (fameux costumier du cinéma italien pour Fellini
entre autre) effectue un remarquable travail qui culmine lors de la superbe
séquence de bal. Le cadre de cette villa campagnarde, sans avoir les moyens ni
la flamboyance des reconstitutions à venir de Bolognini sert pourtant
l’intrigue par les sa mise en place, la manière de le faire arpenter par les
protagonistes oppressés ou épanoui et la photo de Carlo Carlini. C’est
réellement ce visuel qui transcende le classicisme attendu du drame et la
faiblesse relative de l’interprétation. Perfectible mais prometteur donc pour
un Mauro Bolognini qui exploitera par la suite bien mieux ces thèmes (la
relation mère/fils trouble que l’on retrouvera dans Agostino (1962)) et atmosphères.
Sorti en dvd zone 2 français chez SNC/M6 vidéo
Extrait
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