Julie François, créatrice de papier
peint, doit passer son baccalauréat pour aller enseigner son art à
Pondichéry, en Inde. De retour sur les bancs du lycée, elle rencontre
Léo, musicien sexagénaire, décidé lui aussi à obtenir le diplôme. Une
amitié amoureuse se crée alors entre eux, faite de respect et de
tendresse.
Yves Robert signe son dernier film avec
Montparnasse Pondichéry, une ultime réussite à l'image de sa
filmographie tendre, amusée et bienveillante. Julie François (Miou Miou)
est une quarantenaire forcée de retourner sur les bancs du lycée,
obtenir son bac étant indispensable à l'opportunité d'enseigner son art
de la confection de papier peint à Pondichéry. Le doute va pourtant
rapidement s'immiscer, autant par sa difficulté à se remettre au rythme
et niveau que par la défiance de son entourage dont un petit ami (Maxime
Leroux) la rabaissant. Une rencontre va pourtant lui redonner espoir
avec Léo (Yves Robert), musicien sexagénaire passant également le
diplôme par correspondance. Leur relation tendre et ambigüe va ainsi
l'aider à relever le défi.
On retrouve là le dosage de drôlerie
et mélancolie typique du cinéma d'Yves Robert. Le récit déploie à
travers ses deux personnages un regard sur l'avenir et un droit à la
seconde chance par les aspirations de Julie, l'appréciation de la saveur
du présent à travers la relation tendre et enjouée du duo mais aussi
une tristesse et un gout d'inachevé face à amitié amoureuse finalement
platonique. Léo est un ange gardien sautillant et rieur toujours là pour
remobiliser Julie, sans que cette complicité ne débouche sur une vraie
romance. Il goutera à un sentiment amoureux inespéré pour lui à son âge,
tout en ne pouvant le mener plus loin pour les même raisons. Julie
oscille aussi constamment entre espoir et résignation, Yves Robert
déployant en filigrane un vrai propos social et féministe sur le droit à
la seconde chance, à l'accès à la culture et au savoir.
Tout cela se
fait sur un ton amusé mais qui sait être cruel (l'odieux professeur de
mathématiques joué par Judith Magre), le côté lumineux et très positif
atténuant un environnement social teinté de noirceur. Les moments de
grâce ne manquent pas tel la première rencontre dans le métro, toute les
scènes en classe de philo (excellent André Dussolier en prof
charismatique) et les échanges dans l'appartement de Julie où les amis
se confient et s'apprivoisent.
Yves Robert offre une interprétation
poignante, roc et confident solide à l'extérieur et amoureux transis à
l'intérieur. Miou Miou plus fragile et libre de ses émotions affirme
néanmoins la détermination de son personnage jusqu'au bout. En faisant partager l'urgence, l'angoisse et l'euphorie de jeunes
bacheliers à des personnages adultes et en les faisant replonger dans
l'adolescence, Yves Robert retrouve la fantaisie et l'immaturité
réjouissante qui caractérise tous ses héros (Les Copains (1964), Alexandre le bienheureux (1967), Un éléphant ça trompe énormément ou Courage fuyons (1979) ou les deux Grand Blond). Hormis
quelques petites fautes de goût 90's (l'incursion d'un rap laborieux
dans la belle bande originale de Vladimir Cosma), une belle réussite dont un rebondissement
surprenant rend le final plus poignant encore, et le rêve d'autant plus
beau après cette parenthèse enchantée.
Sorti en dvd zone 2 français chez Gaumont
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