Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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mardi 1 décembre 2015

Montparnasse Pondichéry - Yves Robert (1993)

Julie François, créatrice de papier peint, doit passer son baccalauréat pour aller enseigner son art à Pondichéry, en Inde. De retour sur les bancs du lycée, elle rencontre Léo, musicien sexagénaire, décidé lui aussi à obtenir le diplôme. Une amitié amoureuse se crée alors entre eux, faite de respect et de tendresse.

Yves Robert signe son dernier film avec Montparnasse Pondichéry, une ultime réussite à l'image de sa filmographie tendre, amusée et bienveillante. Julie François (Miou Miou) est une quarantenaire forcée de retourner sur les bancs du lycée, obtenir son bac étant indispensable à l'opportunité d'enseigner son art de la confection de papier peint à Pondichéry. Le doute va pourtant rapidement s'immiscer, autant par sa difficulté à se remettre au rythme et niveau que par la défiance de son entourage dont un petit ami (Maxime Leroux) la rabaissant. Une rencontre va pourtant lui redonner espoir avec Léo (Yves Robert), musicien sexagénaire passant également le diplôme par correspondance. Leur relation tendre et ambigüe va ainsi l'aider à relever le défi.

On retrouve là le dosage de drôlerie et mélancolie typique du cinéma d'Yves Robert. Le récit déploie à travers ses deux personnages un regard sur l'avenir et un droit à la seconde chance par les aspirations de Julie, l'appréciation de la saveur du présent à travers la relation tendre et enjouée du duo mais aussi une tristesse et un gout d'inachevé face à amitié amoureuse finalement platonique. Léo est un ange gardien sautillant et rieur toujours là pour remobiliser Julie, sans que cette complicité ne débouche sur une vraie romance. Il goutera à un sentiment amoureux inespéré pour lui à son âge, tout en ne pouvant le mener plus loin pour les même raisons. Julie oscille aussi constamment entre espoir et résignation, Yves Robert déployant en filigrane un vrai propos social et féministe sur le droit à la seconde chance, à l'accès à la culture et au savoir.

Tout cela se fait sur un ton amusé mais qui sait être cruel (l'odieux professeur de mathématiques joué par Judith Magre), le côté lumineux et très positif atténuant un environnement social teinté de noirceur. Les moments de grâce ne manquent pas tel la première rencontre dans le métro, toute les scènes en classe de philo (excellent André Dussolier en prof charismatique) et les échanges dans l'appartement de Julie où les amis se confient et s'apprivoisent.

Yves Robert offre une interprétation poignante, roc et confident solide à l'extérieur et amoureux transis à l'intérieur. Miou Miou plus fragile et libre de ses émotions affirme néanmoins la détermination de son personnage jusqu'au bout. En faisant partager l'urgence, l'angoisse et l'euphorie de jeunes bacheliers à des personnages adultes et en les faisant replonger dans l'adolescence, Yves Robert retrouve la fantaisie et l'immaturité réjouissante qui caractérise tous ses héros (Les Copains (1964), Alexandre le bienheureux (1967), Un éléphant ça trompe énormément ou Courage fuyons (1979) ou les deux Grand Blond). Hormis quelques petites fautes de goût 90's (l'incursion d'un rap laborieux dans la belle bande originale de Vladimir Cosma), une belle réussite dont un rebondissement surprenant rend le final plus poignant encore, et le rêve d'autant plus beau après cette parenthèse enchantée.

Sorti en dvd zone 2 français chez Gaumont

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