Un jeune cow-boy,
participant au rodéo de Phoenix, rencontre dans le bus une chanteuse de
cabaret. S'éprenant de la Belle, il va alors tout faire pour qu'elle quitte son
ranch et l'homme avec qui elle doit se marier...
Après la réussite de son magnifique Picnic (1955), Joshua Logan va devenir le spécialiste des prestigieuses adaptations
à l’écran des succès de Broadway, pour le meilleur parfois mais aussi pour le
pire avec quelques meringues boursouflées de fin de carrière comme Camelot (1967) et La Kermesse de l’Ouest (1969). Bus
Stop se situe plutôt dans le haut du panier et tout comme Picnic, il s’agit de l’adaptation d’une
pièce du dramaturge William Inge. Celui-ci était connu pour le caractère
réaliste de ses écrits dépeignant souvent des milieux prolétaires et
provinciaux, et la manière dont ces environnements sociaux pouvaient écraser
des personnages faibles et incapable d’en sortir. C’était tout le propos de Picnic avec son couple William
Holden/Kim Novak figés dans sa gloire lycéenne passée et incapable de trouver
leur place dans le monde des adultes. Bus Stop creuse le même sillon mais dans
une veine moins dramatique et lorgnant plutôt vers la comédie romantique.
Nous suivons ici Bo Decker (Don Murray), un jeune cowboy en
route pour Phoenix afin de participer à un tournoi de rodéo. C’est pratiquement
la première sortie en ville du jeune homme, qui se manifeste de façon comique
par ses attitudes bruyantes et sans gêne de plouc ignorant la us et coutume
citadines. Cette inexpérience est sources de gags grossiers (timbre de voix
tonitruant, incompréhension des feux routiers, appétit d’ogre) mais va trouver
son nœud dramatique quant à ses relations avec les femmes. Bo est à la
recherche d’un « ange », et c’est tout naturellement qu’il s’amouracher
d’une femme à la beauté clinquante et un peu vulgaire, Chérie (Marylin Monroe),
chanteuse de cabaret. Dès lors c’est décidé, il compte bien l’épouser et la
ramener avec lui dans son ranch, de gré ou de force.
Il serait facile de ne voir qu’une affreuse fable machiste
dans le récit, notamment les analogies animalières douteuses de Bo (un dialogue
où il affirme qu’une femme est comme un animal sauvage qu’il saura dresser tôt
ou tard comme au rodéo) qu’il met en pratique en attrapant la malheureuse
Chérie au lasso ou en la soulevant par-dessus l’épaule comme du gibier.
Cependant Joshua Logan à travers le jeu outrancier de Don Murray (dont c’est le
premier rôle au cinéma) n’oublie jamais de souligner l’inexpérience et la
pureté du protagoniste. La scène de la rencontre l’illustre bien. On aura vu
Chérie auparavant tripotée et sifflée par les clients masculins libidineux, et
utilisée comme matière aguicheuse pour les faire consommer. Bo lorsqu’il
pénètre dans le bar est frappé par sa beauté de la plus innocente des manières,
et incite à sa manière rustre l’assemblée à se taire pendant son numéro. Il
exprime donc un amour certes très maladroit et brutal, mais se montre
paradoxalement plus respectueux de la jeune femme que les hommes qu’elle a l’habitude
côtoyer.
D’ailleurs Chérie en femme qui a connue de nombreux hommes
et les déconvenues qui vont avec ne s’offusque guère, par habitude, des
attitudes désinvoltes à son égard. Bo est bien différent et lorsque le film se
déleste de sa frénésie, Logan tisse de très beaux moments tendres et intimistes. La discussion dans la remise montre ainsi un
Chérie plus libérée, et un Bo qui tombe véritablement là amoureux de cette
fille simple dissimulée sous les fanfreluches de chanteuse. Don Murray est très
intéressant, sa prestation pourrait être fatigante à la longue mais il exprime
en fait la façon maladroite qu’aurait un enfant d’exprimer son amour. La
manière de tirer par le bras Chérie pour s’isoler, sa gestuelle agitée quand
ils se trouvent seuls (puisque l’initiative d’un rapprochement corporel lui est
étrangère) montrent une expression amoureuse passant avant tout par l’action
physique, comme un enfant cherchant à attirer l’attention. Ce n’est que lorsqu’il
sera justement dominé physiquement (recevant une sévère correction du chauffeur
de car) qui s’assagira et exprimera ses sentiments d’une autre façon, sa
gaucherie d’agaçante devenant très touchante.
Il s’agit du premier rôle de Marylin Monroe après son
passage à l’Actor’s Studio et les préceptes de la méthode s’expriment ici
subtilement. Elle laisser deviner un accent sudiste dans son phrasé pour
signifier les origines prolétaires de son personnage, adopte un maquillage plus
sobre (et du coup moins clinquant hollywoodien) pour souligner cette facette et
se montre volontairement fausse lors de son numéro musical (alors que Les Hommes préfèrent les blondes (1955)
ou plus tard Certains l’aiment chaud
(1959) démontre bien son brio scénique) afin de montrer le talent très relatif
de Chérie – et la seule nature de chair offerte au public masculin de sa
prestation.
Sorti de ses techniques de jeu, elle trouve un de ses plus beaux rôles par la fragilité magnifique qu’elle dégage. La dernière partie où elle ressent l’amour et non le seul désir qu’éprouve Bo passe par d’infinies nuances de regards et d’attitudes dont elle est seule capable. Leur premier baiser où elle freine ses habitudes emportées et lui apprend comment l’aimer est un superbe moment. Il faut donc passer outre sa comédie un peu lourde (les scènes de rodéo pénibles) pour se poser à ce paisible Arrêt d’autobus jamais meilleur que dans la sobriété.
Sorti en bluray et dvd zone 2 français chez Fox
Sorti de ses techniques de jeu, elle trouve un de ses plus beaux rôles par la fragilité magnifique qu’elle dégage. La dernière partie où elle ressent l’amour et non le seul désir qu’éprouve Bo passe par d’infinies nuances de regards et d’attitudes dont elle est seule capable. Leur premier baiser où elle freine ses habitudes emportées et lui apprend comment l’aimer est un superbe moment. Il faut donc passer outre sa comédie un peu lourde (les scènes de rodéo pénibles) pour se poser à ce paisible Arrêt d’autobus jamais meilleur que dans la sobriété.
Sorti en bluray et dvd zone 2 français chez Fox
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