Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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vendredi 1 mai 2020

Columbus - Kogonada (2017)

Alors que son père est dans le coma, Jin se retrouve coincé dans une curieuse ville du Midwest renommée pour ses immeubles disparates et modernes. Bien qu’il ne s’intéresse pas particulièrement à l’architecture, Jin se prend d’amitié pour Casey, une jeune femme pleine de vie travaillant à la bibliothèque municipale et férue d’architecture, qui lui montre les merveilles de la ville. Avec une intimité curieuse, Jin et Casey explorent tour à tour la ville et leurs émotions conflictuelles...

Columbus est un beau premier film qui travaille l'idée de l'écho entre notre environnement et nos sentiments (et inversement) à travers l'architecture. L'histoire se déroule dans la ville américaine de Columbus, réputée justement pour sa tradition d'architecture singulière entre vestiges passés et modernité. C'est à que vont se rencontrer la jeune Casey (Haley Lu Richardson) et Jin (Cho). Elle vit à Columbus quand lui y est de passage pour rester au chevet de son père hospitalisé et dans le coma. Leur rapport à l'architecture servira de révélateur à leur maux intime. Jin s'y désintéresse, cela reflétant les rapports conflictuels avec son père éminence universitaire en la matière. A l'inverse cette passion pour l'architecture est née chez Casey d'un moment de sa vie difficile vis à vis de sa mère avec laquelle elle entretient une relation fusionnelle. Ces informations se révèleront par le dialogue quand les deux protagonistes se connaîtront mieux mais Kogonada le laisse deviner bien avant par sa mise en scène, par le rapport à l'espace des personnages.

Les plans fixes sur le corridor de la maison de Casey montre le lien étroit, étouffant avec sa mère, celle-ci n'ayant de cesse d'échapper à cet espace commun ou de s'y introduire seulement quand sa fille en est absente. Jin loge dans la chambre d'hôtel vacante de son père et semble étouffé par la personnalité de l'absent qui baigne les lieux, et Kogonada le fait plusieurs fois légèrement sortir du cadre pour laisser s'exprimer sa personnalité (comme lorsqu'il passera un coup de fil professionnel et que l'on ne verra que ses jambes). Ce rapport à l'espace (et donc aux parents) évoluent lorsque Casey et Jin se lient d'amitié et qu'elle lui fait découvrir ses bâtiments préférés de la ville. Dès la première scène de ce type, c'est le lien émotionnel à la bâtisse qui s'impose.

Casey débute un speech érudit façon guide touristique mais Jin l'interrompt, lui demandant de lui dire ce qui la touche personnellement dans ce lieu. La scène prend alors un tour plus abstrait, une musique planante et un plan fixe sur Casey exprimant son intérêt suffisant grâce à ses expressions pour faire comprendre ce qui l'émeut, ou en tout cas le fait qu'elle soit émue par ce qu'elle voit. Chaque nouvel immeuble, cathédrale ou autre école sera donc l'occasion de confessions de plus en plus intimes, parfois de confits mais au final d'ouverture et de prise de conscience de chacun au niveau de sa vie.

Kogonada façonne des cadres minutieux jouant un constant va et vient entre gigantisme et intimiste, entre Histoire des lieux et histoire des personnages. On baigne dans une douceur contemplative et introspective où le travail sur les silences est essentiel. La ville de Columbus est magnifiquement mise en valeur, alternant l'imagerie traditionnelle à la Norman Rockwell et une imposante modernité où s'invite aussi une poésie plus naturaliste. La structure même de certains bâtiment sert la dramaturgie du récit (cette baie vitrée où Casey espionne sa mère et la voit éviter ses appels) où nourrit l'évolution et la réflexion des personnages comme la tirade de Jin sur la structure d'un hôpital psychiatrique. L'interprétation est au diapason avec John Cho tout en douleur contenue, et surtout une lumineuse Haley Lu Johnson qui fissure subtilement son allure première de jolie girl next door. Un très beau film qui rend vraiment curieux de a suite de la carrière de Kogonoda.

Sorti en bluray et dvd anglais chez Netsowrk et doté de sous-titres anglais 

4 commentaires:

  1. Bonjour ! Ou peut on trouver ce film en français s'il vous plaît ? Il existe seulement en anglais ? 🙂 Merci

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    1. Bonjour, et non pour l'instant le film n'est pas disponible en français, seulement dans l'édition anglaise que j'ai évoqué. Mais "After yang" le nouveau film du réalisateur va bénéficier d'une sortie salle le 6 juillet et a plutôt l'air de bénéficier de bonnes critiques. Donc peut-être que ça incitera les éditeurs ou les plateformes française à rendre le film accessible ici eséprons !

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    2. Re !
      Oui j'en ai bcp entendu parlé ! Dommage que ce genre de film ne soit pas plus exploité en France ... Espérons oui 😉 merci en tout cas pour la réponse

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    3. Bonne nouvelle (peut-être si vous êtes su Paris) le film passe ce soir (le 9 juillet) au cinéma le Grand Action à 20h50

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